OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [Révélations] Areva au coeur du réacteur de Fukushima http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/ http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/#comments Tue, 15 Mar 2011 16:29:21 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=51401 Dès le mois de mai 2001, Greenpeace préconisait de renoncer à utiliser du MOX, un combustible nucléaire, dans les réacteurs de Fukushima, dans le cadre d’une procédure conduite aux États-Unis. Comme le montre des courriers adressés à l’Autorité de sûreté nucléaire américaine (fac-similé ci-dessous). En cause : la nature des installations de Fukushima (de type “BRW”, réacteur à eau bouillante), la complexité de l’élaboration du produit et l’exigence attenante d’un contrôle méticuleux du processus de fabrication. Greenpeace écrivait alors:

La sécurité des réacteurs nucléaires alimentés par le MOX est sérieusement compromise par deux éléments importants : les problèmes liés à sa conception et le contrôle qualité des pastilles de MOX, ainsi que les différences de comportement entre le plutonium et l’uranium au sein du réacteur.

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L’ONG s’appuyait sur une étude réalisée en 1999 par E. S. Lyman [en]. Le chercheur analysait l’incidence du MOX sur le déclenchement d’accidents nucléaires au Japon. Et l’organisation de conclure sur l’accroissement du “risque d’un accident de fusion du cœur de réacteur” par le seul usage de ce combustible, dont “les propriétés physiques, qui sont différentes d’un réacteur ordinaire, alimenté en dioxyde d’uranium, affectent les performances thermiques et mécaniques des assemblages combustibles. (p.35)

En particulier, le MOX est extrêmement réactif : il entre en fusion beaucoup plus rapidement que l’uranium enrichi. “Son point de fusion est plus faible“, précise à OWNI Lauri Myllyvirta, en charge de l’énergie à Greenpeace International. Son rôle dans l’accident nucléaire actuel, en revanche, reste difficile à déterminer, poursuit la militante :

L’état du combustible, l’étendue des dégâts, au sein du réacteur 3 restent peu clairs, en conséquence, définir s’il s’agit ou non d’un facteur de l’accident reste une question ouverte. Mais l’utilisation du combustible MOX a réduit les marges de sécurité et a rendu la situation beaucoup plus difficile à gérer pour les opérateurs, tout en augmentant quelque part les émanations radioactives.

Dans la ligne de mire de Greenpeace, Areva, principal fournisseur de la centrale de Fukushima – et dont la filiale, Melox, détient 95% du marché du MOX. Areva approvisionne la centrale en uranium-235, comme le montre l’une des licences d’exportation attribuée par la Nuclear Regulatory Commission (NRC), chargée de la supervision des activités nucléaires (voir ci-dessous). Mais elle l’alimente aussi en MOX depuis septembre 2010..

Pour Nathalie Bonnefoy, responsable de la communication de Melox, “le type de combustible utilisé n’est pas lié à la situation actuelle” de Fukushima. “En exploitation normale, avance-t-elle, les réacteurs au MOX ou à l’uranium enrichi ont les mêmes performances”. Quid de l’utilisation du MOX dans le cas d’une situation exceptionnelle comme celle du réacteur 3 de Fukushima ? “À ce stade, il n’y a aucun lien.”

Une absence de lien toute relative pour Shaun Burnie, l’un des auteurs du rapport de Greenpeace de 2000, qui s’est confié à OWNI. Selon lui :

Le MOX est la matière la plus dangereuse de la planète, toutes substances confondues, bien plus que l’uranium. Les enjeux financiers autour du MOX priment sur la connaissances de ses effets sur la santé publique.

“Dans la demi-heure qui a suivi le tremblement de terre, toutes les personnes qui connaissent les affaires de Fukushima pouvaient se douter de ce qui allait arriver, c’était prévisible”, affirme encore l’expert anglais, qui dénonce ces risques depuis plus de dix ans.

En marge de la complexité du combustible, Greenpeace pointait également du doigt la faiblesse des normes qualité de Belgonucléaire, en charge, à la fin des années 1990, de l’assemblage du MOX, avant le recentrage de la production sur la filiale d’Areva :

Ce que montre les preuves, c’est que Belgonucléaire n’a pas produit les assurances suffisantes que le combustible nucléaire MOX Fukushima-1-3 a été produit selon les plus hauts critères de qualité, et que dans l’éventualité d’un incident il resterait intact.

Falsification des contrôles qualité

En outre, on sait depuis 2002 que Tepco (Tokyo Electric Power Company), la compagnie électrique qui exploite la centrale de Fukushima, a falsifié les résultats des contrôles qualité menés sur certains de ses réacteurs. Deux ans plus tôt dans son rapport, Greenpeace suspectait aussi fortement Belgonucléaire de falsification. À l’époque, un scandale similaire éclatait, impliquant l’un des concurrents du fournisseur belge, la British Nuclear Fuels Limited (BNFL), et “forçant, écrivait alors Greenpeace, à repousser tous les projets MOX au Japon” (p.7). Et d’ajouter : “des preuves ont indiqué que les problèmes qui ont mené à la falsification des données du contrôle qualité du combustible MOX à la BNFL pouvaient avoir été rencontrés à Belgonucléaire.” (p.7)

Un rapport du Département à l’Énergie américain, daté de 2003, revient par ailleurs sur l’existence de falsifications, expliquant que “des fissures dans les structures qui maintiennent le combustible nucléaire en place dans le cœur des réacteurs des centrales Tepco” avaient été dissimulées. (p.8).

……….

Cette révélation a entraîné la démission de nombreux cadres de Tepco, ainsi que la fermeture, pendant une année, de la centrale de Fukushima. Elle explique aussi la suspension de la livraison de MOX à Fukushima, entre 1999 et 2010. À l’époque du rapport de Greenpeace, près de 32 assemblages de combustible MOX réalisés par Belgonucléaire, étaient restés en attente de livraison. Ce n’est que le 18 septembre dernier que ces livraisons ont repris ; le réacteur 3 fonctionne à l’aide de ce combustible depuis octobre. Contacté par OWNI, le porte-parole d’Areva confirme l’implication de l’entreprise dans la centrale de Fukushima, indiquant que “le réacteur 3 fonctionnait avec 30% de MOX”.

Instabilité à tous les étages

Instabilité des réacteurs en présence de MOX, labilité des procédés de fabrication et falsifications de données : ces différents points étaient ainsi déjà répertoriés, dans des documents publics, dès le début des années 2000. À ces différentes alertes, il faut ajouter celle de l’Agence pour l’Énergie Atomique (AIEA), qui fait suite à un tremblement de terre survenu au Japon le 16 juillet 2007, qui a notamment affecté la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située à 250 kilomètres au nord de Tokyo et également gérée par Tepco.

Dans un rapport sur la résistance des centrales japonaises au risques sismiques, l’AIEA préconisait alors, “pour toutes les centrales nucléaires”, de faire preuve de “diligence dans l’architecture, la construction et les phases opérationnelles”, afin que les problèmes liés aux séismes “soient minimisés”.


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De son côté, la présidente d’Areva Anne Lauvergeon déclarait hier soir sur France 2 que les multiples accidents survenus dans la centrale de Fukushima ne constituaient pas “une catastrophe nucléaire” :

Je crois qu’on va éviter la catastrophe nucléaire. Nous sommes un petit peu entre les deux.

Selon Greenpeace, le groupe français s’apprêtait à envoyer une nouvelle fournée de MOX au Japon. Une “traversée préparée dans le secret”, initialement fixée dans la semaine du 4 avril et dont le report n’a pas encore été arrêté.

Enquête réalisée avec Guillaume Dasquié.

> Retrouvez nos articles autour de la catastrophe nucléaire de Fukushima:

#3 – Les sacrifiés de Fukushima n’appartiennent déjà plus à ce monde

Un AZF nucléaire est possible en France

> Retrouvez aussi“le Big Picture sur Fukushima”

Illustration CC FlickR CmdrCord

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Facebook: Keep It Simple! http://owni.fr/2011/02/23/facebook-keep-it-simple/ http://owni.fr/2011/02/23/facebook-keep-it-simple/#comments Wed, 23 Feb 2011 10:13:14 +0000 Damien Van Achter http://owni.fr/?p=47917 Les marques se ruent sur Facebook. Pourquoi ? Parce que c’est là que leurs (futurs) consommateurs se trouvent. Et surtout, parce que la mécanique interactive y est parfaitement huilée, simple, efficace et extrêmement virale. Recréer cette dynamique à l’identique sur leurs sites corporate serait dispendieux, inefficace et constituerait une perte de temps incroyable. Pourquoi réinventer la roue alors que Facebook vous offre un train de pneus tout neufs pour véhiculer vos messages ?

Au cours des trois dernières années, j’ai exploré les différentes possibilités qui s’offraient à la RTBF de tirer parti de Facebook. Sachant que la plate-forme a fortement évolué durant ce laps de temps, voici quelques observations tirées de mon expérience.

Comment Facebook peut devenir utile

- Avant de vous lancer, fixez-vous des objectifs quantitatifs ET qualitatifs. “Faire du fan” n’est pas une option stratégique, juste un concours de quéquettes ridicule et stérile. Mais si votre DG marketing n’entend que ce langage, je connais quelques boîtes qui s’en sont fait une spécialité: certaines entretiennent même des “fermes” de fans et vous facturent systématiquement 10% de pub pour les activer au début de votre campagne. Effet bœuf garanti avec 20.000 fans dès J+1!

- Être sur Facebook s’envisage sur le long terme. Vous pouvez accumuler les “one-shots”, mais faites-le sur une page qui a été pensée pour durer. Habillez-là au plus près de votre site corporate, faites briller les chromes et gardez votre wall propre en séparant vos posts de ceux de vos fans;

- Ne survendez pas votre soupe. Une cuillère d’auto-promo de temps en temps est bien plus efficace qu’une grosse louche tous les matins.

- Animer une page, c’est un peu comme animer un camp de vacances. C’est un travail d’équipe qui nécessite de pouvoir se reposer sur vos collègues pour tenir le coup sur la longueur. Variez les activités. Des quizz, des concours et des jeux avec beaucoup de cadeaux pour beaucoup de gagnants. Des discussions au coin du feu, pour le plaisir. Des trucs simples, sans devoir cliquer 8.012 fois ou devoir donner accès à son profil in extenso pour participer. Vivez avec vos fans, pas à leurs dépends.

- Ne dévoyez pas le like. Facebook n’aime pas ça du tout. Je ne compte plus les pages supprimées – parfois de grands comptes – parce que leurs fans devaient envoyer des photos et voter en “likant” les meilleures. Good Idea, Bad Execution.

- Monitorez vos stats. C’est assez chiant, je sais, mais c’est le seul moyen d’objectiver votre action. Et dans bien des boîtes, le langage des chiffres est encore celui que votre boss comprend le mieux.

- Facebook fonctionne comme un club exclusif dont les membres s’attendent à être privilégiés. Faites du “couponing” quand ils s’abonnent à votre page, récompensez-les quand ils rameutent leurs amis, félicitez-les quand ils le méritent (anniversaire, naissance, nouveau job)… Placez-vous à la hauteur de ce qui compte vraiment pour eux, ce qui ne signifie certainement pas vous abaisser, bien au contraire. Créez des événements, rebondissez sur l’actualité.

- Donnez à voir, à entendre, à lire, tout ce qui peut permettre à vos fans de comprendre l’état d’esprit dans lequel vous/votre boîte se trouve à l’heure actuelle. Faites des vidéos, comme vos fans. A l’arrache et à l’instinct, juste pour le plaisir de partager des bons moments. Et pas pour singer la téloche avec une femme-tronc devant un décor cheap derrière la cafétéria ! Idem pour les photos.

Oser le “lâcher prise”

Prendre le risque de la conversation en ligne, c’est prendre le risque de partager, d’échanger, de ne pas créer de monétisation immédiate et un retour sur investissement sans doute à très long terme. S’il a lieu. C’est prendre le risque du poteau dans la gueule une ou deux fois, comme quand on apprend à rouler à vélo.

C’est prendre le risque de ne pas forcément toucher le public que l’on souhaitait, et de s’adapter à celui qui répond quand même présent. C’est mettre nos égo dans nos poches et réapprendre l’humilité propre à ceux qui débarquent dans un univers qui n’est pas le leur, même s’ils ont bigrement contribué à le créer, parfois à leur corps défendant dans le cas des médias. C’est accepter d’essayer d’aller bien alors qu’on voudrait surtout aller vite …

Accompagner les conversations sur des espaces monitorables pour nos marques, dans ces “chez nous” virtuels au sein de Facebook, est un travail remis sans cesse en question. Parce que les usages changent plus vite que les mentalités et les business modèles. Parce que le changement fait peur et qu’il est contraignant. Mais le potentiel est tellement grand, le champ d’expérimentation tellement large qu’il faut pouvoir se jeter à l’eau même si la barque n’est pas tout à fait stable. C’est ce qui fait la beauté de ce sport, son incertitude et son excitation.

Vous pouvez retrouver les autres articles associés: Pourquoi les réseaux sociaux sont vitaux pour les artistes et Medias sociaux : objectif thune
Image de Une: Copyright Fotolia

Illustration Flickr CC Jeff Casillas et Pascal

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