Expliquer l’info: un métier d’avenir?

Le 3 décembre 2010

Les nouveaux termes apparaissent presque plus vite que les usages. Alors que les "curators" commencent à se faire connaître voici les "explainers". Littéralement ceux qui expliquent l'information, la contextualise, la rende lisible.

“Explainer”, un nouveau mot pour un métier d’avenir du journalisme. L’école de journaliste de New York University (NYU) et le site d’investigations Pro-Publica ont signé un partenariat en ce sens. Le projet, explainer.net, a pour objectif de traiter l’information par le contexte plutôt que par le flux.

À côté du nouveau métier de “curator” qui consiste à trier, vérifier et mettre en scène l’info disponible online (qui a fait l’objet de nombreux posts sur ce blog), celui d’”explainer” revient à expliquer l’information et la rendre la plus intelligible pour le plus grand nombre. L’idée, me direz vous, est vieille comme le journalisme, mais :

1/ qui se concentre vraiment sur cette mission aujourd’hui dans les médias ?
2/ l’environnement dans lequel évolue l’info aujourd’hui rend ce métier de plus en plus indispensable aux utilisateurs.

Consommer l’info aujourd’hui”, explique Jay Rosen (NUY), “c’est un peu comme recevoir des mises à jour de logiciels que vous n’avez pas installés sur votre ordinateur”. Internet privilégie beaucoup le flux, le live, à la Twitter, la mise à jour en continu, mais peine encore à délivrer du contexte, les éléments de base qui permettent de comprendre une information. Surtout quand cette dernière est complexe. “On a toujours l’impression d’entrer dans une info au milieu ou à la fin”, rapporte le producteur Alex Blumberg. Tout le monde rencontre ce problème. Il y a donc une demande. Mais très peu d’offre.

Expérimenter de nouvelles méthodes

Cela passe par la façon de structurer l’info sur son média (en n’hésitant pas à faire des liens vers la concurrence), mais c’est aussi l’exploitation d’outils éditoriaux ou technologiques (explainer.net en comptabilise 8), ainsi que de techniques pédagogiques poussées. Parce que l’information qui compte est bien souvent complexe. Y pénétrer demande du temps, ou des capacités d’analyse et de recherche que tout le monde n’a pas. Un vrai challenge. Et le partenariat avec ProPublica, dont les enquêtes sont souvent très complexes, mais extrêmement utiles, n’est pas innocent. Pro-Publica a d’ailleurs déjà mené quelques expérimentations dans ce domaine, en utilisant la bande-dessinée et même la musique !

Jay Rosen cite également le travail de la radio publique (NPR), utilisant des podcasts pour expliquer la crise.

Les étudiants vont explorer toutes les facettes des techniques pédagogiques, de la série “pour les nuls” à la méthode d’apprentissage de langues “Rosetta Stone”, en passant par l’infographie (comme celle-ci).

Je travaille actuellement pour un média sur un modèle d’infographie “en une image” (quelques exemples ici de ce format très en vogue sur le Net) qui permette d’expliquer une problématique géostratégique complexe et pas très rigolote avec un minimum de mots, d’images et de temps de lecture, dans un format viral. Car la clef n’est pas seulement de mieux expliquer, c’est aussi d’affronter le problème du temps consacré  l’info online, très court. Il faut travailler sur des modèles ludiques, courts (ou par étapes, avec des mécaniques de teasing dans le jeu vidéo).

Un véritable art.

Crédits photos cc FlickR : Oberazzi, x-ray delta one

Article initialement publié sur La Social Newsroom.

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