Les cartes d’identité électroniques européennes font déjà polémique

Le 21/05/2012

[Lu sur via EurActiv] Neelie Kroes, la commissaire européenne à la stratégie numérique, présentera début juin une nouvelle proposition de loi visant à « faciliter les transactions électroniques transfrontalières » via l'introduction de signatures et de cartes d'identité électroniques.

EurActiv, qui a eu accès à un document interne, souligne à ce titre que "cette volonté de faciliter l'émergence d'un système parallèle d'identification électronique" n'est pas motivée par un besoin de sécurité, mais qu'elle répond "aux difficultés rencontrées pour établir un marché unique performant", partant du principe que cela faciliterait le développement du commerce électronique transfrontalier.

L'argument est assez étonnant, dans la mesure où les citoyens européens n'ont pas besoin d'une telle carte d'identité électronique pour acheter à l'étranger, et que des systèmes comme paypal notamment permettent déjà de le faire en toute sécurité.

Le document consulté par EurActiv évoque également la "résistance attendue" de certains citoyens et gouvernements qui "rechignent encore à accepter l'idée des cartes d'identité électroniques".

Même si de plus en plus de passeports sont dotés d'une puce électronique intégrée en Europe, seuls quelques pays ont adopté les cartes d'identité électroniques : l’Allemagne, la Belgique, l’Estonie, l'Italie et les Pays-Bas. Il n'existe toutefois pas de système de reconnaissance mutuelle des cartes entre ces États.

Encore plus frustrant pour la Commission européenne, certains États membres comme le Royaume-Uni ne disposent même pas de cartes d'identité en papier et l'idée d'en introduire demeure très impopulaire.

Pour les Britanniques, l'utilisation de documents d'identité par le régime nazi pour repérer les juifs et les envoyer dans des camps de concentration reste un argument de taille contre l'introduction de ces cartes.

Nelly Kroes, qui s'attendrait déjà à "faire face à l'opposition du Parlement européen", estime ainsi qu'il faudra traiter avec attention « les sensibilités des groupes de défense de la liberté civile qui risquent de faire écho au sein du Parlement européen ».

A l'issue de négociations à huis clos, la plupart des États membres devraient soutenir cette proposition, mais la Commission prévoit des débats houleux au Conseil des ministres européens, souligne ce document.