“Le web est mort”, c’est Chris Anderson qui le dit

Le 18 août 2010

Alors que Chris Anderson annonce la mort du web, on peut atténuer son propos en constatant que le web avance seulement moins vite que d'autres services Internet.

Je posais la question il y a deux semaines : Chris Anderson, le patron de Wired et auteur visionnaire de “The Long Tail”, s’apprêtait à publier un édito consacrant “La Mort du Web”.

Finalement, Wired a bien publié son “avis de décès”. Dans un article à quatre mains appuyé par un graphique qui semble tout dire. Il montre la part déclinante du web dans l’ensemble des activités Internet :

Un graphique impressionnant, aussitôt relativisé par “Boing Boing”. Après avoir replacé les chiffres dans le bon sens, c’est à dire en tenant de compte de l’évolution du trafic, le célèbre blog nous propose le graphique suivant :

Ce qui veut dire la même chose, à une différence près : le web n’est pas déclinant. Il augmente moins vite que le reste. Et encore, ajoute Boing Boing, le reste (vidéo streaming, file sharing…) est “souvent inclus dans le web également”.

Et Techcrunch de préciser que les vidéos de Youtube n’ont pas été incluses dans la partie web, mais mêlées aux vidéos avec les communications Skype. Ce qui prête effectivement à confusion, même si l’on peut imaginer que les vidéos YouTube seront de plus en plus visionnées sur mobile.

Au delà de la polémique des chiffres, si Chris Anderson veut sonner la mort du web, c’est pour mieux parler d’Internet: “Web is dead, long life to the Internet”, c’est le titre de sa tribune.  Si le Web est mort, l’Internet est bien vivant.

C’est une mort symbolique qu’il prône, dans une vision tribale. Comparant le web à une adolescence utopiste, il veut voir émerger un monde mature où la clef est la communication entre les interfaces (vive le XML) et/ou les machines, où l’écran vient à l’utilisateur (vive le mobile..) et où la technologie s’efface devant le contenu et la qualité du service (vive Apple!).

Un monde où l’on passe de l’univers ouvert mais fragile économiquement à un univers fermé où les modèles économiques sont plus solides : celui des applications mobiles notamment.

“A chaque fois que vous utilisez une application au lieu d’aller sur le web, vous votez avec votre doigt”, sentence-t-il.
Un changement qu’il illustre avec le tableau suivant :

Et l’auteur de “Free” de prôner le “freemium”, ce en quoi il n’a pas tort. Et la souscription face à la syndication RSS. Dans la foulée, il “tue” la publicité déclinante, noyée par le User Generated Content. Sur ce point, il avance un peu vite. La publicité souffre parce qu’elle est mal déployée sur le Net. Elle devrait relever de la relation du consommateur à la marque, et pas du simple affichage. Et s’il l’UGC chaotique “noie” la qualité, il suffit de trier pour lui redonner de la valeur. Bref. Il y a encore du boulot pour les créatifs.

Cependant, l’évolution va effectivement dans le sens d’un Internet connecté, et repackagé en permanence, plus que vers l’open web que nous connaissons. C’est un peu Apple contre Google, même si Google avance à vitesse grand V sur le mobile (et aussi sur l’Internet fermé…)… Mais attention aux décisions hâtives, car le Net évolue vite.

Il faut s’équiper pour s’adapter, pas pour changer de support !

Je ne prônais pas autre chose il y a 15 jours, anticipant l’argumentaire d’Anderson : “Le web est mort, peu importe”:

“La question n’est finalement pas de savoir s’il faut investir dans une application ou dans un site web. Mais d’être capable d’organiser un média en un flux organisé qui accompagne l’utilisateur partout où il se trouve. Et sans rupture.

“C’est le principal enjeu de ces prochaines années. L’avenir est aux médias capables de structurer leurs données, mais aussi l’interactivité entre les utilisateurs et leurs données. Aux médias capable de faire vivre leurs données sur les différents espaces de navigation (mobile, application mobile, les navigateurs des tablettes, des ordinateurs, mais aussi sur Facebook…). C’est à dire faire interagir données et utilisateurs sur un réseau qui sera de plus en plus indépendants de ses supports.”

Crédit photos CC FlickR: mikeleeorg
Article précédemment publié sur le blog benoitraphael.com

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