OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Estonie: comment Internet est devenu un droit de l’homme http://owni.fr/2010/06/08/estonie-comment-internet-est-devenu-un-droit-de-lhomme/ http://owni.fr/2010/06/08/estonie-comment-internet-est-devenu-un-droit-de-lhomme/#comments Tue, 08 Jun 2010 14:04:47 +0000 Agnes Karpati (EFP) http://owni.fr/?p=17861 L’Estonie est un des pays les plus connectés d’Europe et a rendu une large partie de son administration et de son économie dépendante des nouvelles technologies de communication. En découlent deux conséquences majeures : Internet devient un droit (de l’Homme) et la sécurité du réseau devient primordiale.

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En Estonie, on voit souvent Internet comme un droit de l’Homme. Cela peut paraître un peu étrange si on compare ce “droit” avec ceux énoncés dans la Déclaration des droits de l’Homme comme le droit à la vie, à la liberté, à la vie privée, à l’éducation, qui sont les exigences minimales de la justice, de la tolérance et de la dignité humaine.

Ce que l’on appelle la première génération des droits de l’Homme garantissent la vie et la participation politique. La seconde génération assure la subsistance des êtres humains, alors que la troisième génération est celle des droits de l’Homme collectifs, comme le droit à la paix ou à un environnement propre.

Un Etat connecté

En Estonie, Internet a été consciemment érigé en droit de l’Homme, le gouvernement voyant clairement comment créer une e-administration efficiente et rendre ces services disponibles pour tous, même dans les zones rurales.

Il a aussi reconnu le besoin du secteur privé d’être connecté au reste du monde. Des lois ont été promulguées pour appuyer cette idée. Par exemple, la loi sur les Communications Electroniques dispose que le réseau de téléphone public connecté à Internet doit être un service universel, disponible pour tous les usagers qui le souhaitent.

Il y a eu plusieurs programmes lancés pour équiper les écoles, les bibliothèques, les institutions gouvernementales et municipales d’une connexion internet et offrir leur services en ligne. Désormais plus de 150 systèmes d’information publiques existe, fournissant 1000 services différents.

La loi sur l’information publique dispose que toute personne doit se voir offrir la possibilité d’accéder à l’information publique via Internet dans les bibliothèques publiques. Virtuellement, toutes les transactions bancaires sont opérées via des canaux électroniques et l’administration publique se passe du papier.

Internet est devenu dispensable dans la vie quotidienne, et en Estonie, il garantit et facilite également la participation politique, l’éducation, la liberté d’expression, entre autres.

La question de la cyber-sécurité

Au moment de l’émergence d’Internet, les inquiétudes concernant la sécurité ont été simplement ignorées, et peu de gens pensaient à la protection contre d’éventuels abus. La question de la sécurité est venue plus tard, et les “cyber-incidents” ont attiré l’attention sur un nouveau problème: il faut sécuriser l’espace informatique d’une société dépendante du bon fonctionnement des technologies d’information.

Les attaques de 2007 menées contre les infrastructures d’information Estoniennes [NdT: cette année-là, le pays a été la cible de vastes attaques, pour en savoir plus], notamment contre des installations qui ont été qualifié plus tard d’essentielles, ont mis en évidence de nouveau scénarios, où la société d’information dans son ensemble pouvait être visée. La stratégie nationale de sécurité informatique reconnaît que l’économie toute entière pourrait pâtir des sérieuses conséquences en cas d’important dysfonctionnements, et Internet est considéré comme une infrastructure esssentielle.

Cette stratégie comporte cinq piliers destinés à renforcés la sécurité informatique : le développement et la large implémentation d’un système de mesures de sécurité, l’accroisement des compétences en sécurité infomatique, l’amélioration de son cadre légal, ainsi que le soutien et la coopération internationale. L’implémentation de ces mesures est visible, même si le détail des mesures n’est pas disponible au public.

Le secteur financier a des exigences de sécurité informatique plus strictes depuis cette année. ISKE (Système de protection informatique de base à trois niveaux [NdT : voir ici] est implémenté dans le secteur public, de nouveaux programmes universitaires en sécurité informatique ont débuté, des conférences sont tenues par la nouvelle institution de l’OTAN, le centre d’excellence coopératif de cyber-défense [NdT : Cooperative Cyber Defense Centre of Excellence, institution de l'OTAN installée à Tallinn qui planche sur les cyber-conflits, voir ici]. La promotion soutenue de la société d’information est désormais suivie par une action coordonnées destinée à sécuriser ce “cyber-espace” sur lequel la société repose.

L’omniprésence des technologies d’information fait d’Internet un droit essentiel

Est-ce possible alors de dire qu’en Estonie, l’accès à un cyber-espace sécurisé est un droit de l’Homme ? Probablement que cette nouvelle perception de la sécurité informatique va dans ce sens.

Certains e-services peuvent être considérés comme des droits de l’Homme de première et de deuxième génération, étant donné que le droit à l’information est prévu par la Constitution ou que la liberté d’expression et d’association sont fixées par la convention Européenne des droits de l’Homme. Considérant le poids de la banque électronique en Estonie, on pourrait en conclure qu‘Internet sous-tend l’économie toute entière et donc beaucoup d’aspects de la subsistance humaine en Estonie. Beaucoup de droits de l’Homme peuvent être exercés dans et grâce à Internet et la population a été incitée à le faire. Cependant, si un état promeut l’émergence d’une société de l’information, alors le cyber-espace doit être sécurisé, sans quoi de grands dommages pourraient s’ensuivre pour les citoyens.

De fait, l’état doit faire de grands efforts pour minimiser les risques et maximiser les bénéfices découlant de sa politique.

Certains, dont les comptes en banque ont été vidés par les cybercriminels savent qu’il est possible d’obtenir une compensation de leur banque. Par analogie, il serait intéressant de voir comment l’état pourrait assumer une quelconque forme de responsabilité, découlant d’un niveau de sécurité insuffisant ou d’un incident. La conclusion qui peut être tirée est que ce concept de droit à Internet évolue plutôt en Estonie vers un droit à un Internet sûr.
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Billet originellement publié sur Estonian Free Press, sous le titre “Internet As Human Right: This is Estonia!” -

Vous pouvez également aller lire cet état de lieu de l’avancement technologique de l’Estonie sur le site de la BBC, avoir un aperçu de l’ampleur de l’utilisation du WiFi dans le pays.

Traduction : Martin U.

Crédit Photo Flickr : CFarivar.

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Pourquoi l’Estonie peut-elle intégrer l’Euro? http://owni.fr/2010/06/08/pourquoi-lestonie-peut-elle-integrer-leuro/ http://owni.fr/2010/06/08/pourquoi-lestonie-peut-elle-integrer-leuro/#comments Tue, 08 Jun 2010 14:04:05 +0000 Reckless Rose (Small Talk) http://owni.fr/?p=17824 En janvier 2011, l’Estonie deviendra le 17e membre de la zone Euro. La décision, prise par les ministres des finances des 16 pays de la zone, peut surprendre. C’est néanmoins, selon moi, une étape pragmatique qui aurait – si elle avait été retardée – envoyé un message négatif à nos voisins de l’Est Européen.

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Les points noirs du dossier estonien

Il y avait 2 raisons pour retarder l’entrée de l’Estonie.

- Une résistance générale à l’élargissement due à la crise grecque mais aussi à quelques pays de l’Est et du Sud de l’Europe qui s’accommodent toujours d’une bonne dose de corruption et de déséquilibres financiers.

- Un avis négatif de la Banque Centrale Européenne. Son principal problème est de soutenir la croissance à long-terme, et le combat contre l’inflation est considéré comme un pilier de cette stratégie. Pas sûr que l’Estonie puisse se plier à ces exigences.

Comment la BCE se rachète une légitimité

Mais on aurait tort de penser de cette manière, même si le signal de la Banque Centrale est le bienvenu. Ce signal est bienvenu, parce que la BCE a donné un avis économique et que l’une des critiques les plus virulentes à son égard ces derniers temps était son manque d’indépendance économique. Mais on aurait tort de suivre son avis parce qu’en ce moment précis, l’Estonie est le seul Etat qui respecte les critères fixés par l’Europe. Sa dette ne s’élevait qu’à 7,2% du PIB en 2009 et son déficit 2009 n’était que de 1,9%. Ces chiffres n’ont pas été obtenus sans efforts, étant donné que l’Estonie a été frappée par une bulle immobilière il y a quelques années, provoquant une chute du PIB de l’ordre de 14%. Des coupes sèches dans la force de travail, et des salaires flexibles, ont permis un rebond de l’économie. L’avis de la BCE parait bizarre compte-tenu des chiffres actuels. Selon The Economist, l’inflation était négative (-0,7%) en Estonie, bien en dessous de l’objectif de 1% de la BCE.

Tout ça ne donne pas vraiment d’indices sur le futur du pays, vu que l’inflation est repartie à 2,5% en Avril, mais souligne que ce pays ex-communiste a pris extrêmement soin de sa situation financière. Sa réussite future dépend en grande partie de ses voisins, en particulier la Suède, mais ça n’en fait pas un argument contre son entrée dans la zone Euro.

Il y a une autre raison pour laquelle nous devons nous réjouir de l’entrée de l’Estonie. Un refus – alors que tous les critères étaient remplis – aurait démoralisé bien plus que les Estoniens. Plusieurs pays attendent toujours leur entrée dans l’Euro ou dans l’Union, le plus puissant et le plus prestigieux d’entre eux restant la Turquie. Mais la Lettonie et la Lituanie attendent aussi.

La portée de cet argument dépend, en partie au moins, de votre point de vue sur le bien-fondé de l’élargissement. Ce n’est pas un mystère : le scepticisme et les peurs ont grandi au cours des 12 derniers mois. Ce n’est pas non plus une surprise, mais ça fait toujours plaisir de voir que le pouvoir politique est toujours capable de peser le pour et le contre au milieu d’une crise mondiale.

Et l’Estonie ne devrait-elle pas, elle aussi, récolter les fruits d’un marché ouvert ? Leur monnaie a été fixée à l’Euro, ce qui signifie qu’ils n’ont ni la liberté d’accès à nos marchés ni ne bénéficient des taux d’intérêts avantageux de la zone. Ces choses font qu’il n’est pas surprenant de voir un retour de l’inflation dans ces derniers mois.

Les magazines et les journaux n’ont eu de cesse de répéter que l’Euro est un projet ; un projet économique sans base politique. C’est en partie vrai. Mais si l’Estonie joue avec nos propres règles, ne devrions-nous pas jouer avec elle ?

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Billet initialement publié sur Small Talk, sous le titre Welcome Estonia.

Crédit Photo CC Flickr : Mario’s Planet.

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Rate.ee ||«Sodome et Gomorrhe virtuel» http://owni.fr/2010/06/08/rate-ee-%c2%absodome-et-gomorrhe-virtuel%c2%bb/ http://owni.fr/2010/06/08/rate-ee-%c2%absodome-et-gomorrhe-virtuel%c2%bb/#comments Tue, 08 Jun 2010 13:43:33 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=17845 Un an avant MySpace, deux ans avant Facebook, de jeunes Estoniens lançaient leur réseau social, Rate.ee. Le succès n’a pas tardé et le site compte aujourd’hui plus de 350 000 utilisateurs. Dans un pays d’un peu plus d’un million d’habitants.

En 2007, 71% des 11-18 ans utilisaient Rate.ee. C’est grosso modo la même proportion qu’aux Etats-Unis à la même époque, MySpace et Facebook confondus.

Rate.ee, plus moche que MySpace?

Pourtant, le concept est légèrement différent. Les jeunes ne viennent pas sur Rate uniquement pour socialiser, mais pour se faire noter (rate, en anglais). Le site publie moult classements, qui permettent de voir qui est l’Estonien ou l’Estonienne le ou la plus populaire. Un site de rencontre intégré à un réseau social, en quelque sorte.

Idée géniale, puisqu’elle incite ces jeunes Baltes à rester des heures devant leur ordinateur pour convaincre leurs amis de voter pour eux. La dérive n’est pas difficile à imaginer : les filles présentent des photos d’elles en mode prostipouffe. Pour être exact, une étude scientifique menée par Andra Siibak, spécialiste de Rate.ee, a montré que 40% d’entre elles adoptent une posture de séduction appuyée sur la « culture du striptease ». Pour les mecs en revanche, le site réserve des surprises. Les ‘machos’ ne font pas l’unanimité et les choix des Estoniennes contribuent à l’essor des métrosexuels, qui apparaissent sous une image de « Mr. Nice Guy ».

Les médias traditionnels dénoncent logiquement un site qui pervertit la jeunesse, les internautes y accourant « pour trouver des femmes de tous genres et non pas discuter ». Malgré cette qualification de Sodome et Gomorrhe virtuel, pour les chercheurs, les jeunes y explorent simplement leurs limites et y copient le monde physique.

Financièrement, le site vit de la pub et des services virtuels payés en monnaie virtuelle, le SOL, qui vaut 10 centimes d’euros commandé en ligne mais 30 si on commande par téléphone. Pour une poignée de SOL, vous pouvez offrir un cadeau ou ajouter des émoticônes à vos mails. Mieux, vous pouvez supprimer des commentaires peu élogieux et mettre en avant votre photo dans les résultats des recherches. Grâce aux SOL, le site a été racheté en 2006 avec une valorisation de 5 millions d’euros.

Dépassé par Facebook

Le fait que les Estoniens soient en moyenne 3 fois moins riches que les Américains n’a pas eu d’effet sur les usages, souligne Andra Siibak. Mais en se mettant perpétuellement en avant dans le but de se conformer aux standards inspirés par la culture télévisuelle, nul doute que les Estoniens ont du redoubler d’efforts – et de budget – pour financer leurs mises en scènes.

Aujourd’hui, Rate n’a plus la côte. Les jeunes Estoniens se ruent sur Facebook et l’Américain a dépassé  l’enfant du pays en octobre dernier. Pour Andra Siibak, le fait d’avoir été pendant longtemps la seule plateforme disponible en estonien a pu jouer en la défaveur de Rate. « Les jeunes se sont peut être lassé de ce site de classement et se sont rués vers Facebook dès lors que celui-ci a ouvert sa déclinaison estonienne, fin 2009, » explique-t-elle.

Photo CC cfarivar

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