OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Atlantico, vraie face du modèle économique du web http://owni.fr/2011/03/08/atlantico-vraie-face-du-modele-economique-du-web/ http://owni.fr/2011/03/08/atlantico-vraie-face-du-modele-economique-du-web/#comments Tue, 08 Mar 2011 18:55:29 +0000 Vincent Glad http://owni.fr/?p=50440 Lancé lundi dernier, Atlantico.fr a bénéficié d’un bruit médiatique à la Benjamin Lancar. Tout le monde ou presque dans la sphère web a critiqué ce nouveau pure-player classé à droite mais l’équipe a encaissé sereinement les coups, sachant que tout bad buzz est avant tout un buzz: «Et voilà, #Atlantico est déjà dans les trending topics. Merci à tous ! (oui, à vous aussi, les haters)», écrivait le site sur son Twitter le jour du lancement.

Le débat autour d’Atlantico s’est polarisé autour de son ancrage à droite. «Atlantico, cap à tribord», titrait Owni, «Atlantico, le pure-player ni de gauche», titrait Libé tandis que Laurent Mauduit de Mediapart oubliait les politesses d’usage entre confrères en publiant une chronique tonitruante «Atlantico, la droite rance». De son côté, 20minutes.fr soulignait l’absence d’innovation du pure-player qui ne se distinguerait que par son positionnement politique: «Rien de révolutionnaire pourtant puisque des sites comme Slate, Owni et LePost mêlent justement production et agrégation. Atlantico n’a donc rien du chaînon manquant au paysage digital français mais son originalité réside ailleurs. Dans son positionnement libéral précisément.»

J’ai moi-même cédé à la tentation d’y voir simplement un Slate de droite, en publiant sur Twitter cette petite cartographie des pure-players.

Mais Atlantico n’est pas un Slate de droite, c’est à dire un site d’information magazine, plus centré sur l’analyse et le commentaires que sur la recherche de scoop. Après une semaine d’existence, Atlantico apparaît plutôt comme un Huffington Post français —voire un Morandini haut de gamme— c’est à dire une publication tendue vers l’audience à bas coûts, le libéralisme appliqué au journalisme web. Ce qui est une petite révolution dans la sphère des pure-players.

Atlantico s’est donné pour objectif d’atteindre les 600.000 visiteurs uniques d’ici un an, ce qui paraît tout à fait jouable. Quatre types de contenu devraient particulièrement cartonner en audience et ce, pour des coûts de production très faibles: les «exclusifs», les «pépites», «Atlantico light» et les chroniques polémiques.

Les «exclusifs»

En une semaine d’existence, Atlantico a multiplié les articles pastillés «exclusif»: Sarkozy aurait tenté d’attirer Jospin dans ses filets, les enfants de Hollande et Royal ont posé un ultimatum à leurs parents, les squatteurs de “Jeudi Noir” n’étaient pas des mal-logés et les éditeurs parisiens perquisitionnés par la Commission Européenne. Ces articles ont la particularité de n’être pas signés.

En ce qui concerne les deux premiers scoops politiques —dont le premier est au conditionnel— il s’agit d’une version web des indiscrets des magazines d’information comme L’Express ou Le Point, une pratique qu’évitent d’ordinaire les pure-players. La source n’est pas citée et on ne sait pas très bien si l’info a été recoupée. «[Ça me rassurerait] que la presse web ne reproduise pas le pire de la presse mag avec des “confis” non sourcés et survendus…», écrit le journaliste du Monde.fr Samuel Laurent à l’occasion d’un tweet-clash avec Jean-Baptiste Giraud, le réd chef d’Atlantico.

Cette valorisation de l’«exclusif» rappelle Morandini qui applique ce label à des informations dont l’importance n’est pas toujours capitale, et qu’on a parfois déjà vu ailleurs. L’«exclusif» sur la perquisition chez les éditeurs parisiens était d’ailleurs sorti quelques minutes plus tôt sur 01net, comme l’a relevé le journaliste David Doucet sur Twitter.

Il faut espérer qu’Atlantico n’aille pas aussi loin que lesindiscrets.com, le site lancé par un un ex-associé de Morandini et depuis racheté par Omar Harfouch, qui a sorti une longue série de scoops non sourcés et non signés au parfum de soufre, notamment un article “révélant” un scandale sexuel scabreux chez les Jeunes Populaires et plusieurs scuds contre Valérie Pécresse.

Malgré très peu de reprises média pour l’instant, à part sur des sites de buzz, ces articles ont l’air de bien marcher, en tête des stats affichées en Une d’Atlantico vendredi soir.

Les «pépites»

Pour sa rubrique «pépites», Atlantico s’est directement inspiré du Daily Beast, un des exemples les plus connus de journalisme de liens. Comparatif entre le Daily Beast à gauche et Atlantico à droite.

Ces «pépites» sont ambigües. Car derrière la bienveillante volonté de #partage des meilleurs liens avec son lectorat, la vocation de «facilitateur d’accès à l’information», les «pépites» sont surtout un piège à clics. Le seul vrai journalisme de liens est celui pratiqué par le Drudge Report, où les liens renvoient directement vers les sites producteurs de l’information. Le modèle du Daily Beast et d’Atlantico (que pratique aussi Slate) est en fait un braconnage d’audience: les liens renvoient vers un article maison qui résume à grand traits l’article d’origine. Le média producteur de l’information n’obtient que des clics marginaux et se voit concurrencé directement sur Google News (et donc dans les premiers résultats de Google) par des articles reprenant son contenu.

Ce format d’articles permet aussi à Atlantico d’être présent sur l’actu très chaude, en publiant parfois des articles de trois lignes paraphrasant un urgent AFP publié sur un autre média. Comme le veut l’usage sur Internet, le «trouveur» est bien cité mais on est bien loin de la philosophie du journalisme de liens.

(Article supprimé depuis, retrouvé dans le cache Google)

Atlantico Light

C’est l’héritage direct du Huffington Post. Le pure-player américain ne s’embarrasse pas de scrupules et finance ses articles sérieux par des infos people et des portfolios de filles à poil. Le blogueur Cédric Motte avait montré avec quelques stats que le succès du site d’Ariana Huffington «c’est le sexe, pas (que) l’information». Pour profiter de cette manne d’audience, Atlantico a lancé une rubrique «light» qui regroupe des sujets lifestyle à la Slate et des infos people.

Pour produire de l’actu people avec une équipe restreinte (une dizaine de journalistes), le modèle est le même que pour les «pépites», la reprise d’articles des médias français et surtout anglophones. Le problème de l’actu people est qu’elle nécessite de gros budgets photos, qu’Atlantico n’a pour l’instant pas l’air d’avoir. Ainsi, un article sur «la tenue très dénudée» de Madonna lors d’une after-party des Oscars est illustrée par une capture d’écran du site du Daily Mail, permettant de montrer les photos de Madonna à un coût zéro.

Les chroniques polémiques

C’est la liste des chroniqueurs d’Atlantico qui a fait le plus parler d’elle, avec notamment Gérard de Villiers, ancien de Rivarol et auteur de la série S.A.S., Chantal Delsol, historienne qui a consacré sa carrière à liquider l’héritage de mai 68 ou Gaspard Koenig, ancienne plume de Christine Lagarde et auteur du livre Les Discrètes Vertus de la corruption. Avec de telles signatures, il y aura forcément de la polémique et une manne d’audience assurée. Pour l’instant, pas encore de saillie retentissante, à part une chronique du souverainiste Paul-Marie Couteaux, DSK: Jacob a visé juste, où il taxe Dominique Strauss-Kahn de «candidat hors sol».

Le journalisme web sans ses gourous

La vraie différence d’Atlantico par rapport à ses concurrents pure-players vient du profil de ses journalistes. Les patrons du site, comme les petites mains, viennent tous de la télévision et de la radio, et non pas de la presse écrite et du web comme chez Rue89, Slate ou Médiapart.

Leur discours face à l’audience est ainsi beaucoup plus décomplexé: lors de la conférence de presse de présentation, les fondateurs ont insisté sur le fait qu’il fallait écrire court car «le temps de cerveau disponible» des internautes est très faible. Une référence à Patrick Le Lay que n’oseraient jamais Edwy Plenel ou Pierre Haski venus sur le web pour faire de l’info de meilleure qualité que sur le papier. En construisant un média qui ne cherche pas à prouver par son contenu que l’Internet peut faire mieux que les autres médias, Atlantico fait du journalisme web dépoussiéré de ses gourous et montre la vraie face du modèle économique financé par la publicité.

Et si j’étais de mauvaise foi, je rajouterais qu’être de droite, c’est aussi un moyen d’être plus pub-friendly que Rue89.

à noter, Vincent Glad est journaliste-pigiste à Slate

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Atlantico, entre le Daily Beast et le Huffington Post? http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/ http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/#comments Thu, 28 Oct 2010 14:43:06 +0000 Benoit Raphaël http://owni.fr/?p=33926 Jean-Sébastien Ferjou et Arnaud Dassier, les co-fondateurs (avec Pierre Guyot, ancien de RTL, Europe 1 et BFM) du futur pure-player d’informations Atlantico, m’ont fait le plaisir de me recevoir (à leur demande) pour me parler de leurs ambitions.

On a parlé un peu politique, bien sûr, Atlantico ayant été présenté ça et  tantôt comme un Rue89 ou un Mediapart de droite. Le rapprochement serait plutôt à faire avec Slate.fr: le média se veut un site d’infos qui laisse la part belle à l’opinion et à l’analyse. Mais “plus en prise avec l’actualité chaude”, précise Jean-Sébastien Ferjou.

Quant à l’étiquette “de droite”, les fondateurs ne la revendiquent pas, même s’ils ne récusent pas leurs affinités. Arnaud Dassier, l’un des investisseurs aux côtés de Charles Beigbeder (ex candidat à la présidence du Medef) a conseillé l’UMP sur la campagne Internet de Nicolas Sarkozy. La volonté, cependant, “n’est certainement pas de créer un média militant”. Mais bien de remplir un vide dans l’offre médiatique à travers un site d’infos à sensibilité “libérale” et indépendant. Un média qui souhaite s’appuyer sur la campagne présidentielle pour construire son audience et s’imposer dans le paysage des pure-players d’infos. Une stratégie inspirée du site américain The Huffington Post, d’inspiration démocrate, à qui la présidentielle a servi de levier d’audience.

Le rapprochement avec le Huffington Post n’est pas anecdotique. Même si les fondateurs préfèrent évoquer le modèle du Daily Beast, qui mélange articles de fonds, journalisme de liens et opinions, avec une approche urbaine et moderne, un vrai ton qui a permis au jeune site new yorkais (que j’avais visité en juin dernier) de trouver une place de choix.

Journalisme de liens

La ligne éditoriale annoncée se veut d’ailleurs très ouverte: Atlantico parlera de politique, d’économie, de sciences, mais se permettra également d’aller sur des terres plus grand public comme l’insolite ou la télévision. “L’idée est de casser la hiérarchie de l’info”, commente Jean-Sébastien Ferjou.

Le profil des co-fondateurs va dans ce sens: Pierre Guyot et Jean-Sébastien Ferjou ont fait leurs armes dans l’audiovisuel, le premier en radio, le second à la télévision (LCI et TF1), tandis que leurs concurrents affichent plutôt une culture presse écrite.

A l’instar du Huffington Post, Atlantico consacrera une bonne part de son éditorial au “journalisme de liens”: 50% des contenus seront des sélections d’infos trouvés sur le web. A la manière de Slate.fr: c’est à dire quelques lignes de synthèse et un lien. Cette sélection ne sera pas mise au même niveau que les autres contenus (comme sur le Huffington Post), mais sera mise-en-scène dans une rubrique à part, comme sur Slate ou le Daily Beast.

Le reste sera constitué de billets d’analyses, écrits directement par des experts, édités par des journalistes, ou récupérés sous forme d’interview. “Les journalistes ne seront pas sollicités pour écrire des articles, mais pour trouver la bonne personne, le bon expert, le plus habilité à parler d’un sujet.” Un fil de dépêches (pas AFP) sera également proposé. Mais la rédaction ne s’interdira pas d’aller sur de l’enquête “quand l’occasion se présentera”. Plus fréquemment demain, quand le budget le permettra…

Modèle publicitaire

Pas de chiffres précis sur le budget global (que j’estime à 600.000-700.000 €/an), justement, ni sur le nombre exact de journalistes, mais “on est à peu près dans la fourchette de Slate”, entre 4 et 6 journalistes, avec un budget de piges ponctuel. Le site a été développé sous Drupal, un framework utilisé par la plupart des sites d’infos (Rue89, France 24, Slate et Le Figaro pour une partie…).

Il n’y aura pas de blogs, pas pour l’instant, mais un pool de contributeurs, parmi lesquels des personnalités et des blogueurs, qui s’est engagé à produire. “Nous n’avons essuyé aucun refus”. Parmi eux, quelques “people” (pas de noms, juste que Jean d’Ormesson, n’en fait pas partie!), mais surtout des experts, acteurs de la vie économique, médiatique et culturelle. L’inspiration? Plutôt “Europe 1″ que RMC ou France Inter.

Le business-model n’est pas encore très clair: le site sera gratuit, et s’appuiera sur un modèle publicitaire. Mais l’objectif est de jouer la diversification, avec probablement une couche payante. Mais pas dans l’immédiat. “La levée de fonds nous permet d’avancer tranquillement et nous laisse le temps de construire une audience.”

Pas de date de lancement annoncée, cependant. “Il reste quelques réglages techniques à faire”. Mais la rédaction est déjà en place et au travail.

Billet intialement publié sur la Social Newsroom

Crédits photo: Flickr CC Manish Bansal

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“Mediapart”: une marque, la consécration du journalisme d’investigation numérique http://owni.fr/2010/07/13/mediapart-une-marque-la-consecration-du-journalisme-dinvestigation-numerique/ http://owni.fr/2010/07/13/mediapart-une-marque-la-consecration-du-journalisme-dinvestigation-numerique/#comments Tue, 13 Jul 2010 13:48:11 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=21841

La consécration. Depuis quelques semaines, dans le cadre de l’affaire Bettencourt, dont il a fait une affaire Woerth-Bettencourt, en publiant le 16 juin des enregistrements de conversations très perso de Liliane Bettencourt, Mediapart marque un nouveau tournant pour la presse en ligne. Et, en égrenant les scoops au fil des jours, se distingue de ses petits camarades “pure players du web”, Rue89, Bakchich

Augmentation des abonnements

Car au fil des jours, il a vu ses abonnements en ligne augmenter, chaque jour, grappillant jusque trois cents nouveaux abonnés par jour. Aux dernières nouvelles, il compterait près de trente mille abonnés à la version payante de son site (cinq mille nouveaux abonnés depuis le début de l’affaire), contre deux mille cinq cents début mai, comme me le précisait alors son rédac’ en chef François Bonnet.

Du coup, le site d’infos créé par Edwy Plenel s’est d’autant plus légitimé comme site de journalisme d’investigation à l’ère du numérique. Et s’est même imposé comme marque média (comme le soulignait Alain Joannès), étant relayé par les médias classiques (radios, télés, presse écrite). Avec des valeurs telles que l’indépendance vis-à-vis du pouvoir, l’enquête. Et du coup, est devenu connu du grand public.

Coup de projecteur sur les pure players du web

Un phénomène inédit, un événement politique, mais aussi un virage positif pour la presse en ligne. Alors que c’est la première “affaire” qui explose à un moment où Internet s’est imposé comme support pour de nouveaux médias, qui n’avait pas la même force de frappe lors des autres grandes affaires. Par définition, c’est un média de l’immédiateté, très réactif, où l’on peut publier l’info en temps réel. Pas besoin d’attendre l’édition du lendemain ou de la semaine, comme ce fut longtemps le cas pour la presse écrite…

Car par extension, au-delà du cas de Mediapart, cela a apporté un coup de projecteur médiatique sur les Bakchich, Arrêt sur images, Slate.fr, et autres Rue89, créés par des journalistes expérimentés venus de la presse papier, qui y ont importé leurs méthodes de travail – et d’investigation – et nourris par le travail de jeunes journalistes, qui prennent donc le relais pour ce travail d’investigation à l’heure du Net. Les relais précédents de telles actus ? C’étaient Le Canard Enchaîné, L’Express, ou Le Monde qui les révélaient.

Un phénomène dont ont aussi profité les sites web de titres de presse comme LePoint.fr, qui a lui aussi dopé ses audiences grâce aux écoutes téléphoniques qu’il a mises en ligne le même jour que Mediapart.

Modèle économique, nouveaux types de récit journalistique

Mediapart a aussi osé miser sur un modèle économique hybride, avec des contenus en bonne partie payants, et une édition papier. Le modèle payant étant rarissime dans la presse en ligne : dans un échange donnant-donnant, ils sollicitent une certaine forme de soutien – et de confiance – de leurs abonnés.

Comme d’autres, ils testent aussi des formats innovants, comme la “carte mentale” de l’affaire Woerth-Bettencourt, un format plutôt anglo-saxon, mais qui demeure rarissime en France. Un format proche du journalisme de données qui fait beaucoup débat en ce moment – OWNI résume aussi, à sa manière, l’affaire en une image – mais qui permet ici de résumer, d’un coup d’œil, un dossier complexe.

Certes, les journaux papier ou JT sont coutumiers de cet exercice journalistique, mais ici ils ne l’ont pas fait. Surtout, Mediapart l’utilise avec des ingrédients propres au web, pour en faire un document infiniment plus riche, plus interactif. Pour aboutir à une forme de carte interactive, un format qu’ont testé déjà il y a quelques années des start-ups visionnaires, comme le RTGI. En un clic, chaque point de la carte nous renvoie à un article, chaque image constitue la porte d’entrée à un article, un document complémentaire, ce qui permet à l’internaute d’avancer dans son enquête perso.

Billet initialement publié sur Miscellanées

Image CC Flickr Stéfan

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Adriano Farano: L’innovation passe par la coopétition http://owni.fr/2010/04/23/adriano-farano-innovation-coopetition/ http://owni.fr/2010/04/23/adriano-farano-innovation-coopetition/#comments Fri, 23 Apr 2010 10:16:44 +0000 Admin http://owni.fr/?p=13044

Il n'est plus aussi jeune, mais il n'a jamais été aussi beau. Photo de Donato Di Bello

OWNI : Pendant neuf ans vous avez piloté une association, Café Babel, qui est devenue un véritable média européen sur le Net, entièrement traduit en six langues.

Comment finance-t-on un média au sein d’une association à but non lucratif ? Est-ce que le non-profit peut garantir des résultats à la hauteur ?

Café Babel est aujourd’hui l’un des plus anciens médias pure player d’Europe. Il a été également le premier site web d’information à être admis à la Fédération Nationale de la presse spécialisée et a été élu « média de l’année 2008 » aux European Agenda Awards en s’imposant, grâce à son originalité, face au Financial Times ou à Libération.

Tous ces résultats ont été obtenus sur un modèle associatif. Mais attention: qui dit non-profit ne dit pas uniquement bénévolat. En 2009 Café Babel a compté une équipe de 14 salariés temps plein.

Grâce au pouvoir attractif des projets menés (reportages itinérants en Europe, premiers blogs multilingues, site dédié au débat transnational lors des élections européennes…), Café Babel a pu attirer des sponsors aussi variés que la Commission européenne, la Région Ile-de-France ou encore des bailleurs de fonds privés tels qua la Fondation Hippocrène ou la Knight Foundation ou encore des marques à l’image des assurances April.

Depuis quatre mois vous travaillez au développement d’OWNI. Quel a été le contexte de cette implication et quelles sont les éléments-clés qui en ressortent ?

Après avoir animé Café Babel pendant neuf ans, j’ai décidé de tourner la page pour relever de nouveaux défis. Je me suis alors naturellement tourné vers cette bande de geeks mais aussi designers, journalistes, blogueurs, entrepreneurs et universitaires qui jaillit autour de Nicolas Voisin. C’est un environnement métis, hybride mais pas pour autant moins exigeant que celui des médias traditionnels pour lesquels j’ai eu l’occasion de travailler. C’est passionnant.

Aujourd’hui, j’évolue en tant que consultant indépendant et OWNI est mon principal client. Pour la « soucoupe », je collabore à la stratégie éditoriale (voir la charte censée cadrer le journalisme en réseau d’OWNI), au développement européen et à une levée de fonds qui vise à mettre en œuvre un modèle économique durable, fondé sur une mixité for-profit/non-profit.

Vous venez d’obtenir la bourse “Knight fellowship for professional journalists” de l’université de Standford en Californie, que vous rejoignez en août pour 10 mois. Quel sera le sujet de votre recherche ?

Seul Européen dans un groupe d’une vingtaine de journalistes et entrepreneurs des médias, je serai confronté à trois types de challenges : suivre les cours de mon choix sur tout le campus de Stanford ; participer à des réunions et des conférences sur le futur du journalisme avec des leaders d’opinion de la Silicon Valley ; puis travailler sur celui qui est pour moi l’enjeu de la presse aujourd’hui : stimuler l’émergence de la prochaine génération d’entrepreneurs de l’information en Europe. Je compte sur la collaboration de tous ainsi que sur le principe de serendipité pour tirer parti de cette expérience…

Creative Commons, Logiciel libre, modèle mixte profit/non profit, coopétition, y-a-t-il ici une réponse solide à la crise des médias et en particulier à celle de la presse ?

Il y a, chez OWNI, cet embryon d’écosystème des médias que nous devons construire si nous voulons allier innovation, durabilité et respect des principes qui fondent le journalisme. L’environnement métis de la soucoupe nous a permis d’accoucher d’un modèle éditorial, économique et fiscal extrêmement attractif pour les investisseurs et garantissant une grande indépendance à OWNI. Je suis convaincu que ce modèle à trois étages (société de services, fonds de dotation, association éditrice d’OWNI) est transposable.

Les solutions à la crise de la presse viendront de la créativité, pas du conservatisme.

Quelle est la position de la France dans cet écosystème de l’innovation médiatique ?

Justement, il y a en France une certaine schizophrénie. D’un côté, c’est indiscutablement le pays européen avec l’environnement médiatique « pure player » le plus actif et riche (Rue89, Mediapart, Arrêt sur Images, Slate etc.). De l’autre, trop souvent la presse française s’enfonce dans un esprit de clocher, très conservateur, dont le syndrome le plus préoccupant est la Google-phobie. J’ai rencontré des patrons de presse dont la seule préoccupation était de blâmer le moteur de recherche. Et si, au lieu de perdre leur temps à lutter contre les moulins à vent, ils investissaient dans l’innovation ?

Quel est, selon vous, l’enjeu majeur à l’échelle européenne dans le secteur des médias ?

Le décloisonnement, sans doute. Un décloisonnement qui dépasse les clivages à caractère sectoriel et transnational.

D’un côté nous devons permettre aux journalistes et aux patrons de presse de sortir de leur tour d’ivoire en se confrontant, quotidiennement, avec les développeurs et créatifs en tous genres mais aussi avec les financeurs et les entrepreneurs. Pour cela, il faut des lieux de brassage, des incubateurs, mais surtout un changement radical : de la culture de la concurrence molle à celle de la « coopétition ». Je vais en Californie aussi pour m’imprégner de tout cela.

De l’autre, nous devons dépasser les barrières nationales. Chaque pays européen pris tout seul est trop petit pour émerger comme leader de l’innovation médiatique. Il faut favoriser les projets transnationaux, qui peuvent devenir une véritable usine à créativité.

Pour cela, je rêve d’un programme Erasmus pour tous qui, appliqué aux médias, pourrait financer des périodes d’étude ou travail à l’étranger. Dans le voyage et l’expatriation, il y a quelque chose de paradoxal : ce n’est que lorsque vous perdez vos repères que vous pouvez enfin devenir vous même. Le terrain devient alors très fécond pour innover.

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Ilpost: le Post italien, un Huffington Post? http://owni.fr/2010/04/20/ilpost-le-post-italien-se-veut-huffington-post/ http://owni.fr/2010/04/20/ilpost-le-post-italien-se-veut-huffington-post/#comments Tue, 20 Apr 2010 10:58:08 +0000 Adriano Farano http://owni.fr/?p=12687 A l’heure où lepost.fr n’arrête pas de faire parler de lui en France, en Italie naît aujourd’hui ilpost.it, premier pure-player de la péninsule, très en retard sur l’information en ligne.

Les Post-It, c'est mieux sur Internet

Mais les comparaisons entre ilpost.it et son homonyme français ne vont pas au delà de la sémantique. Nulle référence à l’opus de Benoît Raphaël dans les communiqués officiels des fondateurs de ilpost.it qui lui préfèrent l’américain The Huffington Post. En effet, le site se concentre sur une offre de « curation » : reprises, revues de presse ou journalisme de liens, mais pas ou peu de contenus originaux.

Fidèle à la tradition familiale et « clanique » du journalisme et du business italiens, ilpost.it est la créature de Luca Sofri, fils de Adriano Sofri, aujourd’hui intellectuel et éditorialiste de renom, condamné à 22 ans de réclusion pour avoir mandaté l’homicide d’un commissaire de police à l’époque où il dirigeait Lotta Continua, un mouvement terroriste d’extrême gauche actif dans les années 70.

Parmi les associés de ilpost.it – qui marque sans doute la plus grande bouffée d’air frais pour les médias en ligne italiens depuis le lancement il y a deux ans d’agoravox.it – on retrouve Giovanni De Mauro, le fondateur du Courrier International italien, Internazionale, mais aussi la société Banzai chargée de l’interface technique et de la plateforme publicitaire. Luca Sofri, directeur, a réuni autour de lui une équipe de cinq jeunes journalistes, recrutés par le biais de son blog, Wittgenstein qui, d’après lui, réunit 10 000 visiteurs par jour.

Selon La Stampa, ilpost.it naît avec un budget annuel d’un million d’euros, aucun groupe de presse parmi ses investisseurs et un objectif de rentabilité à trois ans avec un modèle économique soutenu par la publicité.

> Illustration par myrrh.ahn sur Flickr

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7 études de cas en datajournalism et visualisation de données http://owni.fr/2010/02/22/7-etudes-de-cas-en-data-journalism-et-visualisation-de-donnees/ http://owni.fr/2010/02/22/7-etudes-de-cas-en-data-journalism-et-visualisation-de-donnees/#comments Mon, 22 Feb 2010 11:58:00 +0000 Caroline Goulard http://owni.fr/?p=8729 Depuis un an que  je piste les exemples de data journalism, je constate que les initiatives françaises sont bien rachitiques et que j’atterris le plus souvent sur des sites anglo-saxons. Avec le nytimes.com, le washingtonpost.com et le guardian.co.uk en pionniers du genre. Les études de cas ci-dessous illustrent assez bien l’état du journalisme de données français par rapport à ce qui se fait aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou même en Espagne.

Plusieurs facteurs se combinent pour expliquer ce décalage français : un rapport différent aux données, une histoire journalistique divergente, une culture de la transparence publique antagonique, un appareil législatif singulier et surtout des rédactions appauvries tant en moyens financiers qu’en compétences humaines. Je détaillerai ces explications dans un prochain post, en attendant, je vous renvoie à l’article d’Elodie Castelli sur journ@lismes.info « Le Data-journalisme peine à se développer en France » et aux quelques compilations ci-dessous.

Le New York Times : leader américain en matière de data journalism. Ses infographies sont les plus innovantes et les plus esthétiques. Son partenariat avec IBM (logiciel ManyEyes) lui permet de proposer un « visualization lab » interactif et participatif.


Le Guardian : le titre a joué un rôle important dans le mouvement d’ouverture des données publiques au Royaume-Unis avec son manifeste Give us back our crown jewels. Avec son Datablog et son Datastore, il milite activement pour la libération des données, l’appropriation et le partage par le plus grand nombre de ses bases de données. Il réalise régulièrement des visualisations de données très réussies et joue un rôle d’exemplarité en lançant, par exemple, un concours de visualisations l’an dernier.


El Pais : son site dédie une rubrique au journalisme visuel. Au début des années 2000, elle accueillait surtout des infographies traditionnelles, illustratives et non-interactives. Désormais, cette section accueille de très belles visualisations, qui racontent des histoires.


En France, les initiatives en matière de journalisme de données proviennent surtout des pure-players : Mediapart et Rue 89 ont lancé des cartes participatives ; LePost.fr mène l’expérimentation un peu plus loin avec un traitement « data journalist » du cumul des mandats (cela fera sans doute l’objet d’un prochain post sur ce blog).


Un petit mot sur Gapminder. Ce n’est pas vraiment du data journalism, puisqu’il n’y a pas d’éditorialisation ni de volonté de couvrir l’actualité, même si le site met en avant certaines comparaisons de données. Gapminder reste pour autant un site très puissant de visualisation de données mondiales, ludique et didactique.


ManyEyes et Socrata : ces plateformes sociales de manipulation de données fournissent à tous un outil, un espace de stockage et un réseau pour y mettre en valeur bases de données et visualisations. Pas d’éditorialisation, uniquement du crowdsourcing, et une démarche d’ouverture et de partage. Le Sarkomètre du Nouvel Obs a été réalisé et hébergé sur Socrata. Ces plateformes ne sont donc pas si éloignées du journalisme de données qu’elles pourraient le laisser penser à première vue.

Article initialement publié sur Database journalism, traduit en italien sur lsdi

Photo d’illustration pdinnen sur Flickr

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Un joyeux baroud d’honneur numérique http://owni.fr/2009/11/15/un-joyeux-baroud-d%e2%80%99honneur-numerique/ http://owni.fr/2009/11/15/un-joyeux-baroud-d%e2%80%99honneur-numerique/#comments Sun, 15 Nov 2009 20:56:31 +0000 Admin http://owni.fr/?p=5466 Sur PQR, Mon Amour, Sabine Blanc nous conte l’aventure d’un groupe de reporters de l’édition du Cher de La Nouvelle République qui, après la décision de fermer leur édition, ont continué l’expérience Pure Player, avec les moyens du bord »

Ils avaient le choix entre rester chez eux ou faire du pure player, le temps de connaître leur sort. Pour la plupart, les reporters de l’édition du Cher de La Nouvelle République ont opté pour la seconde solution, un départ la tête haute avant la fermeture définitive de leur édition fin octobre, trois semaines après l’arrêt de la version papier.

A la fin, quelques-uns ont bien voulu dresser le bilan avec moi : Johan Guillermin, Annaïck Mainguy, Agnès Aurousseau, trois localiers de Bourges, et un “sportif”, Jean-Marc Duret. Des journalistes qui n’avaient travaillé jusqu’à présent que sur  le print, tout ayant été fait pour qu’ils ne mettent pas le nez dans le web : leurs papiers étaient mis automatiquement en ligne dans la nuit, sans mise à jour possible dans la journée et ils ne produisaient pas de contenus multimédias.

»La suite sur PQR, mon amour

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Nouvelle République : un mois de pure player et puis s’en va http://owni.fr/2009/09/24/nouvelle-republique-un-mois-de-pure-player-et-puis-s%e2%80%99en-va/ http://owni.fr/2009/09/24/nouvelle-republique-un-mois-de-pure-player-et-puis-s%e2%80%99en-va/#comments Thu, 24 Sep 2009 08:51:14 +0000 Admin http://owni.fr/?p=3886 Une autre plongée dans l’univers de la PQR et de ses rapports avec Internet, par Sabine Blanc :

“L’édition du Cher de La Nouvelle République ne paraîtra que sur le web…” La phrase de ma consoeur avait bien commencé. L’expérience était intéressante, inédite dans notre région (peut-être même en France ?) La fin a jeté un froid : “… c’est pour ne pas payer les journalistes à rien faire, le temps qu’ils soient licenciés ou mutés, ils feront des sujets à leur initiative.” Conformément à ce qui avait été annoncé cet été, l’édition du Cher de La NR va fermer à la fin du mois.

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