OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 De l’origine numérique de la dictature et de la démocratie http://owni.fr/2011/02/28/de-lorigine-numerique-de-la-dictature-et-de-la-democratie/ http://owni.fr/2011/02/28/de-lorigine-numerique-de-la-dictature-et-de-la-democratie/#comments Mon, 28 Feb 2011 19:44:41 +0000 Patrick Meier http://owni.fr/?p=49079 Sauf mention contraire, les liens de cet article sont en anglais.

J’ai soutenu ma thèse début 2008, mais la majorité de la documentation la plus pertinente et utile pour mes recherches doctorales est parue en 2009 et 2010. Je suis donc reconnaissant envers le programme doctoral de la Fletcher School de m’avoir permis de mener mon travail de thèse sur le sujet que j’avais choisi compte tenu de la littérature limitée sur laquelle m’appuyer à l’époque.

Le meilleur ouvrage que j’ai lu depuis le début de ce travail est celui de Philip Howard, The digital origins of dictatorship and democracy: information technology and political islam (Les origines numérique de la dictature et la démocratie : les technologies de l’information et l’islam politique), publié il y a quelques mois. Howard cherche à répondre aux questions suivantes :

Quelle est la recette de la démocratisation ? Les technologies de l’information en sont-elles un ingrédient important ?

Plus précisément, “le but de ce livre est d’analyser la façon dont les nouvelles technologies de l’information ont contribué à ancrer ou à favoriser la transition vers la démocratie dans les pays composés de larges communautés musulmanes”. Howard montre que “la diffusion de la technologie a eu un rôle crucial et déterminant dans l’amélioration des institutions démocratiques” et “que la diffusion de la technologie est devenue, en combinaison avec d’autres facteurs, une cause à la fois nécessaire et suffisante à la transition ou à l’établissement durable de la démocratie”. Howard conclut :

Il est clair qu’Internet et les téléphones portables n’ont pas, à eux seuls, provoqué la moindre transition démocratique, mais il est raisonnable de conclure qu’aujourd’hui, il n’y a pas de transition démocratique possible sans les technologies de l’information.

L’ouvrage a reçu, sans surprise, de superbes critiques. C’est véritablement le meilleur livre portant sur le sujet de ma thèse que j’ai lu à ce jour. Pourquoi ? Le protocole de recherche de Howard et sa méthodologie mixte sont de loin les plus rigoureux dans la littérature à ce jour. J’ai donc l’intention de consacrer quelques billets sur mon blog au résumé de l’approche et des conclusions d’Howard, en commençant dès à présent par la préface du livre : “La révolution au Moyen-Orient sera numérique“, qui met l’accent sur la révolution verte en Iran. Voici quelques extraits et commentaires révélateurs de certains des arguments clés de cette première partie du livre.

Nouvel outil de communication politique

Un des rôles principaux joués par les technologies de l’information et de la communication (TIC) en Iran a été un rôle de diffusion, laquelle a eu comme effet secondaire l’augmentation des niveaux de participation à la fois dans la rue et en ligne.

Les responsables de la campagne menée par l’opposition en Iran insistent sur le fait que de tels usages d’Internet leur permettent de faire passer des messages comme jamais auparavant et, dès lors, d’organiser des meetings de plus en plus importants. Privés d’accès aux médias audiovisuels, les militants de l’opposition ont transformé les réseaux sociaux comme Facebook d’un phénomène passager et mineur de la pop culture à un outil majeur de communication politique.

Durant la période de protestation, même les blogueurs les plus apolitiques ont couvert les manifestations, la fréquentation des principaux blogs a augmenté [et] les réseaux sociaux [...] ont même permis à des zones enclavées de créer du contenu et de reprendre contact avec des amis et de la famille en Iran.

Peu importe que le nombre de blogueurs, d’utilisateurs de Twitter, ou d’Internet puisse sembler faible, car dans un mouvement social en réseau il n’y a besoin que de quelques “courtiers d’opinion” qui utilisent ces outils pour que tout le monde soit au courant.

Ces outils de communication sont ceux de la population aisée, urbaine, des élites instruites dont la loyauté ou la défection fera ou brisera le régime autoritaire. En effet, il est probablement plus utile d’évaluer les applications telles que Twitter à travers les communautés qui s’appuient dessus, plutôt qu’à travers les fonctionnalités et outils qu’elles proposent. [...] Les chercheurs spécialisés dans l’analyse des mouvements sociaux expliquent que la défection de l’élite marque habituellement la fin d’un régime autoritaire.

A certains égards, la réponse du régime a été très nettement orientée vers les vieux médias : expulsions de correspondants étrangers, blocages de lignes téléphoniques, entraves à la publication des journaux quotidiens, et accusations portées envers des gouvernements ennemis de répandre la désinformation.

Ils avaient sous-estimé le nombre important d’Iraniens désireux de soumettre leur propre contenu aux agences de presse internationales. Peut-être plus important encore, ils n’avaient pas réalisé qu’un grand nombre d’Iraniens utiliseraient les réseaux sociaux pour partager entre eux leurs propres histoires de passages à tabac, d’inhalations de gaz lacrymogène, et l’euphorie de la protestation.

Le cyber-activisme ne provient plus uniquement de pirates isolés et motivés politiquement. Il s’agit plutôt d’un mode d’action profondément intégré à la stratégie des mouvements sociaux contemporains et accessible aux utilisateurs d’ordinateurs et de téléphones portables possédant seulement des compétences de base : c’est une caractéristique distinctive de la communication politique moderne et un moyen de créer l’élan qui marque un changement social.

Comme Malcolm Gladwell, Howard aborde également le rôle des liens forts et faibles dans l’activisme en ligne. Pour en savoir plus sur le point de vue de Gladwell (et le mien) en ce qui concerne la question du lien social, je vous invite à aller voir mon billet précédent sur mon blog.

Des millions de personnes sont descendues dans les rues la semaine suivant l’annonce des résultats de l’élection et ils n’utilisaient certainement pas tous Twitter. La majorité d’entre eux, cependant, ont réagi à des liens en réseau à la fois forts et faibles ainsi qu’aux technologies numériques conçues pour maintenir ces liens.

L’activation sans précédent de liens sociaux faibles a rendu visibles aux yeux des mollahs les préoccupations de la jeunesse désœuvrée, des électeurs trompés, et des manifestants passés à tabac. Cela a eu comme résultat une scission au sein du pouvoir sur la façon dont il fallait réagir à l’insurrection, la façon de procéder au dépouillement des bulletins de vote, et comment autoriser Ahmadinejad à prendre le pouvoir de façon crédible.

L’approche modérée de l’impact des TIC sur la démocratie développée par Howard est l’un des principaux points forts de son livre.

Le pays possède ainsi l’une des communautés les plus dynamiques du monde sur les médias sociaux et le système audiovisuel le plus concentré du monde musulman. Pourquoi, dans ce cas, la révolution numérique en Iran n’a-t-elle pas eu le même type de résultats politiques ou de conséquences institutionnelles que celles observées dans d’autres régimes autoritaires ?

Un élément de réponse est qu’en même temps que ces technologies de l’information sont devenues une base fondamentale pour les journalistes et les groupes issus de la société civile, elles sont aujourd’hui une condition nécessaire mais non suffisante à un changement de régime. Ainsi, en se fondant sur une expérience issue du monde réel, quelle est la recette de la démocratisation, et les technologies de l’information en sont-elles un ingrédient important ?

Selon la théorie des ensembles flous, l’insurrection post-électorale en Iran était presque un modèle de révolution numérique. Il est peu probable que les manifestations auraient duré si longtemps, auraient obtenu autant de soutien international, et auraient eu un tel impact sur la politique intérieure sans les téléphones portables et Internet. Internet n’a pas provoqué l’insurrection, et c’est sans doute un truisme que de dire qu’aucune révolution démocratique contemporaine au Moyen-Orient ne se fera sans Internet. En période de crise politique, de simples outils qui servent habituellement à gaspiller son temps, comme Twitter et YouTube, deviennent l’infrastructure sur laquelle s’appuient les mouvements sociaux. Comme un bloggeur azéri me l’a dit, le régime sait désormais qu’Internet rend possible l’action collective.

La technologie à elle seule ne provoque pas de changement politique – cela n’a pas été le cas en Iran. Mais elle apporte de nouveaux savoir-faire et impose de nouvelles contraintes sur les acteurs politiques. Les nouvelles technologies de l’information ne renversent pas les dictateurs ; elles sont utilisées pour prendre les dictateurs au dépourvu.

Ce dernier paragraphe entre en résonance avec mes propos et se rapporte à l’idée de cascade d’information que Dan Drezner évoque sur son blog. La petite fenêtre d’opportunité que permet l’inversion des cascades d’informations peut être utilisée pour prendre les dictateurs au dépourvu. C’est pour cela que la préparation et la formation sont importantes.

Impact réel

Ainsi, en définitive, quel a été l’impact réel des protestations de 2009 ? Selon Howard :

Les médias numériques ont soutenu les protestations bien au-delà de ce que les experts avaient anticipé. En effet, cette nouvelle infrastructure de l’information a donné aux meneurs des mouvements sociaux la capacité d’obtenir non seulement du soutien de la part d’auditoires favorables à l’étranger mais aussi d’atteindre deux grands groupes nationaux : l’électorat rural et conservateur qui avait peu de contacts avec le chaos urbain, et la classe religieuse.

Qui plus est, Internet a permis aux mouvements sociaux de se rapprocher de la large population religieuse à travers les liens faibles que l’on trouve sur les réseaux sociaux et qui ont relié les mollahs aux Iraniens présents dans les rues.

Les manifestations iraniennes ont échoué à renverser le gouvernement. Mais, et cela est au moins aussi important, la censure la plus sophistiquée et technologiquement avancée au monde n’a pas réussi à gérer la crise électorale. Les dictateurs de la région ont désormais une nouvelle préoccupation : leur propre jeunesse désœuvrée, et férue d’informatique.

Le monde a suivi avec intérêt la volonté de changement exprimée en Iran, et cela pourrait s’avérer être la répercussion la plus déstabilisante de la période de protestation. Les brutalités du régime ont été diffusées dans le monde entier. Le monde a vu la contestation, et le régime sait bien que le monde l’a vue.

Conscience partagée

Cette idée de conscience partagée me plaît beaucoup, notamment en raison du travail que j’ai fait sur la plateforme Ushahidi puisque l’outil – s’il est utilisé correctement – peut susciter une conscience partagée. Mais pourquoi une conscience partagée est-elle si importante dans ce contexte ?

Comme Shirky l’a récemment fait remarquer, “les médias sociaux permettent à leurs participants d’accéder à une “conscience partagée”, définie comme la “capacité de chaque membre d’un groupe non seulement d’appréhender la situation immédiate mais aussi de comprendre que les autres le font, eux aussi”. Dan Drezner va plus loin, affirmant que “la capacité de l’État à réprimer peut s’évaporer [...] quand une masse critique de citoyens prennent conscience de leurs mécontentement mutuel de leur gouvernement“.

Pour moi, l’un des points les plus importants qu’Howard soulève dans la préface de ce livre est le suivant : “Les conditions initiales de l’organisation du mouvement social sont très différentes de celles de l’époque pré-Internet”. Voici quelques autres éléments clés à retenir :

Dans les systèmes de communication politique contemporains, les citoyens se tournent vers Internet pour avoir accès aux actualités et aux informations en temps de crise politique. Les réseaux sociaux en ligne n’ont pas seulement de l’influence en tant que moyens de communication, ils sont aujourd’hui également une infrastructure fondamentale pour les mouvements sociaux. Internet mondialise les luttes locales.

Les technologies de l’information et de la communication se présentent comme une infrastructure qui permet de transposer l’idéal démocratique de communautés en communautés. Elles soutiennent le processus d’apprentissage de nouvelles manières d’envisager la représentation politique, d’expérimentation de nouvelles stratégies organisationnelles, et d’élargissement cognitif des possibilités et des perspectives de transformation politique.

Mais ce serait une erreur de rattacher les théories du changement social à un service web particulier. Durant l’été 2009, l’insurrection iranienne a été fortement influencée par plusieurs outils de communication numérique, qui ont rendu possible l’organisation de manifestations, l’échange d’informations entre mouvements sociaux du pays, et ont permis à ces groupes de maintenir le contact avec le reste du monde.

Les appels radios et télévisés traditionnels étaient secondaires dans la mobilisation, et ne sont pas essentiels pour comprendre ce qui s’est passé en Iran l’été dernier.

Cette dernière question est pertinente, c’est selon moi la bonne façon de poser le débat sur l’activisme en ligne dans des contextes répressifs. La question peut également s’appliquer aux déploiements de la plate-forme Ushahidi, au sens où l’on peut se demander si le manque d’impact du déploiement d’Ushahidi relève d’un échec technique ou bien social.

Howard fait un certain nombre de remarques dans sa préface qui m’ont fait réfléchir aux plates-formes Ushahidi et Swiftriver. Il dit par exemple :

Les régimes autoritaires mènent toujours des guerres de propagande à travers les médias audiovisuels. Mais quelles mesures peuvent être prises à l’encontre du frisson suscité par l’appel d’une personne de votre réseau social victime de violences policières ?

Rafsandjani a élaboré un dispositif ad hoc pour effectuer des sondages à la sortie des urnes au moyen de téléphones portables. Les théoriciens de la démocratie délibérative considèrent que des sondages indépendants à la sortie des urnes sont un élément logistique clé d’une pratique électorale saine. Cela explique probablement pourquoi la désactivation des services de téléphonie mobile est si importante pour décourager toute tentative de mesurer à quel point une élection contemporaine a été truquée.

Les chaînes d’information en persan de Los Angeles ont reçu quotidiennement des centaines de vidéos, et YouTube est devenu la base de données des expériences vécues dans les rues chaotiques de Téhéran et capturées par l’objectif. Le 20 juin, Neda Agha-Soltan a été abattue lors d’une manifestation, et sa mort a été enregistrée par plusieurs téléphones portables équipés de caméras.

Cet article a été initialement publié en anglais sur iRevolution et repéré par OWNI.eu.

Crédits Photo Flickr CC Hamed Saber

]]>
http://owni.fr/2011/02/28/de-lorigine-numerique-de-la-dictature-et-de-la-democratie/feed/ 4
Révolution 3.0 http://owni.fr/2010/03/02/revolution-3-0/ http://owni.fr/2010/03/02/revolution-3-0/#comments Tue, 02 Mar 2010 14:32:00 +0000 Jean-Michel Billaut http://owni.fr/?p=9272 evolution

En matière de prospective dans le domaine des TIC, Jean-Michel Billaut est incontournable, et à juste titre. Il suffit de lire ce billet écrit en 2007 par le fondateur de L’Atelier. Dans ce texte de présentation de son blog Révolution 3.0, il annonçait le bouleversement profond apporté par les nouvelles technologies à notre société.

Les Etres Humains démarrent, me semble-t-il, leur troisième grande Révolution…

Selon les scientifiques (on laissera de côté les religions et autres mythes), Homo Sapiens est le dernier représentant de la famille de Hominidés, famille apparue sur cette Terre il y a environ 7 millions d’années.

Ce dernier rejeton de cette grande famille serait né en Afrique de l’Est il y a 100 à 120.000 ans. Et à partir de là, il aurait conquis la Terre (thèse dite “Out of Africa”, versus une thèse qui est de moins en moins admise, dite du “multi-régionnalisme”, selon laquelle il serait apparu en même temps dans différents endroits…).

Depuis, Homo Sapiens a fait 2 très grandes révolutions

La première : la révolution agricole (la 1.0) il y a 10.000 ans environ dans le Croissant Fertile (Syrie/Mésopotamie). Il lui a donc fallu pas mal de temps pour la faire ! (malgré ses 100 milliards de neurones/spécimen…)
La deuxième, plus près de nous, il y environ 250 à 300 ans, la révolution industrielle (la 2.0) en Angleterre…
La première a mis plusieurs milliers d’années pour se répandre un peu partout sur le globe… La deuxième n’aura mis que quelques dizaines d’années…
Je pense qu’Homo Sapiens est en train de démarrer la 3.0 maintenant. Et qu’elle va se faire dans les 30 à 40 ans à venir. Dans ce siècle donc. Et qu’elle sera mondiale de suite.

Ah, les “nouvelles” technologies !

A quoi sont dû ces Révolutions ? Aux nouvelles technologies, tout simplement. Car sans elles, et leur diffusion dans le corps social, pas de révolution… On vit comme avant. Rien ne bouge.

Et sur les 110 milliards d’Etres Humains qui ont vécu sur cette Terre, seule une poignée ont inventé des trucs (moins de 1 million probablement), et les autres, tels des moutons de Panurge, ont suivi.

Ce fut le cas pour la 1.0 (outils pour cultiver la terre, pour élever du bétail, poterie pour garder les graines, le lait…). Toujours avoir un garde-manger chez soi : quel progrès ! Du coup nos ancêtres, qui vivaient avant de façon nomade de cueillette et de chasse, se sont sédentarisés : il fallait bien attendre que la récolte arrive, en surveillant les champs… De plus, comme la nourriture devenait plus abondante qu’avant, la population a commencé à augmenter…

Même chose par la 2.0… Quelques beaux esprits inventent la machine à vapeur, le moteur à explosion, l’électricité… Et les gens qui vivaient de la terre depuis la 1.0, se sont retrouvés progressivement dans des usines… Où l’on a commençé à fabriquer à partir de grandes masses de matière, des produits divers et variés à la chaîne… Loi des rendements décroissants : nous profitons encore de ce nouveau progrès.. On crée des villes, des mégapoles. Et des infrastructures diverses (dont l’Histoire d’ailleurs reste à écrire)…

Et chaque révolution d’apporter sa nouvelle organisation politique : féodalité (il fallait protéger les paysans et les récoltes) qui s’érige plus tard en royauté pour la 1.0; démocratie représentative pour la 2.0. Et à chaque fois, une nouvelle élite prend le pouvoir et met en place son système de création d’élite pour les générations suivantes…

4166911959_045dfa1a15_b

Et la 3.0 alors ? Quelles technologies ?

Et bien elles sont déjà là… La 3.0 sera je pense basée sur la convergence de 4 grands groupes de technologies qui vont se rejoindre à terme plus ou moins proche…

A savoir : les nanotechnolgies (au lieu de prendre des grandes masses de matière pour fabriquer à la chaîne des trucs comme dans la 2.0, on va fabriquer à partir des atomes – l’économie quantique va se mettre en place), les robots humanoïdes (difficile à admettre pour un Homo Sapiens élevé dans la civilisation judéo-chrétienne, que dans une trentaine d’année, il y aura des Robots Sapiens plus intelligents qu’un énarque+polytechnicien), les énergies renouvelables (notamment le solaire). Et enfin, la biologie synthétique encore dans l’enfance aujourd’hui (fabriquer de la matière vivante qui n’existait pas au préalable).

Vous mélangez tout cela, et vous faites la 3.0…

On remarquera que la 1.0 et la 2.0 se sont produites du fait, certes, de nouvelles technologies, mais aussi parce que l’énergie étaient peu coûteuse… Car il faut beaucoup d’énergie pour faire des révolutions de ce type… Pour la 1.0 : cela a été l’esclavage… Et pour la 2.0 : les énergies fossiles…

Bill Gutenberg et la fibre…

Entre la 1.0 et la 2.0 : il ne s’est rien passé… On s’est certes un peu tabassé et l’Histoire est pleine de bosses et de horions en tout genre… Mais c’était dans l’ordre des choses chez Homo Sapiens. L’écume des jours en quelque sorte…

Que dis-je, il ne s’est rien passé ? Que nenni ! Vers 1450, un Bill Gates de l’époque, dénommé Gutenberg, invente l’imprimerie, technologie qui a permis de diffuser le savoir humain à des coûts trés bas par rapport aux manuscrits enluminés, que, seule l’élite de l’époque pouvait se payer. Ce qui a permis la diffusion massive du savoir et des idées (celles des protestants par exemple, ce qui a conduit, selon Max Weber, à la création du capitalisme et l’émergence de la 2.0…).

On remarquera que l’élite de l’époque trouvait l’invention de Bill Gutenberg nulle… C’était pas beau, et en plus la plupart des gens ne savaient pas lire : donc cela ne servait pas à grand chose (un peu comme aujourd’hui, ou d’aucuns membres éminents de notre élite trouvent qu’un réseau de télécommunications tout fibre ne sert à rien pour Madame Michu, les gens des campagnes, etc…).

Entre la 2.0 et la 3.0, je pense que l’Internet, et notamment l’Internet à TRES haut débit, va jouer un rôle comparable à celui que l’imprimerie a joué entre la 1.0 et la 2.0… Mais avec un impact beaucoup, beaucoup plus important, sans commune mesure… La diffusion du savoir va exploser… Ce qui en retour va augmenter la quantité de nouveaux savoirs à la disposition de l’Humanité… Qu’en fera-t-on ?

Que sera cette 3.0 ? Où va-t-elle conduire Homo Sapiens ? Lui, bricolé par dame Nature (selon les évolutionnistes), va-t-il faire maintenant sa propre évolution en s’implantant par exemple des machines moléculaires ici ou là ? Ces technologies vont-elles l’aider à résoudre les graves problèmes découlant de l’utilisation massive des énergies fossiles ? Ou au contraire vont elles le faire disparaître à jamais dans une 6ème extinction qu’il aura provoqué ?

Cela va être l’objet de ce blog… Suivre ces nouvelles nouvelles technologies de la 3.0…

» Article initialement publié sur le blog de Jean-Michel Billaut : Révolution 3.0

» Illustrations par Gunthert sur Flickr

]]>
http://owni.fr/2010/03/02/revolution-3-0/feed/ 2
De la prise de conscience salutaire à l’idolâtrie imprudente http://owni.fr/2010/02/17/rapport-fourgous-sur-l%e2%80%99ecole-numerique-de-la-prise-de-conscience-salutaire-a-l%e2%80%99idolatrie-imprudente/ http://owni.fr/2010/02/17/rapport-fourgous-sur-l%e2%80%99ecole-numerique-de-la-prise-de-conscience-salutaire-a-l%e2%80%99idolatrie-imprudente/#comments Wed, 17 Feb 2010 15:59:17 +0000 Julien Gautier et Guillaume Vergne (Skhole.fr) http://owni.fr/?p=8365 Après le billet de Framablog, voici un second point de vue sur le rapport Fourgous. Il est proposé par Guillaume Vergne et Julien Gautier, les principaux rédacteurs de Skhole.fr, un site consacré à l’école et que nous reprenons ici pour la première fois.

Bien que le rapport Fourgous ne soit pas, loin s’en faut, le premier du genre sur le sujet, il a le mérite à nos yeux de relancer le débat, en effet nécessaire, sur l’école à l’ère du numérique, et notamment d’appeler à une politique globale et ambitieuse en la matière, qui ne saurait se résumer ni à la question de l’équipement des établissements et des élèves, ni à celle de l’éducation aux médias. Notons en particulier l’accent mis à juste titre sur la formation des enseignants à tous les niveaux d’une part, sur l’importance d’une politique des ressources ou des contenus d’autre part.  De ce point de vue, certaines préconisations ponctuelles du rapport nous semblent aller dans le bon sens, en particulier celles visant à faciliter, organiser et évaluer les nombreuses expérimentations déjà existantes.

Mais cette nouvelle prise de conscience salutaire prend bien souvent dans le rapport Fourgous  la forme d’une naïve et imprudente idolâtrie des TIC, et ce dès le préambule du texte qui dessine de manière emphatique les contours d’une société futuriste entièrement imprégnée d’objets technologiques, et par là libérée de la pénibilité du travail, collaborative et productrice d’ « intelligence collective », au sein d’une « conscience planétaire » enfin pacifiée par la technologie. De manière générale, le défaut principal de ce rapport est de ne faire pratiquement aucune place aux travaux critiques sur les nouvelles technologies, et de promouvoir ainsi non une véritable prise en main des TIC par le système scolaire, mais l’adaptation rapide et radicale de celui-ci aux besoins de l’ « économie de la connaissance », dans la droite ligne des recommandations de l’OCDE.

Ceci se marque d’abord par une présentation exclusivement et excessivement positive des effets cognitifs et sociaux supposés de l’usage des nouvelles technologies à l’école : faisant fi de toute objection et même de toute nuance, M. Fourgous assure que l’utilisation généralisée des TIC à l’école entrainera à la fois et nécessairement une plus grande motivation des élèves, de meilleures pédagogies et de meilleurs apprentissages, l’adaptation du système éducatif à chaque élève, un « renforcement de la relation enseignant-apprenant » et de la « confiance mutuelle » entre les élèves, la diminution des inégalités et de l’échec scolaire, etc. Bref, la solution miracle – le magic bullet – à la plupart des problèmes supposés de l’école. Or, selon nous, c’est d’une réflexion beaucoup plus nuancée, complexe et critique, qui montrerait la profonde ambivalence de ces technologies et de leurs développements, qu’il faudrait partir pour définir la juste place à leur accorder au sein du système scolaire. De nombreuses études, que ne cite pas la mission Fourgous, soulignent en effet le taux croissant d’exposition aux medias des jeunes générations et alertent sur ses conséquences possibles en termes de capacités cognitives et de comportement ; d’autres montrent qu’usage intensif ne rime pas forcément avec pratique intelligente, critique et éclairée, soulignant la tendance au conformisme et le rapport profane voire quasi magique qui caractérisent l’attitude de bien des « natifs du numérique » à l’égard des TIC. Sans pour autant bien sûr s’en contenter, il n’est pas raisonnable ni objectif de ne tenir aucun compte de ces études et de ces points de vue, surtout quand il s’agit de définir les missions de l’école en la matière. En effet, ne peut-on penser qu’un système éducatif public digne de ce nom devrait non pas chercher coûte que coûte à rattraper son prétendu « retard » sur les évolutions de la société, ce qui revient à s’y adapter plus ou moins passivement, mais à jouer activement un rôle propre et autonome, assurer une mission régulatrice, prescriptive et en quelque sorte « thérapeutique » en matière d’usage des nouvelles technologies ? Bref, pour nous, s’il faut en effet que l’école pour ainsi dire se « numérise », il faut qu’elle le fasse avec  circonspection et dans l’optique explicite d’une « alphabétisation » numérique bien comprise, qui ait pour ambition de convertir ces techniques en véritables instruments de savoir et d’émancipation. Or cela suppose de ne pas adopter sans plus les standards définis pour l’essentiel par les industriels du secteur – largement auditionnés par la mission – ni de se laisser trop charmer par les argumentaires idylliques de leurs services marketing. Notre véritable devoir à l’égard des jeunes générations est de leur donner les moyens de construire une solide culture numérique et de les former à des pratiques éclairées des nouveaux medias, non d’accompagner aveuglément voire d’accroître leur soumission déjà grande à l’égard de l’univers des iPod, MSN et autres Facebook.

Or, le rapport de la mission Fourgous met largement en avant les nécessités et les intérêts économiques comme étant les raisons et les finalités essentielles justifiant la numérisation accrue de l’école. Il s’agit d’abord d’assurer la formation de la population dont a besoin l’ « économie de la connaissance » pour se développer, c’est à dire d’une main d’œuvre ayant d’une part « les compétences attendues aujourd’hui sur le marché du travail », et d’autre part disposée à s’adapter facilement aux évolutions de plus en plus rapides de l’innovation. Du point de vue de la puissance publique, il s’agit aussi à travers le développement des TIC d’améliorer « l’efficacité de l’administration et de la gestion des établissements scolaires », de renforcer « la formation des chefs d’établissement (…) au management et à la conduite du changement », de rendre l’école plus « transparente » et plus « réactive » et, sans doute, à terme, de pouvoir faire quelques économies budgétaires en matière de personnel. On reconnaît là la doctrine officielle de l’OCDE et de la Commission européenne en matière d’éducation, telle que définie notamment par la « Stratégie de Lisbonne ». Sans vouloir négliger bien sûr l’importance de ces considérations économiques, ni leur contester toute pertinence, il faut se demander tout de même si elles ont vocation à constituer les premiers principes d’une politique scolaire publique digne de ce nom : l’école a-t-elle à être essentiellement et à chacun de ses niveaux un organisme de formation destiné à anticiper les évolutions du marché du travail et à assurer la croissance économique supposée de demain ? En tout cas, là encore, le rapport de la mission Fourgous nous paraît manquer largement de distance et d’objectivité, en faisant, volontairement ou non, l’impasse sur les points de vue critiques à propos des recommandations de l’OCDE  ou encore des conclusions des enquêtes PISA : encore aurait-il fallu pour cela auditionner quelques sociologues, historiens ou philosophes, ce qui, au vu du rapport, ne semble pas voir été le cas…

Sur le plan pédagogique enfin, le rapport Fourgous défend les positions d’une pédagogie « progressiste » assez radicale et peu sophistiquée : la généralisation des TIC, parées de toutes les vertus pédagogiques imaginables, y est explicitement présentée comme une sorte de cheval de Troie qui permettra d’en terminer enfin avec les méthodes « anciennes » d’enseignement « frontal », tenues pour responsables de l’inadaptation du système scolaire français aux évolutions du monde ; ainsi, par la grâce et la pression de l’informatisation, l’enseignant sera contraint de troquer ses vieux habits de maître pour le costume plus moderne de  l’« ingénieur pédagogique », dirigeant sa classe à la manière d’une sorte de « start-up » scolaire, véritable incubateur d’intelligence collective. Sur ce chapitre, le moins que l’on puisse dire c’est que le rapport Fourgous ne fait guère preuve d’innovation intellectuelle, réactivant la plupart des stéréotypes éculés et des formules toutes faites d’un constructivisme pédocentrique trop simpliste, que bien des partisans des pédagogies progressistes ont cessé eux-mêmes de mobiliser sans précaution : ainsi, par la magie des TIC, les élèves de passifs deviendront « actifs », construisant par eux-mêmes leurs savoirs de manière autonome et selon leurs propres aspirations, la transmission, s’il en reste, cessera d’être verticale et hiérarchisée, les compétences propres et « l’estime de soi » de chacun sauront être reconnues et développées au sein d’un travail harmonieusement collaboratif, etc. Or, n’est-il pas temps désormais de sortir le débat pédagogique français des ornières et des caricatures de la querelle des « anciens » et des « modernes », des « pédagogues » et des « républicains », et de penser par delà toutes ces oppositions assez artificielles ? Le statu quo en matières de programmes, d’examens et de pédagogie n’est sans doute pas sérieusement envisageable, mais rien n’impose selon nous de penser ces évolutions nécessaires comme entrant en contradiction radicale avec des exigences et des formes historiques de l’école, notamment de nature académique et disciplinaire, le monde digital sur écran renvoyant le monde lettré sur papier au rayon de la préhistoire humaine. Au contraire, si l’on considère que les TIC portent en elles autant de menaces que de promesses, il apparaît essentiel que les exigences « anciennes » d’étude rigoureuse, de rationalité et de connaissance approfondie, soient particulièrement cultivées à l’intérieur des systèmes scolaires contemporains.

Ainsi, comme on le voit, tout en accordant nous-mêmes une grande importance à la question de l’école à l’ère du numérique, nous ne partageons pas vraiment l’enthousiasme qui semble accompagner pour l’instant la remise du rapport Fourgous. Même si celui-ci, comparant le développement du numérique à la révolution de l’imprimerie, semble prendre la mesure de la mutation techno-culturelle ou civilisationnelle en cours et affirme à juste titre la nécessité pour l’école de tenir compte de cette évolution majeure, un grand nombre des postulats de la mission, de ses thèses et de ses arguments, et surtout sa très faible distance critique et sa tonalité quasi idolâtre jettent un certain discrédit sur ses conclusions et ses recommandations. Une réelle ambition en la matière réclamerait selon nous une approche beaucoup moins gestionnaire et utilitariste, et théoriquement plus solide, des véritables chances mais aussi des dangers que porte en elle la révolution numérique.

Le rapport complet de la mission Fourgous est en ligne.

En complément, nous vous invitons à lire les autres articles publiés par skhole.fr sur l’école numérique, qui tous préconisent une approche plus approfondie, nuancée et critique de ces questions.

> Article initialement publié sur Skhole.fr

> Image de une Benjamin Chun sur Flickr

]]>
http://owni.fr/2010/02/17/rapport-fourgous-sur-l%e2%80%99ecole-numerique-de-la-prise-de-conscience-salutaire-a-l%e2%80%99idolatrie-imprudente/feed/ 4
Jean-Patrick Gille face aux TIC http://owni.fr/2009/08/05/jean-patrick-gille-face-aux-tic/ http://owni.fr/2009/08/05/jean-patrick-gille-face-aux-tic/#comments Wed, 05 Aug 2009 10:07:46 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=2169 Jean-Patrick Gille, Député PS d’Indre et Loire gagne les élections législatives en 2007 face à Renaud Donnedieu de Vabres, ex ministre de la culture. Réélu en 2008 premier secrétaire de la fédération d’Indre-et-Loire du Parti Socialiste lors du Congrès de Reims, il reste fermement attaché à sa circonscription. (http://www.jean-patrick-gille.fr/ )

Au lendemain de la première salve de débats parlementaires concernant Hadopi (J.P. Gille donne son avis sur la question le 24 juillet 2009 sur son blog http://www.jean-patrick-gille.fr/spip.php?article1563 et réagissait le 11 juin dernier en ces termes concernant Hadopi :http://www.jean-patrick-gille.fr/spip.php?article1397 ), nous lui avons posé quelques questions relatives au TIC, à cette haute autorité, à ses ressentis sur le net en général.

S.F. Si l’on considère les campagnes politiques de ces quelques dernières années, pensez-vous que nous sommes entrés dans une démocratie 2.0 ? Avec quels dangers ? Quels avantages ?

Jean-Patrick Gille : Il est difficile de parler de démocratie 2.0 lorsque l’on ne sait pas si bien que ça ce qu’est le web 2.0. Si on met derrière ce jargon à la mode l’idée d’interactivité, de réseau social, d’échange ; on pourrait penser que la politique n’a pas attendu Internet pour raisonner en ces termes. Très concrètement, j’entends mesurer ce que nous apporte cet outil : une rapidité sans précédent dans l’échange des flux d’information, tout comme un potentiel plus important de participation des citoyens au « débat démocratique ». Mais ce potentiel est à relativiser, lorsque l’on constate d’une part les inégalités d’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, et d’autre part la réalité des pratiques : la démocratie a besoin de débats contradictoires, fondés sur un véritable échange, et un réel soucis de l’intérêt général. Or, si Internet a réussi à donner du corps à un espace interactif (voire même interindividuel) virtuel, nous sommes encore loin d’un espace public virtuel. Quant aux campagnes électorales, Internet a montré sa capacité à organiser différemment les dispositifs militants, en écrasant les hiérarchies. En tant que responsable socialiste, je défends cette idée d’un parti en réseau, même si les différents échelons existants doivent garder un sens.

En tant que député, je crois être l’un de ceux qui utilisent davantage leur site Internet une fois élu, qu’en pleine campagne électorale.

Vous êtes sur Facebook, quel regard portez-vous, en tant qu’élu, sur ce réseau et cela apporte-il quoi que ce soit de nouveau à votre façon de gérer les affaires publiques ?

Facebook est le site emblématique du web 2.0. A la base, il s’agit d’un grand trombinoscope, utilisé au tout début uniquement par des étudiants. En tant que législateur, j’ai évidemment un regard alerte sur la protection des données personnelles et sur leurs utilisations. Car la difficulté de Facebook, c’est que ça n’est ni un forum ni un blog : ne viennent sur votre profil que ceux qui le souhaitent. A fortiori, que ceux qui vous connaissent. La capacité à l’expression personnelle, sans soucis de la portée de ses commentaires est étendue. Paradoxalement, car tous les messages sont signés par des utilisateurs non anonymes. En tant qu’utilisateur du réseau, je profite déjà à titre très personnel des services en ligne et je crois avoir pu retrouver quelques dizaines d’amis de cette façon. Pour être tout à fait honnête, j’avais bien songé utiliser Facebook dans une stratégie de communication politique. C’est d’ailleurs mon assistant parlementaire qui gérait un temps mon profil. Puis, je me suis pris au jeu, je poste des articles, des vidéos sur mon mur, sans forcément me poser plus de questions. Actuellement, Facebook ne fait pas partie de mon dispositif Internet en tant que député, et à part me faire gagner du temps dans mes échanges avec quelques amis politiques, ça ne change quasiment rien à mes habitudes.

Le gouvernement s’apprête à faire passer une loi assez délicate pour les libertés individuelles, LOPPSI 2, quel est votre avis sur cette loi ? (Ndlr : cette question a été posée quelques jours avant le récent report et la probable remise à plat du projet Loppsi 2. Le projet Loppsi 2 : http://owni.fr/2009/07/03/loppsi2-internet-is-watching-you/ ; loppsi 2 face à la CNIL http://owni.fr/2009/07/25/lavis-de-la-cnil-sur-le-projet-de-loi-loppsi-rendu-public/ et l’actualité récente http://owni.fr/2009/07/29/loppsi2-premier-round-gagne-dans-lindifference/)

Les arguments qu’utilise le gouvernement pour promouvoir ce nouveau projet de loi sont toujours du même ordre. Si je suis évidemment pour lutter contre la cyber-criminalité, démanteler des réseaux délinquants sur Internet, etc., je trouve dangereux d’utiliser des combats louables comme prétextes à un nouveau tour de vis sur nos libertés individuelles. Ce qui est en jeu ici, c’est le filtrage, la surveillance, et surtout la neutralité du net. Sans parler des autres mesures prévues, comme le triplement des caméras de vidéosurveillance installés sur le territoire.

La philosophie du projet, c’est le tout sécuritaire comme réponse à des problèmes réels de délinquance. Contre la pédopornographie notamment, des dispositifs juridiques existent déjà pour donner à la justice la capacité de fermer les sites incriminés et de poursuivre leurs auteurs.

Je m’inquiète fortement de cette logique de contrôle à tout prix des pratiques du web, qui passerait notamment par l’enregistrement à distance de données informatiques. Quelle est la fiabilité des moyens techniques déployés ? Sur quels critères peut-on juger des contenus dangereux, potentiellement créateurs de troubles à l’ordre public ? Comment éviter les dérives : celles de sites filtrés par erreur (comme cela a pu se produire en Finlande par exemple) ou celles encore plus nauséabondes de flicage des opposants, de contrôle de réseaux militants, notamment de ceux déjà victimes du « délit de solidarité » à l’égard des migrants en situation irrégulière ? Après les écoutes téléphoniques, le gouvernement propose les écoutes numériques. Pas sûr que leur utilisation soit meilleure…

jpgJean-Patrick Gille

Les sites web des mairies, les pages Facebook des députes, la présence sur twitter, cette révolution numérique est-elle nécessaire et / ou utile politiquement  ?

J’ai déjà répondu plus ou moins à cette question, notamment en ce qui concerne Facebook. Twitter, je le laisse à mes amis geeks ; mais à titre personnel, je ne trouverais pas le temps de travailler sereinement comme député, et de passer toutes mes cinq minutes à poster un mini-message pour dire ce que je fais… La révolution Twitter existe pourtant. Elle a permis une extraordinaire couverture médiatique des manifestations d’opposition en Iran.

Ce en quoi je crois par contre, c’est la mise à disposition des Internautes, pris dans leur citoyenneté, d’Internet comme un outil de transparence de l’action publique. Qu’il s’agisse des administrations en ligne, dont l’efficacité est démontrée ou des élus à proprement parler. A titre personnel, j’ai décidé d’investir un maximum l’espace que m’offre Internet.

Sur mon site, je mets en ligne très régulièrement des billets d’actualité, expliquant mon action à Tours et à l’Assemblée nationale, mais aussi mon agenda hebdomadaire, l’intégralité de mes travaux parlementaires, mes comptes-rendus de mandats, etc. J’ai voulu un site utile, efficace et simple d’utilisation. Le tout fait par des logiciels libres !

Existe-t-il encore une parole cadrée des politiques sur le Web ?

Le cynisme ambiant et l’état de défiance qu’entretient l’opinion publique à l’égard de ses élus assimilent toute parole institutionnelle à de la langue de bois. Pourtant, les internautes attendent de plus en plus de notre part une parole plus spontanée, moins vernie. Je crois que ça n’est pas incompatible. Sur le fond, je m’exprime comme député d’Indre-et-Loire ce qui implique un énorme devoir de responsabilité. Car comme le mot « parlementaire » l’indique, notre seule expression est un acte politique. Il faut donc la soigner et lui garder une certaine solennité. Sur la forme, je me rends bien compte que nous passons de moins en moins de temps à vouloir lire de longs textes sur les différents sites que l’on consulte chaque jour. Je privilégie désormais des contenus courts. Ce qui marche encore mieux, ce sont les vidéos ou les bandes sons.

]]>
http://owni.fr/2009/08/05/jean-patrick-gille-face-aux-tic/feed/ 2