OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les réseaux sociaux au service de la société de surveillance http://owni.fr/2011/06/23/les-reseaux-sociaux-au-service-de-la-societe-de-surveillance/ http://owni.fr/2011/06/23/les-reseaux-sociaux-au-service-de-la-societe-de-surveillance/#comments Thu, 23 Jun 2011 12:49:09 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=71290

La dénonciation et le témoignage à charge sont des procédés courants dans le processus judiciaire. Toutefois, lorsqu’ils ne se passent plus dans la sphère confidentielle et encadrée du bureau d’un officier de police mais sur des sites publics, au nom de la citoyenneté, ils peuvent prêter à caution. C’est ce qui se passe à Vancouver, au Canada.

Émeutes de supporters

Le 15 juin, les Canucks de Vancouver se font laminer 4 à 0 devant les Boston Bruins en finale de la National Hockey League, le championnat de hockey sur glace d’Amérique du Nord. Et quand supporter déçu, lui mettre la ville à sac. Bilan de plus de trois heures d’émeutes, 180 blessés, 15 voitures brûlées, des vitrines brisées, des magasins pillés et des milliers de photos et vidéos capturées. Autant de traces potentielles pour identifier les fauteurs de troubles.

Alexandra Samuel, directrice du Centre des médias sociaux et interactifs de l’Université Emily Carr, revient dans un article très critique [en] sur ce qu’elle considère comme de la « surveillance citoyenne ». Cette fois-ci, ce n’est plus l’antienne du réseau social fauteur de trouble qui est sortie mais l’inverse : le réseau se fait auxiliaire de police. Que la communauté des fans de hockey comprennent un certain nombre de gros bourrins ne la gêne pas, elle le sait déjà. Non, ce qui l’a dérangée, c’est le comportement de « sa » communauté en ligne. Elle raconte :

« À peine les émeutes avaient-elles commencé que les tweets ont fusé :

"Une chose. Les médias sociaux devraient être utilisés pour arrêter tous ces idiots qui se comportent, et bien comme des idiots. #canucks #riots"

“Alors personne pour fouiller dans ses enregistrements vidéos de retour à la maison, pour poster des captures d’écran de ces émeutiers ? Idée de site : ‘identifier ce crétin’. “

“Hé, abrutis d’émeutiers : les médias sociaux n’existaient pas en 1994 (allusion à un scénario similaire en 1994, nldr). Vous allez vous faire bousiller, je l’espère vraiment #canucksriot”

“Cher Vancouver, ces émeutiers dégénérés sont encore dehors. J’espère que grâce aux médias sociaux, ces gros cons seront identifiés par leur propre famille et amis.”

Et regrette:

Cette adhésion enthousiaste au rôle potentiel des médias sociaux pour identifier les fauteurs de trouble m’a tout de suite dérangée. Je n’étais pas la seule. Comme un tweet largement repris l’a dit : “C’est la face sombre des smartphones et des médias sociaux : des gros cons prennent des photos et tweetent qu’ils sont au milieu des émeutes.”

L’entrée dans la “surveillance citoyenne”

La police joue le jeu des réseaux sociaux, en deux temps :

Sur Facebook, le VPD explique aussi [en] la marche à suivre pour envoyer des vidéos. Si elle détaille comment mettre le fichier en privé, elle n’impose en rien cette option.

Et le processus fonctionne, la participation est forte. Alors que la police se réjouit, Alexandra Samuel met l’accent sur les dangers du procédé. Si « la documentation et la narration ont toujours été au cœur de la culture des social media », les bornes du journalisme citoyen sont dépassées, les gens entrent dans la « surveillance citoyenne » :

Je suis bien moins à l’aise quand je pense à d’autres façons dont la surveillance crowdsourcée a été ou pourrait être utilisée : par le lobby pro-vie postant des photos de femmes se rendant dans des cliniques qui pratiquent l’avortement. Par des informateurs de régimes totalitaires traquant des billets et des tweets critiques envers le gouvernement. Par des patrons qui peuvent scanner Facebook pour voir lequel de ses employés a été taggué sur des photos de la Gay pride.[...]

Les utilisateurs des médias sociaux doivent décider si la surveillance doit faire partie de notre mission et de notre culture en ligne. [...]

Le but des médias sociaux – ou ce à quoi ils peuvent être destinés, si nous utilisons pleinement leur potentiel – c’est de créer une communauté. Et rien n’érodera plus vite la communauté, aussi bien en ligne qu’IRL, que de créer une société de surveillance mutuelle.

A contrario, certains ne voient dans cette surveillance crowdsourcée que le prolongement naturel 2.0 d’initiatives : « Je ne vois rien de mal avec cette “surveillance citoyenne, c’est ce que Parents Secours (qui vient en aide aux enfants, NDLR) et Community Watches (qui vient en aide à la police, NDLR) font depuis des décennies », explique ainsi un internaute en commentaire. Il faut souligner là un point culturel : un Anglo-saxon n’a pas de problème avec la notion de délation, la « neighbourhood watch » [en], la surveillance du voisinage, est quelque chose d’intégré. Contrairement à la France, où la collaboration durant la Seconde Guerre mondiale a connoté de façon très péjorative cette pratique.

La façon dont certains ont dépassé les instructions de la police apportent déjà de l’eau au moulin d’Alexandra Samuel. Sous le coup de la colère devant l’ampleur des dégâts, certains ont mis en place des sites, où sont publiées les photos, sans floutage. Ainsi Vancouver Riot Pics [en] non seulement invite les gens à envoyer leurs photos, mais affiche carrément en homepage un diaporama. Leur page Facebook a été likée par plus de 100.000 personnes.

Il y a aussi ce Tumblr Vancouver 2011 Riot Criminal List [en], sous-titré : « Anonymous crime in a Web 2.0 world? I don’t think so! » (« Le crime anonyme dans un monde 2.0 ? Je ne pense pas ! »).

Ce sont aussi de simples groupes Facebook rassemblant des photos qui ont été mis en place, comme Stupid Vancouver Riot [en], ou bien Report Canuck RIOT Morons [en], ou bien encore un compte Flickr. Les commentaires donnent lieu à une forme de justice/vindicte populaire, sur le schéma image des présumés coupables + insultes. Ici rigolarde, avec quand même un « salope » à l’appui :

Là un peu moins :

Parfois on s’improvise enquêteur :

Pour une justice sereine, on repassera. Dans le même esprit, on peut citer le contrôle crowdsourcée de la frontière du Mexique avec les États-Unis : n’importe qui avec une connexion peut débusquer les immigrants illégaux sur les écrans reliés à un réseau de webcams.

Sans même parler de philosophie du réseau, le droit définit déjà en partie ce qui relève de l’illégal, à charge au législateur d’adapter si nécessaire le corpus pour apporter un cadre à ces nouvelles pratiques.

On a le droit de prendre des photos de personnes présentes à une manifestation, et certainement le droit de les poster sur un site, explique Marie-Andrée Weiss, avocate au barreau de New York, spécialisée dans les questions de vie privée et du numérique. C’est le droit à l’information, qui peut primer sur le droit à la vie privée. S’il s’agit d’un événement d’actualité, dont la presse peut légitimement rendre compte, que les photographies sont en relation directe avec l’article ou l’information rapportée sur les réseaux sociaux, que ces photographies sont prises dans un lieu public et qu’elles ne portent pas atteinte à la dignité de la personne prise en photo, c’est légal. Mais on n’a pas le droit de les dénoncer les personnes prises en photo comme criminels ou déviants, ou bien de tagguer les photos de manière insultante, ce serait diffamatoire.

L’utilisation de la reconnaissance faciale pose aussi des problèmes. L’Insurance Corporation of British Columbia, qui propose un logiciel à cette fin, a ainsi offert ses services à la police de Vancouver. Et il pourrait en être de même avec Facebook. Mark Rotenberg, directeur exécutif de l’Electronic Privacy Information Center, qui a porté plainte contre la Federal Trade Commission américaine à propos du logiciel du réseau social, a exprimé ses doutes [en] sur cette initiative. Enfin, note Marie-Andrée Weiss, « cela poserait des questions de validité de ce moyen de preuve ».

Dans un communiqué de presse publié le 20 juin, soit 5 jours après les émeutes, la police de Vancouver déclare avoir reçu approximativement 3500 emails, dont 53 avec des vidéos et 708 avec des images en pièce jointe, 676 avec des liens vers YouTube, 1011 liens vers d’autres réseaux sociaux (essentiellement Facebook), 344 emails ne contenant que du texte… plus 280 signalements via le Crime Stoppers, le formulaire de dénonciation anonyme de la police de Vancouver.

12 personnes se sont rendues d’elle-mêmes après que la police ait indiqué qu’elle serait plus clémente avec ceux qui se viendraient se livrer et, au total, 117 personnes ont été interpellées. La police ne précise pas, cela dit, le nombre des personnes arrêtées parce qu’elles avaient été dénoncées ou retrouvées grâce aux photos et vidéos partagées sur les réseaux.


Sujet suggéré par Davduf.
Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Dustan Sept

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Voilà à quoi pourrait ressembler la commande d’une pizza en 2015… http://owni.fr/2011/02/05/voila-a-quoi-pourrait-ressembler-la-commande-dune-pizza-en-2015/ http://owni.fr/2011/02/05/voila-a-quoi-pourrait-ressembler-la-commande-dune-pizza-en-2015/#comments Sat, 05 Feb 2011 09:30:22 +0000 Humeurs http://owni.fr/?p=44764 Billet initialement publié sur Humeurs, qui a reçu cette contribution d’un de ses lecteurs, avec ce texte de présentation :

Je ne résiste pas au fait de vous faire  suivre cette “dérive”, certes très noire, connue aussi ; mais il n’est pas inutile de faire une piqûre de rappel par ces temps sarkozés parsemés d’une foultitude de lois liberticides… C’est exagéré ? Vraiment ? Allez, bonne lecture. Et avec le sourire, nous sommes sûrement filmé(e)s !…

Marissé

L’auteur original de ce texte est difficilement identifiable. Un de nos lecteurs nous a signalé qu’il ressemble fortement au scénario du court-métrage ci-dessous “Pizza 2015″ produit par Atmosphère Production (qui nous a donné l’autorisation de le publier). Mais d’autres l’on aussi trouvé dans des mailing-lists de 2003 et 2005.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

… suite aux dérives de l’interconnexion des données informatiques.

Standardiste : Speed-Pizza, bonjour.

Client : Bonjour, je souhaite passer une commande s’il vous plaît.

Standardiste : Oui, puis-je avoir votre NIN, Monsieur ?

Client : Mon Numéro d’Identification National ? Oui, un instant, voilà, c’est le 6102049998-45-54610.

Standardiste : Je me présente, je suis Noa Legarrec-Garcia. Merci M. Jacques Lavoie. Donc, nous allons actualiser votre fiche, votre adresse est bien le 174, avenue de Villiers à Carcassonne, et votre numéro de téléphone le 04 68 69 69 69. Votre numéro de téléphone professionnel à la Société Durand est le 04 72 25 55 41 et votre numéro  de téléphone mobile le 06 06 05 05 01. C’est bien ça, Monsieur Lavoie ?

Client (timidement) : Oui !

Standardiste : Je vois que vous appelez d’un autre numéro qui correspond au domicile de Melle Isabelle Denoix, qui est votre assistante technique. Sachant qu’il est 23h30 et que vous êtes en RTT, nous ne pourrons vous livrer au domicile de Melle Denoix que si vous nous envoyez un XMS à partir de votre portable en précisant le code suivant AZ25/JkPp+88.

Client : Bon, je le fais, mais d’où sortez-vous toutes ces  informations ?

Standardiste : Nous sommes connectés au système croisé, Monsieur Lavoie.

Client (soupir) : Ah bon ! Je voudrais deux de vos pizzas spéciales mexicaines.

Standardiste : Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Monsieur Lavoie.

Client : Comment ça ???…

Standardiste : Votre contrat d’assurance maladie vous interdit un choix aussi dangereux pour votre santé, car selon votre dossier médical, vous souffrez d’hypertension et d’un niveau de cholestérol supérieur aux valeurs contractuelles. D’autre part, Melle Denoix ayant été médicalement traitée il y a trois mois pour hémorroïdes, le piment est  fortement déconseillé. Si la commande est maintenue, la société qui l’assure risque d’appliquer une surprime.

Client : Aie ! Qu’est-ce que vous me proposez alors ?

Standardiste : Vous pouvez essayer notre pizza allégée au yaourt de soja, je suis sûre que vous l’adorerez…

Client : Qu’est-ce qui vous fait croire que je vais aimer cette pizza  ?

Standardiste : Vous avez consulté les “Recettes gourmandes au soja” à  la bibliothèque de votre comité d’entreprise la semaine dernière,  Monsieur Lavoie et Melle Denoix a fait, avant-hier, une recherche sur le Net, en utilisant le moteur “booglle2.con” avec comme mots clés “soja”  et “alimentation”. D’où ma suggestion.

Client : Bon d’accord. Donnez-m’en deux, format familial. 

Standardiste : Vu que vous êtes actuellement traité par Dipronex et  que Melle Denoix prend depuis deux mois du Ziprovac à la dose de trois comprimés par jour et que la pizza contient, selon la législation, 150 mg de Phénylseptine par 100g de pâte, il y a un risque mineur de nausées si vous consommez le modèle familial en moins de sept minutes. La législation nous interdit donc de vous livrer. En revanche, j’ai le feu vert pour vous livrer immédiatement le modèle mini.

Client : Bon, bon, ok, va pour le modèle mini. Je vous donne mon  numéro de carte de crédit.

Standardiste : Je suis désolée Monsieur, mais je crains que vous ne  soyez obligé de payer en liquide. Votre solde de carte de crédit Visa dépasse la limite et vous avez laissé votre carte American Express sur votre lieu de travail. C’est ce qu’indique le Credicard Satellis Tracer.

Client : J’irai chercher du liquide au distributeur avant que le livreur n’arrive.

Standardiste : Ça ne marchera pas non plus, Monsieur Lavoie, vous  avez dépassé votre plafond de retrait hebdomadaire.

Client : Mais, ce n’est pas vos oignons ! Contentez-vous de m’envoyer les pizzas ! J’aurai le liquide. Combien de temps ça va prendre ?

Standardiste : Compte tenu des délais liés aux contrôles de qualité, elles seront chez vous dans environ quarante-cinq minutes. Si vous êtes pressé, vous pouvez gagner dix minutes en venant les chercher, mais transporter  des pizzas en scooter est pour le moins acrobatique.

Client : Comment diable pouvez-vous savoir que j’ai un scooter ?

Standardiste : Votre Peugeot 408 est en réparation au garage de  l’Avenir, en revanche, votre scooter est en bon état puisqu’il a passé le contrôle technique hier et qu’il est actuellement stationné devant le domicile de Melle Denoix. Par ailleurs j’attire votre attention sur les risques liés à votre taux d’alcoolémie. Vous avez, en effet réglé quatre cocktails Afroblack au Tropical Bar, il y a quarante-cinq minutes. En tenant compte de la composition de ce cocktail et de vos  caractéristiques morphologiques, ni vous, ni Melle Denoix n’êtes en état de conduire. Vous risquez donc un retrait de permis immédiat.

Client : @#/$@& ?# !

Standardiste : Je vous conseille de rester poli, Monsieur Lavoie. Je  vous informe que notre standard est doté d’un système anti-insulte en  ligne qui se déclenchera à la deuxième série d’insultes. Je vous  informe en outre que le dépôt de plainte est immédiat et automatisé. Or, je vous rappelle que vous avez déjà été condamné en juillet 2014  pour outrage à agent.

Client (sans voix) : …

Standardiste : Autre chose, Monsieur Lavoie ?

Client : Non, rien. Ah si, n’oubliez pas le Coca gratuit avec les  pizzas, conformément à votre pub.

Standardiste : Je suis désolée, Monsieur Lavoie, mais notre démarche qualité nous interdit de proposer des sodas gratuits aux personnes en surpoids. Cependant à titre de dédommagement, je peux vous consentir 15% de remise sur une adhésion flash au contrat Jurishelp, le contrat  de protection et d’assistance juridique de Speed assurance. Ce contrat  pourrait vous être utile, car il couvre, en particulier, les frais  annexes liés au divorce… Vu que vous êtes marié à Mme Claire Lavoie, née Girard, depuis le 15/02/2008 et vu votre présence tardive chez Melle Denoix, ainsi que l’achat il y a une heure à la pharmacie du Canal  d’une boîte de quinze préservatifs et d’un flacon de lubrifiant à usage intime. À titre promotionnel, je vais faire joindre aux pizzas un bon de 5 euros de réduction pour vos prochains achats de préservatifs valable chez Speed-Parapharma. Toutefois, veuillez éviter les pratiques susceptibles d’irriter les hémorroïdes de Melle Denoix, pour lesquelles Speed-Parapharma se dégage de toute responsabilité.

Bonsoir Monsieur et merci d’avoir fait appel à Speed-Pizza

Image CC Flickr Stéfan et joshfassbind.com

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Le WebcamGate http://owni.fr/2010/04/03/le-webcamgate/ http://owni.fr/2010/04/03/le-webcamgate/#comments Sat, 03 Apr 2010 10:00:21 +0000 Philippe Quéau http://owni.fr/?p=11539

roberto kusterle5

Blake Robbins, un élève de l’école Harriton, habitant à Penn Valley, près de Philadelphie, vient de déclencher un véritable scandale, déjà nommé le « WebcamGate », en accusant les responsables de son école d’avoir activé à distance la webcam de son portable pour l’espionner dans sa chambre.
Cette webcam est installée sur son MacBook, qui lui a été attribué par l’école ainsi qu’aux autres élèves.


Tout a commencé en novembre dernier, quand Blake Robbins, âgé de 16 ans, s’est vu reprocher par l’un des responsables de l’école, M. Lindy Matsko, de s’être livré à des « pratiques impropres » à son domicile. Pour étayer cette affirmation, M. Matsko aurait produit des photos prises à distance par l’intermédiaire de la webcam, et qui montrait le jeune Blake en train de manipuler deux « pilules », qui seraient en fait des substances illégales. La famille de Blake a affirmé que ce n’était que des bonbons.

L’affaire a pris un tour très sérieux, avec le dépôt d’une plainte des parents au nom de Blake et des 1800 autres élèves utilisant les mêmes ordinateurs portables dans ce district scolaire.


Le FBI a lancé une enquête. L’Electronic Frontier Foundation s’est aussi lancé dans la bataille, et a témoigné devant le Congrès pour que de nouvelles lois protégeant la vie privée soient adoptées contre la vidéo-surveillance cachée.

Espionner des jeunes élèves dans l’intimité de leurs chambres, par le biais de leurs webcams, offre un énorme potentiel aux gens malintentionnés… Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin.

Que cette affaire ne soit qu’un cas exceptionnel, ou bien qu’elle révèle un phénomène plus ample, aujourd’hui rampant, mais en voie de généralisation, est une question qui vaut la peine qu’on s’y arrête.

Je pense que ce que révèle aujourd’hui le WebcamGate n’est qu’une amorce d’un mouvement global vers la transparence absolue des vies aux regards panoptiques, inquisiteurs des éducateurs, des policiers, des agents de toute obédience,… et aux actions variées des malfaisants de toutes sortes.

Rien de nos vies ne doit plus échapper au « système » panoptique


L’idée de transparence est très calviniste. Les êtres purs n’ont pas besoin de rideaux aux fenêtres. Mais aujourd’hui Calvin offrirait lui-même une certaine opacité par rapport aux normes contemporaines !

La tendance lourde (rendue évidente par l’alliance objective entre le « tout-sécuritaire » et les immenses profits techno-post-industriels de l’appropriation mercantile du domaine personnel) est que rien de nos vies ne doit plus échapper au « système » panoptique, pan-acoustique et pan-gnostique que nous renforçons volontairement année après année.

Généralisons. La société tout entière est en train de devenir l’otage d’une accumulation inouïe de données, et d’images personnelles, favorisée par des techniques d’intrusion de plus en plus violentes, systématiques et radicales, le tout étant favorisé par une sorte d’idéologie crypto-calviniste, selon laquelle seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher ou à cacher peuvent vouloir exiger des lois fortement répressives et dissuasives contre toute atteinte à la vie privée.


Les bonnes âmes, elles, n’ont pas besoin de telles lois. Elles préfèrent même collaborer au système de purification générale.

> Billet initialement publié sur Metaxu

Voir aussi l’intégralité de notre dossier sur le sujet, où il est entre autre question de ces adolescents envoyés en prison, aux États-Unis, parce que des policiers y ont remplacé les surveillants, du fait que la vidéosurveillance est tellement développée, en Grande-Bretagne, qu’on y trouve des caméras, non seulement dans les salles de classe, mais également dans les toilettes de 10% des écoles :

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