#hackthepress, le liveblogging: vers un journalisme augmenté

Le 28 septembre 2010

Toute la journée, nous vous proposons un liveblogging de HackThePress: c'est par ici que ça se passe!

Ce que nous sommes en train de faire :

- les six équipes sont constituées, chacune a bien avancé sur son projet

- nous vous rendrons compte des conférences en live

- les badges sont prêts, Sabine est en jupe

6 équipes, des dizaines de personnes motivées, des spectateurs attentifs. Tous sont réunis autour d’un objectif commun: gagner le merveilleux Minitel mis en jeu par les différents partenaires de l’évènement (Silicon Sentier, Squid Solutions, af83média, la Netscouade, le Social Media Club France et vos serviteurs soucoupesques, évidemment).

Au-delà de ça, l’enjeu est de faire la démonstration que développeurs, designers et journalistes peuvent travailler ensemble afin de proposer d’autres modalités d’accès à l’information.

Suivre l’évènement en live

Plusieurs solutions pour suivre l’évènement en direct live, comme on dit à la TV.

Sur Twitter, le hashtag #hackthepress vous permet de vous tenir au courant des dernières nouvelles du passage des Panoramas:

Les conférences seront diffusées en livestreaming vidéo par deux biais:

> Ubicast, sur le site de Silicon Sentier

> Agoroom.com

Les équipes et leurs sujets

Les équipes sont en place (pour une présentation exhaustive de la composition des équipes, faites un tour sur Hackthepress.net), ça commence à phosphorer pas mal, comme vous pouvez vous en rendre compte sur ces premiers clichés.

Rue 89 planche sur les mineurs chiliens, sujet également sélectionné par Umaps.

Mediapart, en partenariat avec la Netscouade, sont en pleine réflexion sur la façon de présenter au mieux les relations entre notre président et François Fillon.

Le collectif “Mousse de respect” s’attelle à la représentation du bilan de Chavez, tandis que Streetpress travaille activement à rendre compte de l’état des relations entre Israël et la Palestine.

StreetPress s'affiche

Les conférences

Studieuse première conférence...

#1: Présentation d’applications liées à l’actualité et échange de bonnes pratiques

Voir le compte-rendu exhaustif de cette conférence sur Hackthepress.net

Eric Scherer, responsable prospective et stratégie à l’AFP explique que ce que l’on fait ici préfigure le journalisme de demain, qui fera travailler ensemble designers, développeurs et journalistes. On s’oriente en réalité vers ce qu’il appelle le “journalisme augmenté”, expression qui englobe ce vers quoi l’on va, et que l’on a repris dans le titre de cet article.

Le premier intervenant, Jean-Marc Delaunay  l’infographie représentant les relations entre les différents patrons du CAC40 réalisée en deux semaines et sous flash pour Alternatives Economiques.

Cécile Deshedin et Grégoire Fleurot, journalistes chez Slate.fr, ont quant à eux réalisé le mur Facebook d’Eric Woerth, pour couvrir de manière décalée l’affaire Woerth-Bettencourt. Inspiré de celui de Barack Obama, cette manière de traiter l’information a été plébiscitée par les lecteurs de Slate (partagé plus de 10.000 fois sur Facebook).

Pierre Bance et David Castello-Lopes ont réalisé pour LeMonde.fr une carte du chômage, publiée en mars dernier. David a connu le journalisme de données aux États-Unis, et a cherché un sujet intéressant à traiter sous l’angle du journalisme de données. Il a fait appel à l’un de ses amis, Pierre Mans, qui maitrisait déjà la technologie flash. Un texte explicatif par région a été nécessaire pour expliciter l’évolution du chômage région par région: la carte ne se suffisait pas à elle-même. Il semble donc nécessaire de contextualiser les applications développées.

Cécile Deshedin, Grégoire Fleurot et Jean-Marc Delaunay

Julien Goetz présente pour 22Mars les applications développées pour mettre en valeur les reportages de deux journalistes de RFI, partis l’une en Louisiane et l’autre à Kaboul.

Pour OWNI, il revient sur l’historique de l’application Warlogs, développée en 36 heures par les équipes d’OWNI, avec un tirage de chapeau spécial @Pirhoo. Enfin, le mot LOL est lâché, avec la présentation de l’application qui permet de parier sur la date des premiers mails envoyés par la Hadopi.

Ces multiples exemples, inspirés de ce qui peut se faire aux États-Unis, en sont encore au stade expérimental en France, tant les rédactions outre-Atlantique ont depuis un moment intégrées développeurs et designers, comme le souligne Eric Scherer. La question qui se posent dans les écoles de journalisme est aujourd’hui de savoir si il faut être journaliste et développeur. Même si cela n’est pas obligatoire, les intervenants sont d’accord pour dire qu’un minimum de connaissance est nécessaire pour comprendre le champ des possibles. Histoire de pouvoir “parler aux développeurs sans qu’ils aient envie de vous taper”, comme le dit Cécile Deshedin en conclusion.

Work In Progress

Les six équipes ont commencé leur travail respectif: le point sur les travaux en cours sur HackThePress.net

Deuxième conférence:

L’impact du datajournalisme: quelle valeur ajoutée? Quelles évolutions sur l’organisation des rédactions?

Incontestablement, Simon Rogers, tenancier du datablog au Guardian, a été l’intervenant le plus sollicité au cours de cette conférence.

Journaliste, il rentre à la rédaction du Guardian en 2001. Il commence par expliquer que comme souvent, le débat a eu lieu au sein de la rédaction du Guardian autour de la pertinence de l’usage du datajournalisme dans le traitement de l’information.

Il commence sa présentation par le travail de Florence Nightingale, une infirmière qui utilisa pour la première fois les données pour présenter différemment des informations: en l’occurrence les causes de décès des soldats au cours de la guerre de Crimée. La première édition du Guardian, le Manchester Guardian, contenait quant à elle déjà des données: un tableau regroupant des informations sur les écoles de Manchester.

Les données sont donc utilisées depuis un certain moment, reste à savoir comment elles peuvent aujourd’hui accompagner (ou augmenter) le travail journalistique.

Plusieurs exemples issus du travail du Guardian le prouvent, comme celui effectué autour du budget du gouvernement britannique, qui a nécessité la compilation de l’ensemble des PDF issus des différentes administrations. Nous n’en sommes pas encore à l’opendata totale au Royaume-Uni.

Des petites bulles de couleurs pour visualiser la répartition du budget du gouvernement britannique

Sur le datablog, qui utilise souvent GoogleSpreadsheet comme outil de travail, l’idée est de mettre à disposition les données sur les différents sujets traités. Entre 600 et 700 sets de données ont ainsi été mis à disposition des internautes afin qu’ils s’en saisissent, les comparent, les complètent et les utilisent pour créer de nouvelles représentations.

Ce qui change par rapport au passé, c’est que les journalistes se sont rendus compte qu’ils ne disposent pas de la vérité absolue, surtout en matière de données. La mutualisation des données (mutualisation data) permet de traiter un sujet de manière exhaustive, comme cette impressionnante carte de l’ensemble des arrêts de bus, des gares et des stations de taxi dans tout le royaume.

Les deux sujets qui ont permis au datablog de faire la preuve de son utilité au sein de la rédaction sont l’énorme travail effectué autour des dépenses de transport effectués par les parlementaires britanniques, et remboursés par l’État (plus de 40 000 pages à traiter), ainsi que tout le traitement du Guardian autour des Warlogs de Wikileaks. Sur ce dernier sujet, l’intérêt était également de pouvoir comparer les données avec les retours des reporters sur le terrain.

Une question autour de l’investissement de la communauté amène Simon Rogers à préciser qu’un “tableau d’honneur” établissant le classement des contributeurs les plus actifs est suffisant pour motiver les troupes. L’occasion de prononcer la phrase du jour, au sujet de la difficulté de passer d’un document PDF à une base de données interrogeable:

“Le PDF, c’est le mal”

Selon Simon Rogers, nous sommes aujourd’hui entourés de data, les gouvernements commencent donc à libérer leurs données. Le Guardian a créé un portail de ces données qui permet de comparer différents pays.

Le site consacré aux statistiques du journal est aujourd’hui plus consulté que le site officiel du gouvernement sur le même sujet.

En répondant à une question sur le modèle économique, Simon Rogers réaffirme le refus du Guardian de se mettre derrière un mur payant, l’accès aux données devant être disponible pour la majorité des gens afin d’encourager le participatif.

S’ensuit une conversation entre Nicolas Kayser-Bril, en charge du datajournalisme pour OWNI et les différents intervenants, qui nous permet de conclure en citant notre datenchef:

Le journalisme en est au même stade que les jeux vidéos dans les années 80: les possibilités sont infinies!

Les photos de l’évènement

Created with flickr slideshow from softsea.

Photos by Rémi Vincent.

Et voici les résultats!

C’est StreetPress qui remporte le Minitel grâce à sa présentation originale d’un reportage sur les implantations en Cisjordanie, suivie de près par Rue89, OWNI et Médiapart/Netscouade.

Plus de détails sur les applications sur Hackthepress.net.

Merci à toutes les équipes, aux intervenants et aux nombreux spectateurs!

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