Au pied de La Défense, le terrain stratégique de l’EPAD est un terrain vague

Le 29 octobre 2009

Je vous propose une petite visite guidée, dans un endroit tout à fait inattendu de la banlieue parisienne. L’entrée n’est pas facile à trouver: il faut passer par un grillage découpé, sous l’immense viaduc en béton du RER A. Voici l’entrée (en cliquant sur l’image vous pouvez la voir en grand): Ensuite, il faut emprunter ce [...]

Je vous propose une petite visite guidée, dans un endroit tout à fait inattendu de la banlieue parisienne. L’entrée n’est pas facile à trouver: il faut passer par un grillage découpé, sous l’immense viaduc en béton du RER A. Voici l’entrée (en cliquant sur l’image vous pouvez la voir en grand):

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Ensuite, il faut emprunter ce qui ressemble à une ancienne sortie de voie rapide désaffectée et gagnée par les herbes folles:
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Puis il faut prendre des chemins mal tracés, à travers la végétation sauvage et désordonnée. Comme ici :

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Faisons une petite halte. Nous venons donc d’entrer par une porte dérobée sur une parcelle des 230 hectares que convoite l’Epad, l’Etablissement public d’aménagement de la Défense. 230 hectares de terrains vagues, au pied du plus grand quartier d’affaire d’Europe.qui s’étend lui sur 160 hectares. 230 hectares de boue, de poussière, de cailloux et de végétation anarchique qui semblent narguer les tours de la Défense, les centres commerciaux aux enseignes prestigieuses, les hôtels quatre étoiles et les centre de conférence, les sièges sociaux ultramodernes des plus grandes entreprises de France et d’ailleurs, les sociétés d’assurance et les salles de marché. Sur la photo ci-dessus, au-delà des feuilles et des branches, on voit la Grande Arche, et sur la droite, la préfecture des Hauts-de-Seine.
Un terrain vague où la nature a pris ses aises, entre deux voies ferrées, au croisement bétonné de l’A14 et de l’A86.
Il faut noter de surcroit que ces 230 hectares se situent sur le territoire de la ville de Nanterre, ville communiste… Comme une vieille dame rouge et indigne qui s’amuse encore et toujours à faire un bras d’honneur aux tours géantes de la Société Générale. A croire que l’insolence pousse ici comme les mauvaises herbes : il suffit de tourner les talons, pour apercevoir les logements de la Garde Républicaine qui veillent au garde-à-vous sur le grand terrain désordonné et rebelle:

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Reprenons notre promenade. Si l’on avance un peu plus à travers ce champs abandonné, on peut certain jour y croiser Roberto. Roberto vit là, sous les fenêtres de la Garde Républicaine. Il n’a pas de chance Roberto. Pensez : il a vécu 40 ans en Hongrie , a fuit le communisme, et finalement il se retrouve là, en pleine banlieue rouge !… C’est vraiment pas de bol:

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On peut aussi y croiser Roger Des Prés, qui connait les lieux comme personne, chaque fleur, chaque ronce, et qui organise à l’occasion quelques visites guidées du terrain avant un thé à la menthe sous les arbres.

Il faudrait des heures pour parler de Roger des Prés et de sa Ferme du Bonheur. La Ferme du bonheur, c’est un lieu très singulier, qui squatte déjà plus ou moins légalement selon les époques, un hectare et demi de cette friche qui nargue l’Epad, à deux pas de l’école du cirque On y élève chevaux et volailles. Chats, chiens et parfois hommes perdus peuvent y trouver refuge. On y fait pousser des légumes, de la poésie, de la musique, et du théâtre. On y boit du thé ou du café. L’été on peut s’y prélasser après une séance de hammam traditionnel. On y pratique, en résumé, un art rare, l’ « agro-poésie », selon l’expression de Roger des Prés.
Il semble que dans le futur aménagement du terrain vague, Roger Des Prés ait obtenu l’assurance de pouvoir étendre sa ferme du bonheur sur 30 hectares ! Le projet s’appelle le PRE -  Parc Rural Expérimental – et comprend un terrain de production agricole traditionelle, un théâtre, des écuries, des ateliers traditionnels eux aussi, des bains publics…
La Ferme du bonheur a en tout cas déjà commencé à défricher le terrain et à planter ses premiers arbres, ses premières courgettes, son premier mais. En échange d ‘un peu de mobilier venu de la ferme du bonheur, Roberto, le Hongrois qui fuit le communisme, surveille ce jardin inattendu…

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Voilà pour cette petite visite. 320 hectares de terre en friche, à deux stations de RER des Champs-Elysées, à quelques encablures du plus grand centre d’affaire européen et de la Grande Arche, au croisement de l’A14 et de l’A86, sous les fenêtre de la préfecture et de l’hôtel du département, cela, on l’imagine, ne peut que stimuler l’imagination féconde des promoteurs immobiliers qui manquent cruellement de place aux porte de Paris pour exprimer pleinement leur créativité. Que fera l’Epad de ce terrain vague ? D’après vous ?

» Article initialement publié sur blogoz.fr

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