OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Vendredi c’est Graphism ! http://owni.fr/2012/06/08/vendredi-cest-graphism-tatouage-tedxpu/ http://owni.fr/2012/06/08/vendredi-cest-graphism-tatouage-tedxpu/#comments Fri, 08 Jun 2012 14:19:54 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=112924

Allez hop, on commence notre belle et grande revue de la semaine avec un tout nouveau projet d’artiste sur… les tatouages !Je n’ai pas de tatouages mais pourtant, cet art me fascine étrangement. En effet, un tatouage c’est avant tout une histoire, un passé, une pensée, une façon de s’exprimer par l’esthétique d’un dessin et l’esthétique d’un corps. Ainsi, j’ai été ravi de découvrir « Pen & Ink », un tout nouveau blog sur les tatouages ​​et les histoires qui se cachent derrières. Créé par Isaac Fitzgerald et Wendy McNaughton, chaque article dispose de l’illustration d’un tatouage accompagné de son histoire… manuscrite !

Un résultat très intéressant s’en dégage.

tatoo Les tatouages et... leurs histoires !

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On continue avec une vidéo très intéressante ! Il s’agit du SENSEable City Lab qui a conclu un partenariat avec la division SNCF pour la recherche et l’innovation afin de présenter de nouvelles façons de mieux comprendre comment les gens accèdent aux différentes parties de la France en utilisant le système ferroviaire à grande vitesse. Les réseaux de transport sont aujourd’hui très denses et sont munis de capteurs et des systèmes numériques pour faciliter les opérations de routine.

La vidéo ci-dessous combine ainsi plusieurs ensembles de données générées par ces systèmes pour fournir de nouvelles perspectives sur la façon dont la France se déplace sur le rail jusque parfois très tard ! L’idée est aussi de comprendre d’une meilleure façon comment les passagers sont affectés par les retards des trains et pourquoi pas, limiter le retard par passager tout en augmentant la satisfaction des passagers en général.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On enchaîne avec le logo de la semaine ! Dans la grande famille des « rebranding », je vous présente le nouveau logo de Twitter ! Twitter est un oiseau bleu… et l’oiseau bleu est Twitter ! En effet, l’image de Twitter a su s’imposer rapidement et facilement en quelques années auprès du grand public. Ce nouveau logo est en fait un « rebranding », une nouvelle version du même logo de marque. Twitter nous propose donc une version simplifiée du petit oiseau bleu qui prend son envol.

Le directeur de la création de la société, Doug Bowman, en a fait l’annonce hier sur le blog de Twitter, en déclarant:

« À partir de maintenant, cet oiseau est le symbole universellement reconnaissable de Twitter. Notre nouvel oiseau naît de l’amour pour l’ornithologie, du design et de la créativité et de la géométrie simple. Cet oiseau est conçu uniquement à partir de trois séries de cercles qui se chevauchent – semblable à la façon dont les réseaux, les intérêts et les idées se connectent et se croisent. Ainsi, un oiseau en vol est la représentation ultime de possibilité de liberté et de l’espoir sans limites. »

Le logo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

log Focus sur le nouveau logo de Twitter !

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Allez hop on continue notre revue de la semaine avec la vidéo de mon talk que j’ai eu la chance de faire pendant TEDxParis Université. En tant que designer, j’étais invité à parler librement autour du design et de la thématique de TEDx Paris Université (TEDxPU pour les intimes) : “Sortir de la Caverne”. J’en ai donc profité pour présenter ma vision personnelle de la posture du designer et ma façon de partager. Evidemment, le format de TED est particulier, c’est un exercice de style dans lequel on vient raconter un parcours, une histoire, une expérience de vie, etc.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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J’ai toujours été un grand fan des livres, des affiches et des cartes en pop-up . C’est donc avec plaisir que je vous présente une découverte de la semaine avec le graphiste Mengyu Chen qui a créé une magnifique collection d’animations sur des feuilles de papier. Ce graphiste & directeur artistique de Portland s’appelle Mengyu Chen et travaille actuellement sur une nouvelle bande dessinée. En attendant, ses idées et l’exécution de ses affiches / cartes pop-up sont vraiment très spectaculaires !

Delightful Paper Pop Ups by Jenny Chen pop ups paper illustration design animation

Delightful Paper Pop Ups by Jenny Chen pop ups paper illustration design animation

Delightful Paper Pop Ups by Jenny Chen pop ups paper illustration design animation

Delightful Paper Pop Ups by Jenny Chen pop ups paper illustration design animation

Delightful Paper Pop Ups by Jenny Chen pop ups paper illustration design animation

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On termine avec Konstantinos Frantzis, Kat Zorina et Ruben van der Vleuten qui ont construit un mélangeur à cocktails relié à… Twitter évidemment ! Un peu comme le piano cocktail de notre ami Boris Vian, cette installation est un prototype qui, selon les “trending topics” de Twitter, viendra choisir les ingrédients puis mélanger.

Tweets Tasty, c’est son petit nom, est donc une expérience de visualisation de données qui permet aux utilisateurs d’explorer les tendances actuelles à travers le “goût de twitter”. Ils utilissent l’API de Twitter et recueille les tweets contenant les noms des fruits spécifiques tels que les ananas, les pommes ou encore la carotte… le tout crée un cocktail ou un smoothie. Drôle d’idée non ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Le WTF de cette semaine est signé par la Moselle avec son nouveau logo de “Moselle Tourisme”. Un WTF graphique donc car la Moselle reprend donc son logo “officiel” et crée un logo mashup dans lequel on retrouve l’ancien logo de Twitter (dont les droits sont déposés), le petit pouce de Facebook (pareil) ainsi qu’une icône de flux rss et un grand + pour rappeler Google+… le tout ressemble à une icône d’application iPhone. Gloups !

“Il est le fruit d’un travail autour d’une identité visuelle vivante et dynamique qui évoque le web 2.0 à travers l’utilisation des éléments graphiques représentant différents réseaux sociaux tels que l’oiseau de Twitter, le + de Google +, le pictogramme Flux RSS et la main caractéristique de Facebook.Son effet brillant ou « Glossy » lui confère un aspect graphique faisant référence à une application Smartphone.Le code couleur utilisé bleu et orange fait référence à l’identité de Moselle Tourisme.Il reprend l’initiale du logo Moselle Tourisme qui devient un symbole à part entière.”

source & source

Pour le mot de la fin, je voulais vous proposer de hacker l’autisme, de vous plonger dans un drôle d’univers avec ce clip, de télécharger ce joli caractère intitulé Metropolis ou encore d’apprécier la finesse du dessin de meuble… en 3D !

Bon week-end et… à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures ;-)

Geoffrey

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Et si le droit d’auteur s’appliquait aux tatouages? http://owni.fr/2011/04/09/droit-dauteur-tatouages/ http://owni.fr/2011/04/09/droit-dauteur-tatouages/#comments Sat, 09 Apr 2011 10:00:35 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=55885 La semaine dernière, un billet intitulé Tattoos and moral rights: a couple of points to ponder (en) est paru sur l’excellent site anglais, The 1709 Blog, qui soulève des questions surprenantes (et assez tordues) sur les rapports entre le droit d’auteur et le tatouage.

Un lecteur se demande si le le tatoueur qui réalise un tatouage pour un client dispose d’un droit de propriété intellectuelle sur cette création, et dès lors, s’il peut utiliser son droit exclusif de représentation pour empêcher que le tatouage soit montré en public. Dispose-t-il également d’un droit moral qui pourrait lui permettre de s’opposer à ce que l’on modifie ou efface le tatouage, en mettant en avant son droit au respect de l’ œuvre ? Et qu’en est-il en matière de tatouage du droit de retrait ou de repentir qui permet théoriquement à un auteur de mettre fin à la publication d’une œuvre ?

Certains commentaires sous le billet vont encore plus loin dans le questionnement. L’un d’eux se demande [EN] ce qui pourrait se produire si un tatoué devient obèse, au point que cela déforme le tatouage. Le tatoueur peut-il agir en prétendant que l’on a dénaturé son œuvre ? Une autre personne répond qu’en vertu du droit de la personne à disposer de son corps, le tatoueur ne peut prétendre à l’intégralité de ses droits et que ceux-ci se limitent en fait au droit à la paternité sur l’œuvre. Voilà des questions juridiques comme je les aime ! Et cela m’a donné envie de creuser cette question du statut juridique du tatouage, ce qui m’a permis de constater qu’il existe un régime complexe en la matière et toute une jurisprudence – impliquant parfois des célébrités comme David Beckham ou Johnny Halliday ! – s’efforçant de concilier tant bien que mal des principes contradictoires. Vous allez voir que l’on est quand même pas loin du CopyrightMadness

Le droit d’auteur dans la peau

Tout d’abord, porter un tatouage, c’est indéniablement accepter d’avoir « le droit d’auteur dans la peau » (Brrr…). Car si le dessin reproduit sur l’épiderme du client par le tatoueur présente suffisamment d’originalité, il n’y a pas de raison de ne pas lui reconnaître le statut « d’œuvre de l’esprit », telle que l’entend le Code de Propriété Intellectuelle, et ce même si elle n’est pas signée :

Les dispositions du présent code protègent les droits des auteurs sur toutes les oeuvres de l’esprit, quels qu’en soient le genre, la forme d’expression, le mérite ou la destination.

La reconnaissance d’une œuvre de l’esprit est donc indépendante du support qui la véhicule, les juges exigeant seulement qu’il y ait une mise en forme suffisante des idées, de manière à les rendre sensibles, ce qui est bien le cas avec un tatouage. Néanmoins, le Code consacre également un principe essentiel de séparation des propriétés matérielle et intellectuelle, en définissant le droit d’auteur comme une « propriété incorporelle [...] indépendante de la propriété de l’objet matériel ». L’acquéreur d’un tableau par exemple n’est pas du seul fait de la vente investi des droits de propriété intellectuelle sur l’œuvre fixée sur la toile. Il ne peut vendre des reproductions tirées du tableau ou l’exposer en public, sans l’autorisation de l’auteur. C’est cette indépendance entre l’œuvre et son support qui crée une situation étrange en matière de tatouage, car le tatoué doit quelque part accepter qu’une partie de son propre corps ne lui appartienne plus entièrement. C’est même plutôt en un sens l’œuvre qui « possède » le tatoué !

Un cas intéressant survenu en 2010 aux Etats-Unis illustre bien les difficultés qui peuvent naître de la collision entre le droit sur l’œuvre et le droit sur le corps. En voyant le tatouage qu’il avait réalisé pour un basketteur célèbre, Rasheed Wallace, apparaître dans une publicité pour Nike, un tatoueur décida d’agir en justice pour revendiquer son droit d’auteur sur l’œuvre. Le basketteur avait versé 450 dollars pour le service rendu par le tatoueur, mais aucun contrat de cession de droit de propriété intellectuelle n’avait été signé. L’affaire s’est résolue par une transaction, mais il y a tout lieu de penser que le tatoueur aurait pu obtenir gain de cause devant un juge, car il restait titulaire des droits patrimoniaux sur le tatouage.

Une mésaventure inverse est arrivée au footballeur David Beckham. En 2005, des hommes d’affaires japonais essayèrent d’acquérir auprès du tatoueur de la vedette les droits sur le fameux tatouage d’ange ornant ses muscles dorsaux, afin de l’utiliser pour une ligne de vêtements. Refusant de voir une partie de son corps utilisée ainsi, David Beckham s’efforça de racheter lui-même de son côté les droits sur les dessins, mais pour une somme jugée insuffisante par le tatoueur. Devant les menaces de poursuites, celui-ci renonça au projet de création d’une ligne de vêtements, mais à titre de représailles, il menaça à son tour d’attaquer le footballeur si son œuvre apparaissait dans une campagne publicitaire montrant le footballeur dos nu ! Une telle « guérilla juridique » peut durer longtemps…

Le casse-tête des juristes

Pour débloquer de genre de situations, les juges s’efforcent de distinguer autant que possible les droits sur le dessin-tatouage (l’œuvre) et ceux sur le tatouage dessinée sur la peau (une des manifestations de cette œuvre). C’est ainsi qu’a procédé un juge belge en 2009 à propos d’une affaire dans laquelle un client se plaignait qu’un tatoueur ait utilisé une photo de son tatouage dans un annuaire à des fins publicitaires. Le juge a estimé au nom du droit de la personne à disposer de son corps qu’un tatoueur ne peut imposer à son client d’exposer son tatouage ou de le faire prendre en photo. Inversement, le tatoueur ne peut pas interdire à son client de se faire prendre en photo, s’il le désire. Par contre, le tatoueur est libre de son côté d’utiliser le dessin utilisé pour réaliser le tatouage, mais pas directement une photo du corps de son client, à moins que celui-ci ne donne son autorisation.

Les juges français raisonnent à peu près de la même façon, en accordant une primauté aux droits de la personne du tatoué sur le droit d’auteur du tatoueur, même si celui-ci dispose quand même de moyens d’agir en justice, comme l’a montré une affaire portant sur l’épaule… de Johnny Halliday ! Un tatoueur avait réalisé pour Johnny un tatouage représentant une tête d’aigle gratuitement, mais il prit tout de même la précaution déposer son dessin à l’INPI… Lorsque la maison de disques décida de commercialiser une série de CD, DVD et vêtements portant le dessin de cet aigle, le tatoueur attaqua en justice pour contrefaçon de son œuvre. Le juge a rendu une décision nuancée à cette occasion en reconnaissant à Johnny le droit d’exploiter son image, à condition que le tatouage apparaisse « de manière accessoire ». Mais pour des usages séparés du dessin, l’autorisation du tatoueur est bien requise et la maison de disques fut condamnée.

Enfin, outre le couple tatoueur/tatoué, un troisième personnage peut surgir, lorsque le tatoueur reproduit pour orner la peau de son client une œuvre préexistante et protégée, sans demander l’autorisation à l’auteur original. Il commet alors un acte de contrefaçon, qui s’inscrit de manière indélébile sur la peau du client ! C’est pourtant une pratique courante de s’inspirer d’œuvres préexistantes pour réaliser des tatouages, mais avant de choisir de choisir de se faire tatouer Mickey, Hello Kitty ou Dark Vador sur le corps, mieux vaut réfléchir, car n’oublions pas que les juges en matière de contrefaçon ont le pouvoir d’ordonner des saisies des copies, voire même… leur destruction. On imagine mal que les choses aillent aussi loin, mais allez savoir, il y a peut-être quelque chose dans ce goût-là dans l’accord ACTA ;-) !

Ce que je trouve intéressant, c’est que dans le domaine du tatouage, ce sont finalement moins les règles juridiques qui régulent les usages que d’autres types de code. Des règles de déontologie par exemple, dans la relation avec le client, comme on peut le lire ici. Et un certain code d’éthique entre tatoueurs (voir ici), qui fait qu’on répugne à se copier entre professionnels. Ce qui n’est pas sans me rappeler d’autres domaines, comme la cuisine, où le droit d‘auteur a du mal à s’appliquer, mais où des règles d’une autre sorte assurent une forme de régulation, d’une manière souvent plus souple.

Si ce sujet, vous intéresse, je vous recommande la lecture de cet article L’art dans la peau, par Judith Lachapelle, le dossier Droit du tatoueur et du tatoué sur le site tatouagedoc, ainsi que l’article Tatouage, droit d’auteur et droit du corps, paru dans Tatouage Magazine.


Article initialement publié sur le blog de Calimaq sous le titre : Tatouage : le droit d’auteur dans la peau

Photos flickr CC Julie Kertesz ; Tattoo lover ; Brice Hardelin

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Changer son corps — ou pas http://owni.fr/2011/02/19/changer-son-corps-%e2%80%94-ou-pas/ http://owni.fr/2011/02/19/changer-son-corps-%e2%80%94-ou-pas/#comments Sat, 19 Feb 2011 08:57:58 +0000 Didier Lestrade http://owni.fr/?p=46952

La dernière discussion sur le bébé médicament est vraiment un symbole de la gêne typiquement française sur le corps humain. Je ne sais pas si tout le monde s’est élevé contre cette histoire parce que ce bébé venait d’une famille française de Turcs qui parlent encore le turc dans l’espace familial, mais nous avons eu droit à des déclarations catastrophistes de tous les côtés et la Boutin a critiqué ces possibilités thérapeutiques comme des idées contraires à la République, pas moins. Dès qu’on parle des droits des transsexuels ou du corps qui change d’une manière plus générale, c’est comme si l’on pénétrait dans le domaine de l’eugénisme ou d’autres grands mots qui n’ont pas grand chose en commun avec la fascination que procure le corps humain de nos jours.

Le corps des gens change. À Minorités, on ne sait pas pourquoi, mais le texte qui a le mieux marché depuis deux ans, et de loin, c’est celui de Laurent Chambon sur « Vie de merde, bouffe de merde, corps de pauvres » . Le titre était accrocheur, mais c’est le contenu qui a fait peur. Notre corps évolue et comme toutes les choses qui changent, ça terrorise tout le monde.

Chirurgie esthétique, tatouage, piercing…

Les jeunes n’ont jamais été aussi grands en France et à travers le monde. Dans les pays riches, les doigts de pieds sont de moins en moins développés car nous avons accumulé plusieurs générations de chaussures de bonne qualité qui facilitent le travail de ces orteils. Les vrais blonds seraient une catégorie humaine en voie de disparition. Le tatouage est partout, les kids se font élargir les trous des lobes de leurs oreilles avec des bijoux qui ressemblent aux artefacts d’Afrique et d’Amérique latine. Les femmes ont de plus en plus recours à la chirurgie esthétique du vagin et pourquoi pas, qui ne voudrait pas avoir un organe sexuel plus joli ? Je ne dispose pas de chiffres exacts mais une personne calée sur le sujet m’a dit que pour la première fois dans l’histoire de la chirurgie esthétique masculine, les interventions les plus populaires concernent le sexe, pas le visage.

Bien sûr, ces derniers n’en parlent pas beaucoup car peu d’hommes (y compris les gays) ont envie de claironner sur tous les toits qu’ils se sont fait opérer pour avoir une bite plus harmonieuse ou plus longue. Il y en a beaucoup qui se sont fait circoncire à l’âge adulte parce que leur frein les dérange ou les fait jouir trop tôt, et puis il y a tout cet imaginaire inconscient qui sous-entend que la circoncision fait gagner ce petit centimètre en plus qui fait parfois toute la différence entre une bite moyenne et une belle bite.

Ma question : malgré Tumblr, Grindr [en], les sites de cul et de drague, le porno, le sexting, l’art érotique, la mixité raciale (le fait de découvrir d’autres corps), les partouzes des ados, l’excitation perpétuelle de la société qui nous vend du corporel à chaque seconde, pourquoi avons-nous tant de peur de la vitesse à laquelle nos corps évoluent ? La mode de la barbe, par exemple, qu’est-ce que ça veut dire sur ce besoin très facilement identifiable de séparer l’homme de la femme au moment où la transsexualité n’a jamais été autant visible ? Nous venons de traverser dix douloureuses années sur la métrosexualité, est-ce que nous allons revenir à une vraie virilité qui serait la prochaine étape du surhomme, l’Übermensch ?

Les gens n’ont jamais autant dépensé et investi dans leurs corps. Il y a encore vingt ans, on se moquait de ceux qui avaient recours à la chirurgie esthétique. Avec les progrès de la médecine réparatrice et un lobby médiatique redoutable via des dizaines d’émissions à travers le monde sur l’idée de Miss Swan et Relooking Extrême, tout le monde a désormais envie de changer ceci ou cela — et ça marche et ça coûte moins cher. Chez les gays, personne n’est dupe. Si chaque enfant coûte une moyenne de 385.000 dollars à ses parents au long de sa vie, alors un gay sans enfant peut théoriquement dépenser cette somme pour lui-même, pour son corps. Tout est alors possible. Vous avez remarqué sur Tumblr le nombre de mecs qui se sont tatoués la bite ? Personne ne faisait ça il y a encore dix ans !

Human enhancement

En 2007, le magazine Wired avait consacré sa couverture à l’amélioration du corps (humain enhancement) avec un titre qui résumait parfaitement l’idée: Beyond The Body [en]. L’expérience des sportifs nous montre que les joueurs de golf comme Tiger Woods recourent souvent à la chirurgie afin d’avoir une vision oculaire de 50/20 qui leur permet de voir très loin la balle de golf. Le plaisir sexuel de la femme peut être développé en insérant un implant au bas de la colonne vertébrale qui facilite électriquement l’orgasme. Pour solidifier les genoux, les sportifs bénéficient d’implants en métal et plastique qui assurent une meilleure liaison entre le tibia et le fémur. Ceux qui souffrent d’arthrite sévère aux mains améliorent leurs poings avec des os en métal, ce qui permet aux joueurs de piano ou de guitare de jouer plus rapidement. De même, les ligaments du coude peuvent être remplacés par d’autres ligaments prélevés sur une autre partie du corps. Certains marathoniens choisissent de courir sans chaussures [en], ce qui a un impact direct sur la morphologie du pied.

To poil...

Dans le cadre du sida, les programmes massifs de prévention sont en cours en Afrique pour circoncire des millions d’hommes (les hommes circoncis ont statistiquement moins à risque de devenir séropositifs que les hommes non circoncis). Ainsi, en Tanzanie, c’est 2,8 millions d’hommes [en] qui vont passer sur la table d’opération. On voit ainsi que des sujets de santé publique peuvent massivement changer la morphologie humaine. Sur Tumblr, on voit parfois apparaître des séries entières de portraits d’hommes pakistanais qui popularisent une beauté physique qui est souvent mise de côté dans les médias quand on parle d’un pays critiqué pour des raisons politiques. Sur Facebook et Tumblr aussi, certains se consacrent à promouvoir l’évolution récente de la morphologie des Asiatiques. C’est presque un travail de propagande, mais on peut voir ça aussi comme un outil qui encourage une meilleure connaissance de l’immense diversité des looks asiatiques et combattre ainsi les préjugés physiques qui contribuent à une forme de racisme.

Depuis l’année du Brésil en 2005, l’érotisme brésilien a eu un tel impact à travers le monde que les femmes se font épiler de manière à porter le string, c’est le désormais célèbre maillot brésilien. La mode hallucinante de l’eyewear fait que désormais des personnes qui n’ont pas de problème de vue se mettent à porter des lunettes qui ressemblent à celles que portent les myopes — ce qui d’ailleurs a fortement tendance à énerver ces derniers qui se passeraient bien de lunettes. Dans le porno, on utilise moins le Viagra et ses produits équivalents pour injecter directement dans le pénis un produit qui prolonge et développe l’érection. De même, dans le porno aussi, on voit de plus en plus d’hommes qui s’injectent du liquide physiologique dans les testicules pour avoir des trucs énormes qui ressemblent à de petits melons.

Le tatouage est devenue tellement industriel (voir l’immense succès de la série de MTV, Miami Ink) que l’on voit partout sur Tumblr des dessins et des idées totalement inimaginables il y a encore cinq ans. Les gangs mexicains et californiens imposent de plus en plus la beauté du tatouage sur le visage (voir le film de Christian Poveda et Sin Nombre de Cary Fukunaga) et n’oublions pas que le crâne tatoué de François Sagat a été un élément déterminant dans la promotion de son image.

Quand Britney Spears a décidé de se raser les cheveux en 2007, ce ne fut pas forcément le geste le plus idiot de la pop, mais la déclaration d’indépendance d’une superstar à travers un geste presque anarchiste. Madonna vient  de rajeunir ses mains pour y faire disparaître toutes les marques de son âge (53 ans). Les hommes imberbes qui veulent absolument avoir des pecs poilus n’hésitent plus à prendre des hormones mâles. En France, l’establishment médical est farouchement contre, mais l’hormone de croissance est largement disponible en Grèce et dans les pays voisins et a prouvé son statut de produit miracle dans la régénération de l’ensemble des tissus (peau, organes, cheveux), surtout chez les personnes âgées.

Les repères changent

Or not to poil ?

Sans arrêt, nous sommes confrontés à des images d’hommes et de femmes qui, par leurs différences physiques, nous amènent vers un monde moderne plus ouvert, plus tolérant. Caster Semanya a été au centre de polémique sur le statut d’hermaphrodite [en], peu discuté dans la société, et très différent du débat autour des personnes transgenres. Et puis,  comment un champion de cricket comme Hashim Amla avec sa barbe de musulman croyant devient un sex symbole dans son pays et bien au delà ? Pourquoi Thierry Henri est surnommé Anaconda sur ce que vous savez et cela reste au niveau d’un murmure underground ? Pourquoi l’acteur principal du film Submarino a attiré un public très gay uniquement parce que l’acteur avait un look de gay nordique alors que le film n’a rien à voir avec les gays ? Est-ce que le succès de Facebook est indépendant du sex appeal nerdy mais tenace de Mark Zuckerberg, ce qui a facilité la sortie d’un blockbuster ?

Au moment où Tron sort, l’idée du corps bionique n’a jamais été aussi séduisante à travers le monde et le succès des Daft Punk (artistes cachés par des masques de robot) touche désormais les 10-15 ans, alors que le public originel des Daft approche la quarantaine. I Sing the Body Electric [en] de Walt Whitman, repris par Weather Report [en] en 1972 est devenu réalité aujourd’hui. Les vidéos pop et la presse people imposent une morphologie humaine photoshopée, où la cellulite a été gommée et la peau est éclaircie pour tous (Noirs et Blancs). On est loin du désastre esthétique de Michael Jackson. On est dans une modification du corps améliorée, qui amène au succès.

Notre dilemme futur sera dans la conviction qu’un corps naturel, sans tatouage et sans rasage représente ce qui est le plus beau, mais qu’un corps modifié et amélioré concentre ce qui est le plus admirable.

Alors comment résoudre cette contradiction ?

Allons-nous devenir tous fous ?

Billet initialement publié sur Minorités

Images CC Flickr Glenn E. Malone BerlinMoritz et Pensiero

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