OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Assez d’articles, on veut des contenus ! http://owni.fr/2009/11/17/assez-d%e2%80%99articles-on-veut-des-contenus/ http://owni.fr/2009/11/17/assez-d%e2%80%99articles-on-veut-des-contenus/#comments Tue, 17 Nov 2009 18:31:57 +0000 Caroline Goulard http://owni.fr/?p=5544 GRENOUILLE 5

Pour ce quatrième post, il me semble plus que temps d’esquisser une définition de mon sujet d’étude : en une phrase, le database journalism, ou journalisme de données, consiste à exploiter des bases de données pour en extraire de l’information compréhensible par tous.

Actuellement, les médias traditionnels traitent l’actualité par le récit (stories), ils racontent des histoires. A l’opposé, le database journalism initie un traitement de l’actualité par les données (data). Autrement dit : un dessin vaut mieux qu’un long discours.

Pour ceux qui ne verraient pas d’emblée l’attrait des données par rapport aux récits, je vous renvoie au vibrant plaidoyer de Nicolas Vanbremeersch (aka Versac) sur slate.fr (Pour un journalisme de données). Il y revient sur l’impressionnante ascension de Contador à Verbier, lors du dernier Tour de France, et regrette qu’aucun journal n’ait donné de réponses chiffrées à des questions comme : où se situe Contador par rapport à la vitesse de montée moyenne des coureurs ? que représente sa montée en terme de puissance ? à quoi la comparer ?…

L’homme fait une montée record, et, le lendemain, dans la presse, rien d’autre que du commentaire. On ne donne même pas son temps d’ascension, ou uniquement sur de très rares — et étrangers — sites web. Seule prime l’information de base (il a gagné), et vient ensuite immédiatement le temps du commentaire.

[…] Nulle part, sur le web ou dans le papier, le quidam ne peut retrouver un tableau simple, disposant les données objectives de la montée de Verbier. Nulle part, sur un des plus grands événements internationaux, générant un volume de commentaires et hypothèses absolument énorme […], on ne peut jouer avec des données simples: durée de la montée, poids du coureur, puissance développée, VO2Max…

Le débat, sur ces bases, est faussé. »

Ainsi, des données bien mises en valeur et intelligemment agrégées peuvent être un meilleur moyen de traiter une actualité qu’un article rédigé. Un vrai « renversement de perspective » pour reprendre les termes de Nicolas Kayser-Bril (blogueur sur Window on the media). L’unité de base de l’activité journalistique, traditionnellement, c’est l’article (story); avec le journalisme de donnée, ça devient la base de données. Le commentaire et la narration sont secondaires, les données chiffrées priment. Là où les journalistes traditionnels pensaient en terme de récit, de signature, de titraille, de chapeau et d’accroche, il s’agit de rendre visible les mêmes phénomènes mais à travers le langage des nombres, des bases de données, de l’infographie, de la cartographie et autres visualisations.

« Newspapers need to stop the story-centric worldview », enjoignait déjà en 2006 le journaliste américain Adrian Holovaty, précurseur sur ce thème, dans un article-plaidoyer pour le journalisme de données A fundamental way newspaper need to change.

Journalisme traditionnel et journalisme de données reposent sur deux modèles opposés. Le blogueur Adina Levin le démontre bien dans son post Database journalism – a different definition of “news” and “reader”. Au fondement du journalisme traditionnel on trouve le vieil adage selon lequel les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne (le modèle man bites dog, en anglais). Seuls les faits inattendus, les événements soudains, méritent d’apparaître dans les journaux. Il est rare qu’on y rende compte des petites évolutions, des dynamiques de long terme.

Cette suprématie de l’actualité chaude rend nos sociétés vulnérables au frogboiling avertit Adina Levin. Le concept est tiré d’une légende urbaine selon laquelle la grenouille dont l’eau du bocal se réchauffe graduellement s’habitue au changement de température. Elle ne saute pas hors du bocal, même quand l’eau se met à bouillir. D’où, mort de la grenouille. De la même façon, l’encombrement de telle ou telle route départementale ne sera pas perçu comme un problème, jusqu’à ce qu’un grave accident ne fasse les gros titres.

En opposition au journalisme traditionnel, le database journalism met justement en valeur les tendances de fond et leur donne un sens. Par une visualisation appropriée, des données compilées depuis des années peuvent raconter des histoires.

Sans vouloir dramatiser en accentuant le côté « nos vies sont en danger sans journalisme de données », je crois qu’il existe de réelles attentes pour un traitement de l’actualité par les chiffres. L’absence d’une telle démarche à destination du grand public suscite un manque d’autant plus grand que le nombre de données structurées disponible augmente constamment. Dans son article Demain, l’intelligence des données, Hubert Guillaud (InternetActu) démontre que la masse de données brutes accessible via Internet va être décuplée dans les prochaines années, grâce au développement des capteurs, puces RFID ou autres interfaces connectées.

Sans attendre jusque là, les administrations françaises mettent à disposition de nombreuses bases de données. Pour autant, quel journal nous a présenté une infographie intelligente pour faire sentir l’ordre de grandeur de la dette publique, ou le niveau d’étude moyen des dirigeants des établissements publics français ?

Assez d’articles, on veut des contenus !

» Article initialement publié sur databasejournalisme.wordpress.com

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Nicolas Kayser-Bril, data-journaliste http://owni.fr/2009/11/10/nicolas-kayser-bril-data-journaliste/ http://owni.fr/2009/11/10/nicolas-kayser-bril-data-journaliste/#comments Tue, 10 Nov 2009 12:42:44 +0000 Tatiana Kalouguine http://owni.fr/?p=5337 Nicolas Kayser-Bril est jeune et il cherche à vivre du journalisme. Comme des centaines d’autres. Mais celui-là a de l’or dans les doigts : des idées excellentes, un talent pour se faire ouvrir les portes et dénicher les données qui l’intéressent, des compétences en programmation et surtout l’art de mettre tout cela à profit pour créer des outils interactifs et malins. NKB nous parle de son métier : data-journaliste …

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le  genre journalistique a fait ses preuves aux Etats-Unis et aussi outre-Manche. Quelques exemples :

- Data & Taxes 2010, par WallStats.com (site de Jess Bachman, 28 ans). Répartition du buget fédéral américain, révélant les véritables « priorités » de l’administration US.

- EveryBlock, du journaliste Adrian Holovaty, qui vous permet de connaître les crimes et comportements antisociaux  qui ont eu lieu près de chez vous (on peut apprécier l’outil et réprouver les fins, of course)

- Crime Mapper, une moulinette de la britannique National Policing Improvement Agency (!!) , pâle copie de la précédente.

- Stock Ticker Orbital Comparizon, qui utilise la métaphore d’un système planétaire pour représenter les valeurs de l’indice S&P500.

(Bon, il y en a des centaines d’autres…)

Ce que ces outils très différents ont en commun c’est qu’ils nous permettent à vous et moi d’apprécier des bases de données plutôt mastoc grâce à une interface ludique, pratique ou simplement agréable à regarder. Avec en plus un côté interactif qui en fait tout l’intérêt par rapport à un simple graphique en deux dimensions.

En France pourtant (quelle surprise), ce type de documents interactifs a bien du mal à convaincre les sites des grands journaux et même les site d’infos « pure players » sur le web. Je n’en connais qu’un : la Carte de la crise sociale de Mediapart, en fait un simple « mashup » de GoogleMaps, renseigné par la rédaction et régulièrement mis à jour.

Et qui c’est d’après-vous qui se trouve derrière ce classement des députés cumulards sur Le Monde/Le Post  ? Un certain NicolasKB…

Si vous connaissez d’autres exemples de dataJ français, je suis preneuse!

Pour faire connaître son boulot, Nicolas a donc créé son propre blog, Windows on The Media. Il publie aussi sur le site d’Owni et a quelques projets en cours, notamment pour le Monde.fr.

Ce petit gars aurait-il 10 ans d’avance ? Manifestement les promoteurs ne se bousculent pas au portillon. Quelques contacts sont en vue, mais rien de très consistant pour le moment. Le data-journalisme ne nourrit pas encore son homme.

Pour le contacter sur Twitter : @nicolasKB


» Interview réalisée par Tatiana Kalouguine pour son blog La Voix du Dodo

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