L’Internet (verrouillé) made in Iran

Le 24 septembre 2012

Les autorités iraniennes avancent et rétropédalent depuis des mois sur leur projet d'Intranet géant. Hier, le ministre de la Communication a annoncé l'entrée des administrations dans l'Intranet. La population gagne un sursis, mais sans Gmail et Google, du moins à en croire les déclarations.

Promesse en était faite depuis de longs mois. L’administration iranienne n’est plus reliée au grand réseau mondial depuis hier, selon les déclarations du ministre délégué aux Communications et aux technologies de l’information, Reza Taghipour. Finies les attaques informatiques, exit Stuxnet, bye-bye Flame, ses avatars et réplications ! L’administration a débranché.

Le ministre des Communications avait été très, très courroucé par les révélations sur l’origine de ces cyberattaques, un programme conjoint des Etats-unis et d’Israël baptisé Olympic Games. Il avait alors étrillé “le terrorisme d’Etat”, selon l’agence officielle iranienne Fars News.

Fin juillet, un petit dernier, dans la même veine, faisait son apparition. Selon un mail signé d’un chercheur de l’organisation de l’énergie atomique iranienne, un nouveau virus touchait deux sites sensibles, l’usine d’enrichissement en uranium de Natanz et l’installation restée longtemps clandestine à Fordow. Les ordinateurs infectés se mettaient subitement à jouer Thunderstruck du groupe AC/DC.

Un très grand intranet

Les officiels parlent aujourd’hui d’un intranet destiné à l’administration et non l’ensemble de la population comme il en a parfois été question. Effets d’annonce et rétropédalages ont émaillé ce projet depuis les évocations de “l’Internet halal” en avril 2011 par un membre du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad. Halal, soit licite, en opposition à l’Internet mondiale jugé corrompu.

L’Iran étrangle Internet

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L'Iran accentue sa pression sur le web, en mettant en place plusieurs dispositifs de blocage et de filtrage du réseau. ...

L’argument sécuritaire a bon dos. Le régime a largement ralenti les moyens de communications – Internet et téléphonie mobile – à chaque crise politique depuis les manifestations contestant l’réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Un officiel iranien, Abdolsamad Khoramabadi, a annoncé dimanche que Gmail et Google seraient désormais bloqués, sans avancer d’autres justifications. Mais selon une agence de presse iranienne semi-officielle, le Young Journalists Club, la mesure viserait le film Innocence of Muslims.

Rien ne permet de dire si les annonces ont été suivies d’effet ou n’avait qu’une valeur déclarative. Le rapport de Google Transparency ne montre pas de chute du trafic sur Gmail ou Google. Plusieurs habitants, interrogés tard dans la nuit par le Guardian, n’avaient pas remarqué un filtrage systématique de leur messagerie.


Dessin de Mana Neyestani ©.

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