OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Métropolis, la ville ordinaire de Superman http://owni.fr/2011/03/06/metropolis-la-ville-ordinaire-de-superman/ http://owni.fr/2011/03/06/metropolis-la-ville-ordinaire-de-superman/#comments Sun, 06 Mar 2011 15:00:37 +0000 geoffrey bonnefoy http://owni.fr/?p=49873 [Liens en anglais sauf mention contraire] La ville de Métropolis n’existe pas que dans les comics de Superman. Au fin fond des États-Unis, dans l’Illinois, une cité se targue d’être LA ville de l’homme d’acier. Pour la beauté du nom… et le tourisme. Slip rouge sur collant bleu quasi-obligatoire.

Hormis son nom, Metropolis [fr] est une ville américaine tout ce qu’il y a de plus banale. 7.000 âmes, un casino, une poste, une mairie, aucun gratte-ciel, un taux de criminalité proche de zéro et des drapeaux américains à foison. Oui, mais voilà. Avec un nom comme ça, Metropolis était destinée à mieux.

Tout commence en 1972

La statue de Noel Niell, première actrice à incarner Loïs Lane.

D’où l’idée de quelques fans de se rapprocher de DC Comics , l’éditeur de Superman, pour faire connaître la ville et la labelliser « ville officielle ». C’est chose faite en 1972, bingo. L’engrenage commence : le journal du coin est rebaptisé Metropolis Planet la même année, un festival est créé en 1979, la Superman Celebration, qui attire tous les ans quelques 5.000 fans, puis vient la statue devant le palais de justice. De deux mètres en 1986, elle passe à 4.5 deux ans plus tard. Et enfin, le musée débarque en 1993. Les célébrités se pressent au portillon, Obama en 2006, alors sénateur de l’Illinois ; les acteurs liés de près ou de loin aux films ou à la série y viennent en pèlerinage : John Schneider et Laura Vandervoort (respectivement le père de Superman et Supergirl dans Smallville), Noel Niell (aka Loïs Lane dans la série américaine de Superman des années 50). De quoi donner un bon coup de fouet à l’attractivité de la ville.

« Superman est connu dans le monde entier. Il est unique, puissant, résume Angie Shelton, responsable de l‘office de tourisme local. Il véhicule des valeurs positives de justice et de paix ; ça draine des fans de l’autre côté du fleuve à l’autre bout de la planète ! » La ville entre même dans le Guiness des records en 2008, catégorie « le plus de gens habillés en Superman ».

L’homme qui valait 7 millions

Jim Hambrick, propriétaire et créateur du musée de Superman à Métropolis, avec sa fille Kerry.

L’atout majeur de la ville, c’est bien sûr le musée de Jim Hambrick, créé en 1993. « Où aurais-je pu mieux l’installer ? », résume ce fan de la première heure. Son musée, c’est avant tout une petite partie de sa collection privée qu’il expose, la bagatelle de 7 000 pièces, sur les 45 000 qu’il a et qui sont entreposées dans un second musée. Estimation de la collection : environ 7 millions de dollars. « C’est tout ce que j’ai pu accumuler depuis mes 5 ans. Des achats personnels en supermarchés, des cadeaux, des ventes aux enchères, etc. » Autographe et costume de George Reeves [fr et en] trônent au milieu de figurines en tout genre et babioles plus ou moins utiles.
En 2010, 70.000 fans ont poussé les portes de son musée. À 56 ans, il ne veut même pas entendre parler de la retraite. « Je vis de ma passion. Je n’ai même pas l’impression de travailler. Je fais ça avec deux de mes filles, elles aussi fans. C’est un rêve devenu réalité. »

Au Planet, on entretien le mythe, forcément. Michelle Longworth, une des reporters, n’a pas eu de mal à choisir son pseudo sur Twitter : elle sera @loislane72. « Petite, je regardais les cartoons, puis les séries avec Christopher Reeve [fr et en], c’était mon superman. » Sous son bureau, trois poupées à l’effigie de l’homme d’acier, encore emballées. Le journal a même imprimé des cartes de visite collector au nom de Clark, Loïs, Perry et Jimmy. « Metropolis est une ville comme les autres, avec ce superman factor au quotidien. » Le canard ne déroge pas à la règle : sa vie locale, ses conseils municipaux, ses rares faits-divers à couvrir. Et des coups de fil de plaisantins : « Ouais, salut, j’peux parler à Clark ou Loïs ? » Poilant.

Deux supermans, un fictif et un de chair

Hommage à John Steel, qui resta accroché au clocher de l'église de Sainte-Mère-Eglise au moment du débarquement.

Comme si un homme d’acier ne suffisait pas, la ville se vante d’en avoir un deuxième. Ben voyons, deux Supermans ? Le second, John Steel est un homme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Sa renommée, elle lui vient de son intervention en France. Militaire dans l’armée de l’air américaine, parachuté au dessus du sol français en juin 1944, il a vécu la bataille… suspendu par son parachute au clocher [fr] de l’église de Sainte-Mère-Église. Fait prisonnier par les Allemands, il s’évada quelques jours plus tard. À son retour, il n’en fallait pas plus à Metropolis pour en faire un héros aux côtés de son super-héros.

Et ailleurs, comment vit la ville ? Entre la statue de Noel Niell installée en 2010, les peintures murales et le caillou peint en vert nommé Kryptonite, il y a le club de fitness, de Lars. Pas fan de Superman pour un sou, il s’est installé en ville avec sa famille pour des raisons professionnelles. « Avec le temps, vous apprenez à apprécier Superman. » Contagion, au point d’installer une statue de Superman en vitrine, à côté de celle de Thor, du nom de son club, comme un hommage à la ville. Mais pour le festival, pas question d’enfiler des collants. Thor reste son idole et il s’habillera comme lui.

Jeunesse blasée

Erica, 19 ans, travaille chez Hardee’s, le fast-food installé en centre-ville. Superman, elle n’en est pas fan. Ni lui, ni aucun autre super-héros. Le Superman factor, elle n’y est pas sensible. Elle rêve d’autres choses. « Metropolis, c’est ennuyeux. Peu de jeunes, peu de bars, peu de divertissements, d’autant plus depuis la fermeture de l’unique cinéma il y a quelques années. Metropolis, c’est bien pour élever une famille. » Malgré tout ce que fait la ville, le Superman factor pêche sur une chose : attirer et retenir les jeunes. Erica est comme beaucoup de ses amis. Elle aimerait la quitter. Peut-être rejoindre son père, qui habite l’État voisin du Mississippi. Sans cape, ni collant.

> L’album Flickr du reportage : Welcome to Metropolis !
By Geoffrey Bonnefoy aka @clarkent2007

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Cyberpatrouille en quête de faits div’ chauds bouillants http://owni.fr/2010/11/21/cyberpatrouille-en-quete-de-faits-div-chauds-bouillant/ http://owni.fr/2010/11/21/cyberpatrouille-en-quete-de-faits-div-chauds-bouillant/#comments Sun, 21 Nov 2010 13:11:43 +0000 geoffrey bonnefoy http://owni.fr/?p=35972 Leur bureau sort de l’ordinaire. Une voiture quatre places toute équipée : ordinateur portable, connexion internet en 3G, GPS et huit scanners branchés sur les fréquences des pompiers, ambulanciers et policiers de Montréal, au Canada. Hugo Meunier et Patrick Sanfaçon sont deux journalistes du quotidien montréalais francophone La Presse, et de son site internet cyberpresse.ca. Ils couvrent les faits divers de la ville en temps réel, à l’écoute des fréquences radios des services d’urgence. Incendies, meurtres, accidents de la route, ils offrent une couverture quasi-instantanée aux lecteurs du site. Un pied IRL, l’autre URL.

Cyberpresse.ca, ce nom vous dit peut-être quelque chose. Le site canadien était, en octobre, un des trois finalistes avec OWNI.fr pour le prix General Excellence in Online Journalism, Non-English, Small Site, délivré par l’Online News Association, prix remporté par OWNI.

« Les faits divers sur le web, ça marche »

Grâce à une clé 3G, il est possible d'accéder partout à Internet.

Depuis son arrivée au quotidien La Presse en 2005, Hugo Meunier, 32 ans, travaillait essentiellement sur les faits divers. « Je me suis vite rendu compte que l’information publiée dans le journal du lendemain était souvent périmée, déjà reprise en boucle par les chaînes d’information en continu. Alors, j’ai lancé l’idée de créer des patrouilleurs, qui couvriraient les faits divers en temps quasi-réel sur le web. »

À l’automne 2008, il fait sa première patrouille avec Patrick Sanfaçon, 38 ans, dans une voiture qu’ils ont eux-même équipée. À l’intérieur, l’atmosphère est surréaliste. Les deux journalistes baignent dans un enchevêtrement de fils, une armée de boutons et d’écrans et surtout un flux sonore ininterrompu. « Écouter les conversations des policiers et des pompiers, c’est possible au Canada car la diffusion se fait majoritairement sur le réseau public ; peu de villes utilisent un réseau crypté, précise Patrick. De ce fait, n’importe qui avec un minimum de connaissances techniques, peut écouter ces radios. Il y a des nerds qui nous envoient des infos par mail à 3 heures du matin car ils ont entendu parler d’un incendie à l’ouest de la ville », explique-t-il. « On n’arrête jamais les radios, renchérit Hugo. Avec l’habitude, on ne fait plus attention à tous les bruits parasites. Mon cerveau est programmé pour tiquer sur certains mots-clefs. La force des faits divers, c’est d’être à l’affût. »

Arriver les premiers, parfois avant l’ambulance

Un code « 27D1 » crachouillé d’un haut-parleur – utilisé par la police municipale pour décrire un fait impliquant une arme à feu –  et la patrouille se met en branle. Pour rien, pour un vrai fait-divers, « mais on va toujours vérifier quand on a entendu une info ». Aller vite, arriver les premiers sur place, c’est leur leitmotiv. Parfois même, avant l’ambulance.

Tout va ensuite très vite. Entre services d’urgence qui arrivent, témoins et même victimes parfois encore sur place, il faut interroger avec tact et diplomatie. « Je me revois plusieurs fois interroger les personnes sur place, écrire ma breaking news sur mon smartphone, assise sur le trottoir et l’envoyer à La Presse avec les photos », explique Daphné Cameron, qui remplace ponctuellement Hugo ou Patrick quand ils sont en formation ou en congés. « Le tout, en continuant de jeter des coups d’oeil un peu partout pour voir comment les choses évoluent ». Au siège, la nouvelle est relue par les secrétaires de rédaction, mise en page puis en ligne.

Évidemment, les faits-divers sur le web, ça marche. En cas de grosse affaire, comme tout récemment, l’assassinat de Nicolo Rizzuto, « la barre des connexions s’envole », s’enthousiasme Hugo. « Le web est adapté au traitement des faits-divers : on met les 5W – l’essentiel de l’info, Who, What, Where, When Why – pas plus, avec des témoignages recueillis sur place et on met à jour régulièrement. Dans le journal du lendemain, on va plus loin dans le traitement du fait-divers. Plus d’analyse, des dossiers ou des chroniques. »

Prudence avec les réseaux sociaux

Avec 400 followers sur Twitter et 470 fans sur Facebook, la présence des patrouilleurs sur les réseaux sociaux est symbolique, et leur utilisation prudente. « Cela nous sert avant-tout à diffuser notre travail, explique Hugo. Rien n’est mis sur les réseaux sociaux avant d’être publié sur notre site. Si j’entends une info sur la fréquence des flics, je ne vais pas la mettre sur Twitter et alerter les concurrents ». Et se faire griller un scoop.

Diffusion, mais aussi recherche. Facebook est un excellent moyen pour compléter ses informations. « Toute les personnes rencontrées où concernées par un fait-divers, je vérifie sur les réseaux sociaux si elles y sont. Suivant les paramétrages de confidentialité, je peux connaître ses relations, le nom de son ancien collège ou lycée, ses employeurs, etc. Si j’ai besoin de précisions sur une adresse, je vérifie sur le site des pages jaunes », précise Daphné.

Les patrouilleurs circulent toute la semaine, été comme hiver. Cette dernière qui approche, avec son lot de températures négatives et ses centimètres de neige est signe, pour les deux journalistes, de complication des conditions de travail. Mais qu’importe. Ils aiment leur métier. « Je suis accro à la breaking news. Être le premier sur place, c’est très stimulant », conclut Patrick Sanfaçon.

Images CC Flickr Geoffrey Bonnefoy

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