Le chiffre pourrait être une mauvaise blague machiste, il s’agit malheureusement d’une statistique : sur plus de 1 800 champs scientifiques référencés, les femmes ne sont plus auteurs majoritaires de publications scientifiques que dans les domaines concernant les gender studies, l’histoire du féminisme, l’étude des suites de grossesses, l’apprentissage chez les jeunes enfants et la recherche sur les étudiants issues des minorités.
Poursuivant le travail mené par les chercheurs Jevin West et Jennifer Jacquet, spécialiste de l’étude des genres à l’université de Washington, le magazine universitaire The Chronicle a remis en forme les conclusions de leur première tentative de visualisation de la place des femmes dans les publications scientifiques (au départ visualisé avec la librairie Javascript Infovis, voir ci-dessus).
L’initiative elle-même s’inscrit dans le projet Eigenfactor, visant à évaluer le poids relatif des publications scientifiques dans leurs domaines. Basé sur l’algorithme du même nom, le système sert de base à l’évaluation du degré de domination masculine des diverses spécialités en s’appuyant sur la somme des articles de deux millions d’auteurs, étalée entre 1665 et 2011. À partir des données récoltées, les auteurs de la base ont croisé les informations avec les données de la Sécu américaine pour trancher si les prénoms étaient attribués en majorité à des hommes ou à des femmes et en ont tiré les statistiques utilisées.
Remixé par The Chronicle, la base de données offre un panorama détaillé et édifiant de la situation des femmes dans les publications scientifiques. À chaque champ correspond une barre colorée, dont la partie foncée correspond au pourcentage de femmes auteurs, tandis que les cercles sont proportionnés aux nombres d’auteurs (le record en la matière est détenu par les sciences cognitives avec 29,6% de femmes). D’un clic sur la discipline et se déploient les barres correspondants aux sous-champs d’étude, comme ci-dessus avec la biologie moléculaire et cellulaire) et ainsi de suite jusqu’à épuisement des spécialités.
Il est également possible de choisir la période de référence (des origines à 1970, de 1971 à 1990 et de 1990 à nos jours), permettant d’apprécier une relative progression de la place des femmes dans les sciences. Un dernier filtre permet de ne viser que les premiers ou derniers auteurs, les premiers étant généralement les plus grands contributeurs aux travaux de recherche (sauf en économie et mathématique où les noms sont souvent annoncés par ordre alphabétique) et le dernier désignant dans les sciences du vivant le directeur de recherche.
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