OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Course à l’Elysée: l’UMP se déleste des pauvres http://owni.fr/2011/05/16/elections-elysee-2012-ump-deleste-pauvres/ http://owni.fr/2011/05/16/elections-elysee-2012-ump-deleste-pauvres/#comments Mon, 16 May 2011 13:45:34 +0000 Seb Musset http://owni.fr/?p=62811 La séquence de communication “L’assistanat est le cancer de la société” lancée dimanche soir [8 mai 2011, NdE] sur BFM par Laurent Wauquiez aura duré une semaine. Elle introduit un axe de campagne à droite pour 2012. Et dire que l’on m’accusait de caricaturer en 2008 lorsque j’évoquais la possibilité d’un “délit de pauvreté” made in UMP.

Au fond chez les hommes du Monarque, faute de résultats et pour masquer les inégalités de plus en plus criantes, on en revient toujours à désigner un coupable, le plus faible et vulnérable possible. Quand on n’arrive pas à supprimer la pauvreté, on criminalise le pauvre et hop : la conséquence des désordres devient la cause des problèmes. Nous constations le même procédé en août dernier avec les roms et la sécurité, et annoncions les prochains bouc-émissaires marketing.

N’épiloguons pas sur le cas Wauquiez et sa proposition aussi abjecte que débile : conditionner le versement du RSA à une activité non rémunérée de 5 heures par semaine. D’autres s’en chargent : par le démontage des mensonges de l’argumentation, de son impossibilité matérielle ou la violence d’un témoignage.

Déjà le mois dernier, au nom de ”la justice sociale“, un député UMP après sa déculottée aux régionales proposait de conditionner les indemnités des chômeurs de longue durée à un travail gratuit.

Cette course à l’échalote après le pactole fantasmé du “vote populaire” a deux buts majeurs.

1. Evincer le PS

En premier lieu, il s’agit de réussir l’OPA médiatique sur le mot “social” (depuis que la droite a découvert ce vocable à l’exotisme enivrant, elle l’assaisonne à toutes les sauces : justice, droite, téléski, gode ceinture). L’UMP souhaite voler le mot au Parti SOCIAListe  avant cette primaire qui n’en finit pas de ne pas arriver. Il s’agit de discréditer la gauche en court-circuitant la case intelligence pour directement s’adresser aux plus vils instincts en mode comptoir et contre-vérité : “oui l’autre, il a plus que moi qui travaille” (ressentiment se jouant souvent à un détail stupide) et sa variante : “saloperie d’immigrés qui nous coûtent trop cher“. Combo ultime : “bordel de bougnoules aux allocs qui touchent plus que moi (et volent des voitures) !“.

L’opération permet surtout de faire l’impasse sur le fond du problème : la trop faible rémunération des salariés. L’UMP poursuit sa stratégie de course après le FN pour en faire le premier parti d’opposition, espérant reléguer ainsi le PS, comme tous les discours de gauche, dans le camp de l’utopie ou de l’irresponsabilité. Où, comment, au nom de la pérennité du monde des possédants et sous couvert d’un “y’en en a marre du politiquement correct” omniprésent dans les médias, faire de la solidarité un concept plus dégradant que le racisme.

2. Rassurer le MEDEF

Deuxièmement, il s’agit aussi de rassurer patronat et possédants dans cette période de confusion des valeurs.  Les complaintes bourgeoises au sujet de ce petit personnel qui “ne veut plus assez travailler parce qu’il est trop assisté” tapissèrent mon enfance dans ce quartier votant à 83% à droite mais qui aujourd’hui est moins enthousiaste à reconduire le Monarque. Taper sur ”l’assisté”, ça ressoude autour de bonnes vraies valeurs bourgeoises de droite. Dans le même esprit, la semaine passée, le garde des Sceaux, Michel Mercier, souhaitait que l’on “réfléchisse vite à de nouvelles formes de travail” dans les prisons avec création d’une sorte de Pôle Emploi carcéral pour fluidifier la sous-traitance en cellule des call centers. Tarif ultra compétitif pour travailleurs captifs sur le territoire : le rêve ultime du Medef.

La cacophonie gouvernementale engendrée par les propos, réitérés, de celui s’autoproclamant porte-parole des classes moyennes est une pure construction de type Lefebvrienne (version 2008-2009) où quelques ministres décoratifs ont servi de naïfs offusqués. Le ballon-sonde destiné à occuper l’opinion se conclut par un sondage Opinion-way-of-the-president (fort opportun) plébiscitant l’idée de Wauquiez (comme à la belle époque du conflit des retraites où, à en croire le quotidien de Marcel Dassault, 8 français sur 10 soutenaient Eric Woerth).

Et de citer un “indiscret” de L’Express riche de sens :

Si Nicolas Sarkozy n’a finalement pas licencié son ministre à chaud, c’est ”parce que ce qu’a dit Wauquiez sur le fond n’est pas absurde”, précise l’Élysée.

Et hop, le tour est joué. Le voilà le bel axe de campagne, la version négative du TPPGP “travailler plus pour gagner plus” : ”les salauds gagnent plus en ne travaillant pas”. (Cette semaine à la télé : Wauquiez et Le Monarque. Tu tires, je rectifie. Un buddy movie qui fait mouche).

Rentier = assisté

Pourtant, pointer aussi grossièrement du doigt les bénéficiaires de mécanismes de solidarité dans une conjoncture aussi incertaine (la preuve : Dame Lagarde se remet à se vanter d’une croissance à 1% sur un trimestre) où tout conduit l’individu à craindre d’en dépendre prochainement est un calcul risqué à un an des élections. À moins de considérer que le peuple est stupide au point de se faire la guerre à lui-même au lieu de se plaindre de ceux qui l’oppressent concrètement ? Hypothèse semblant être la ligne conseillée par Patrick Buisson à notre Monarque.

Mais, malgré tout, L. Wauquiez souligne un problème majeur : dans notre pays, les revenus ne sont plus avantageusement liés au travail. On gagne bien plus à hériter, à optimiser fiscalement, à acheter et revendre de l’immobilier, à être retraité parfois, qu’à “bosser” (oups, je fais probablement du “populisme”). Comment accuser les bénéficiaires d’un RSA à 43%  du SMIC (660 euros de différence) dans un pays où la rente, constamment chouchoutée, rapporte plus que le travail ? Si ce n’est du cynisme, c’est au moins la preuve d’un manque de connaissance du terrain.

A ce sujet, quitte à donner moi aussi dans les idées simples : pourquoi ne pas imposer un ”service social” aux ministres, conditionnant leur entrée au gouvernement ? Wauquiez, un mois dans la peau d’un mec au RSA, comptant ses pièces dès le 10 du mois, ça aurait de la gueule non ? Un mois sans confortable paye ministérielle, ni voiture de fonction, sans frais de bouche et de transport remboursés ni logement d’aisance… Alors seulement, à prétention reposée, nous discuterions “cancer de l’assistanat” avec ce moralisateur de plateaux télé, pour le moment au paroxysme de la déconnexion dès qu’il glousse de son empathie en papier mâché les mots ”travail”,  ”classe moyenne” ou ”pauvreté” .


Article initialement publié sur le blog Les jours et l’ennui de Seb Musset

Photos flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification lensa13.smugmug.com ; PaternitéPas d'utilisation commerciale incendiarymind Yoann Brieux.

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Et Warhol échangea la révolution contre 15 minutes de téléréalité http://owni.fr/2010/12/15/et-warhol-echangea-la-revolution-contre-15-minutes-de-telerealite/ http://owni.fr/2010/12/15/et-warhol-echangea-la-revolution-contre-15-minutes-de-telerealite/#comments Wed, 15 Dec 2010 14:44:46 +0000 Catnatt http://owni.fr/?p=37438 En 1968, au Moderna Museet de Stockholm, Andy Warhol écrivit dans un catalogue de l’exposition :

Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale.

Warhol assassina sans le savoir toute possibilité de révolution dans le système occidental et capitaliste.

En lisant Tomates de Nathalie Quintane, je suis tombée sur un échange de lettres entre celle-ci et Jean-Paul Curnier (philosophe et écrivain français). Il dit en l’espèce : « je veux dire que l’individualisation, c’est-à-dire la façon pour les pouvoirs en place –de l’Etat aux entreprises jusqu’aux chefaillons les plus insignifiants– de s’adresser à la collectivité, repose sur l’adresse à l’individu. (…) Cette méthode marche assez bien (une méthode à l’ego, en quelque sorte) puisqu’elle « accorde » à chacun une reconnaissance de pacotille qui « le distingue » et semble hausser l’individu hors de l’anonymat de la masse. Si bien que ce qui vient directement à la conscience, c’est que l’ennemi principal, c’est l’anonymat des foules, et non la machinerie qui fait de lui un être sur mesure, formaté pour les besoins. »

Dompter les foules par la promesse d’un destin

Alors, évidemment, mon titre claque, mais il est faux [le titre original du billet était Warhol killed the revolution, NdCE]. Cependant, Warhol avait senti le vent tourner, le vent des temps qui changent. La méthode à l’ego, mais oui, bien sûr, la solution pour dompter la masse. Aucun pouvoir politique jusqu’à présent n’avait compris que le meilleur moyen pour anesthésier un peuple, c’est de lui faire croire à travers d’autres vecteurs que l’Etat, qu’il compte, du moins que chaque individu qui le compose est unique et aura droit à l’expression de sa singularité. Pendant un quart d’heure au moins. De nos jours, tout le monde espère en son for intérieur avoir son moment de célébrité, le jour de gloire est arrivé et c’est cette arrière-pensée qui nous muselle. Nous pensons tous avoir un destin, mieux, avoir droit à un destin, et nous ne voulons pas gâcher nos chances. Nous n’avons presque rien, une majorité d’entre nous est dans la merde, et pourtant nous ne sommes pas un peuple qui n’a plus rien à perdre : l’on nous fait croire que nous avons tout à gagner, nuance. Nos chances d’être reconnus ? Téléréalité, émissions, documentaires, reportages, Internet, sans aucun doute, Tournez Manège, vidéos Youtube, blogs, ridicules, héroïques, en colère, ou explosant de joie, le loto médiatique nous tend les bras : 100% des gagnants n’ont même pas tenté leur chance, ça leur tombe dessus.

Il n’y aura pas de révolution. Il n’y aura pas de révolte. On préfère de nos jours devenir célèbre plutôt qu’être libre, chaque époque a son mantra, autrefois, l’on disait « Liberté, Egalité, Fraternité », à présent l’on pense « Célébrité, Ego, Paillettes ». On ne cherche même pas à être riche, même si c’est important, non, non, ce que l’on veut, c’est compter, à n’importe quel prix, par n’importe quel moyen. Tenez, ce que je suis en train de faire, là, maintenant, finalement, n’ai-je pas en filigrane ce désir inconscient du quart d’heure, non pas américain, mon quart d’heure mondial, allez, soyons modestes, mon quart d’heure français ?

Ce quart d’heure, quinze minutes, rien -à peine une demie-seconde à l’échelle de l’histoire de l’humanité- tient lieu d’idéal à présent. Adieu les mythes, les dieux, la philosophie, les terres inconnues, la politique, le monde meilleur. Place à la décharge d’adrénaline, une reconnaissance factice, quelques minutes s’il-vous-plaît, le vertige, je suis unique. Certains pensent que le malentendu s’est installé au XIX siècle, cette période dépressive. Le romantisme français aurait généré une façon de mettre en scène sa vie autant que son art. (voir ici ) Je cite : « Parce que l’espace s’est divisé en deux mondes, la vraie vie banale et souvent inintéressante, et la vie devenue oeuvre d’art, qui a su prendre toute la décharge affective » (Demian West). Internet n’est-il pas devenu le terrain de prédilection de ce phénomène ?

Et c’est bien parce qu’on en crève un peu plus chaque jour, nos vies banales à en mourir, que les sphères du pouvoir, sans même probablement s’en apercevoir au départ, s’engouffrèrent dans cette autoroute d’abrutissement généralisé : pour toi Public, tiens bon, tu vas passer à la télé, tu auras ton quart d’heure de gloire.

Le RSA complice de l’individualisme à outrance

Alors, on me dira, chère Catnatt, tu fais partie des bobos, tu ne sais pas ce que ressent la France d’en bas, celle qui est capable de se réveiller et de tonner un jour. Oui, c’est vrai mais je réponds aussi que ce cri dont tout le monde nous parle, ce cri auquel moi aussi je croyais, c’est un fantasme. Car le second assassin -car il y en a un, se nomme : les Assedic-RSA. Oui, ce formidable système d’entraide (système auquel je suis très attachée paradoxalement) a eu des effets pervers. D’un côté, le quart d’heure tient lieu d’idéal, de l’autre les Assedic maintiennent sous perfusion.

Là où ça devient particulièrement pervers, c’est au niveau de la personnalisation. La méthode à l’ego s’est appliquée à ce dispositif solidaire, la personnalisation à outrance induit une non-révolte au bout du compte : contact mensuel, coup de téléphone, rendez-vous, compte-rendu, l’institution maintient le chômeur sous pression en permanence, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Tu bouges du cadre, tu sors.  On te fait croire qu’on tient compte de toi, mais c’est juste une façon de t’expliquer que l’Etat n’oublie pas l’argent qu’il te vire chaque mois alors que tu ne produis rien. Les Assedics sont évidemment une belle idée.

Sauf qu’actuellement au lieu de dire : « tu as cotisé, tu as droit à ce système pendant un certain temps », on sous-entend en permanence « j’espère que tu culpabilises de coûter autant d’argent à la société, sois reconnaissant».

Ce ne sont pas seulement les pouvoirs publics, ce sont nos congénères aussi. Un discours rampant. On rêvait de fraternité, on se retrouve avec un  système biaisé. L’Etat fait l’aumône, c’est ainsi, en filigrane que le discours est orienté. On agite le spectre en permanence d’un arrêt de la solidarité. Donc on tremble sur nos bases. L’Etat grignote. On le constate, mais on ne se révolte pas de peur qu’il supprime tout. Donc on laisse faire.

Jean-Paul Curnier dit :

Je veux dire que le peuple n’est pas « une réalité dormante » qui se réveille à chaque grand rendez-vous de l’Histoire (…) mais quelque chose qui dépasse tout un chacun, qui est ingouvernable, en tant que tel et sur quoi nul n’a de prise (…) quelque chose qui répond à la solitude devant le pouvoir. (…) Le centre d’intêret d’une domination parfaite, c’est de prévenir tout recours au peuple quand ça va mal. La mise en place des assedics est selon moi un des instruments les plus efficaces de destruction de toute possibilité d’un peuple comme recours, dans cette solitude de condition il y est substitué la « puissance publique ».

Autrement dit, il n’y a plus besoin du peuple, de sentir la solidarité des siens, l’Etat y pourvoit juste le minimum pour nous maintenir la tête hors de l’eau. Le capitalisme est tellement vissé dans nos crânes, parce que sacralisé par les médias quoi qu’on en dise, les mêmes qui nous vendent du rêve, que même si nous envisageons sereinement de ne pas réussir par le biais du travail –on espère juste ne pas se faire virer, nous avons toujours nos deux soupapes : j’aurai de quoi survivre, j’ai de quoi m’évader, je ne vais pas tuer le système qui me permet ça. Donc, je me tais. Je serre les fesses et je ferme ma gueule. Du moins, je ne l’ouvre pas trop parce que si c’est de trop, mes congénères m’expliqueront que je ne suis pas réaliste. Tout en jouant frénétiquement au loto. L’Etat n’a plus à réprimer. Il a juste à nous abrutir. Il nous fait croire que notre liberté nous est acquise, sauf qu’il a trouvé le meilleur flic du monde : nous-mêmes. La méthode à l’ego a généré deux phénomènes : perte du sens du groupe, en tant que support solidaire, au profit d’un « nous » potentiel ennemi du « je »; obsession du « je » devenu sens de l’existence avec un sacre médiatique éventuel.

Nous allons tout droit dans la société décrite par Damasio dans La Zone du Dehors.Il nous manque juste quelques degrés de confort. Ce livre de science-fiction, lu cet été, m’a certes énormément marquée, mais il faut bien avouer qu’il y avait quelque chose de glaçant, parce que parfaitement envisageable. La méthode à l’ego, la meilleure répression du monde, la meilleure ivresse du monde, la plus belle arnaque, moi, moi, moi, et je tire tout seul comme un grand sur le « nous ».

Warhol pensait probablement annoncer une bonne nouvelle, ce jour de 1968. C’était en fait une oraison funèbre.

Celle de la révolution.

Billet initialement publié sur le site Izine sous le titre Warhol killed the revolution.

Photo FlickR CC : Matt Ortega ; David Spigolon ; Bruno Boutot.

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Le labyrinthe social du RSA jugé excluant par les travailleurs sociaux http://owni.fr/2010/11/03/le-labyrinthe-social-du-rsa-juge-excluant-par-les-travailleurs-sociaux-caf/ http://owni.fr/2010/11/03/le-labyrinthe-social-du-rsa-juge-excluant-par-les-travailleurs-sociaux-caf/#comments Wed, 03 Nov 2010 17:49:39 +0000 Actuchomage http://owni.fr/?p=37092 Il y a un an, les CAF pliaient sous le poids de la mise en place du RSA et de la montée de la demande sociale, au point de devoir fermer temporairement certaines caisses et points d’accueil pour résorber retards et surcharges de travail. Si l’on en croit l’enquête de la Fnars présentée le 18 octobre, c’est désormais aux travailleurs sociaux associatifs d’être victimes d’un “coup de blues” sur la mise en œuvre de cette nouvelle prestation.

Réalisée sur internet auprès d’un échantillon de 349 travailleurs sociaux (assistants de service social, éducateurs, conseillers en économie sociale et familiale…) du secteur associatif, l’enquête de la Fnars ne dit rien de l’état d’esprit des travailleurs sociaux des départements ou des CCAS. Mais elle n’en apporte pas moins un certain nombre d’enseignements.

Accueillant et accompagnant chacun entre dix et vingt personnes en difficulté — un chiffre qui ferait envie à tous les travailleurs sociaux des départements — au sein de centres d’hébergement d’urgence, de réinsertion sociale ou de structures d’insertion par l’activité économique, ces professionnels associatifs ont une vision assez pessimiste du fonctionnement du RSA. Ainsi, 35% estiment que l’attribution de cette prestation s’accompagne de la perte d’un certain nombre de droits connexes. Parmi ceux-ci figurent en premier lieu la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), l’aide personnelle au logement (APL) et les aides sociales locales en matière de transport, d’accès aux contrats aidés et de dégrèvement de la taxe d’habitation.

Autre grief formulé par les travailleurs sociaux associatifs : 56% d’entre eux constatent des difficultés dans les accompagnements réalisés par les référents uniques. Interrogés sur la nature de ces difficultés, 39% d’entre eux pointent un manque de coordination entre les différents services accompagnateurs, 37% les difficultés d’accompagnement par Pôle Emploi et 14% les difficultés d’accompagnement par les services du département. Par ailleurs, 28% des répondants disent observer des ruptures d’accompagnement fréquentes, voire très fréquentes.

La troisième observation concerne le RSA “activité”. Les professionnels interrogés sont en effet 25% à constater des difficultés dans l’ouverture des droits pour les personnes qu’ils accompagnent. Ces difficultés tiennent principalement à la lourdeur du dossier administratif relatif au RSA (25% de citations), aux difficultés de gestion du budget en raison de la variation du montant de l’allocation (21%), aux retards dans le traitement du dossier (20%), ainsi qu’aux difficultés de compréhension du mode de calcul de l’allocation (18%).

Enfin, la moitié des travailleurs sociaux du secteur associatif de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion se déclare insuffisamment informée par les départements sur les dispositifs locaux mis en place.

Article originellement publié sur le site Actuchomage sous le titre Des travailleurs sociaux exposent leurs griefs contre le RSA.

Photo FlickR CC CyberSlayer.

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