OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 RSF hacke la censure http://owni.fr/2012/07/23/rsf-hacke-la-censure/ http://owni.fr/2012/07/23/rsf-hacke-la-censure/#comments Mon, 23 Jul 2012 12:27:45 +0000 Sabine Blanc et Ophelia Noor http://owni.fr/?p=116718

Pentesting (test d'intrusion) de l'application WeFightCensorship de RSF à La Cantine, le 21 juillet 2012 - cc Ophelia Noor

Ils lui ont fait mal, ils lui ont fait mal, les hackers à la future plate-forme WeFightCensorship de Reporters sans frontières (RSF). Ce samedi, ils étaient conviés par l’ONG à un hackaton organisé à la Cantine à Paris pour tester la sécurité de l’outil. Vu l’enjeu, WeFightCensorship a intérêt à viser un système sûr au maximum. Lucie Morillon, en charge du bureau des nouveaux médias à RSF, présente le but du projet :

Jean-François Julliard, notre ancien secrétaire général, souhaitait mettre en avant le travail des gens qui ont été arrêtés ou ont été poursuivis pour s’être exprimé, en leur donnant une tribune, avec la traduction des textes censurés. Nous ferons remonter des documents en s’appuyant sur notre réseau.

La carte d’un monde d’espions

La carte d’un monde d’espions

OWNI en partenariat avec Wikileaks vous propose cette carte interactive permettant d'identifier toutes les sociétés à ...

Bien sûr, il peut aussi s’agir de photos ou de vidéos. Il sera aussi possible de soumettre de façon anonyme et sécurisée des contenus, dont la fiabilité sera vérifiée. Que les contenus proviennent de journalistes professionnels ou amateurs n’a pas d’importance : Internet a brouillé les frontières entre les deux, RSF l’a bien intégré et défend les deux du moment qu’ils diffusent de l’information.

Et quelle que soit leur origine, les documents mis en ligne bénéficieront d’une mise en contexte pour que le grand public comprenne les risques que prennent des blogueurs, par exemple, pour simplement exercer leur esprit critique contre leur gouvernement.

Par un jeu de sites miroirs, les contenus trouveront autant d’échos supplémentaires. Si un miroir tombe ou est bloqué, il y en aura toujours un autre en ligne et accessible.

Jouer sur l’effet Streisand

WeFightCensorship veut “rendre caduque la censure en jouant sur l’effet Streisand”, détaille Grégoire Pouget, webmaster de RSF. L’effet Streisand est un des grands principes qui régissent l’Internet : plus on essaye de censurer un contenu en tentant de le supprimer, plus il est dupliqué. L’actrice Barbara Streisand en avait fait l’expérience en essayant de faire retirer des photos de sa maison, donnant son nom à ce phénomène.

Le système doit donc assurer une sécurité maximale aux utilisateurs. RSF a fait appel à Linagora, son partenaire habituel, spécialisé dans l’open source, pour la développer. William Bonnet, le directeur technique de Linagora, a détaillé la longue liste des risques. Aperçu non exhaustif :

Il faut se prémunir conte l’identification des miroirs et la captation des données ou le blocage ; il faut diffuser du contenu en limitant le risque d’altération comme les fausses informations ou le défaçage ; protéger l’anonymat en ne gardant pas d’informations qui permettent de remonter aux contributeurs…

Architecture résiliente

C’est donc toute la palette des techniques de signature et de chiffrement qui a été utilisée, comme par exemple “le chiffrement des données de bout en bout” a-t-il détaillé. L’architecture globale a été conçue pour être au maximum résiliente :

L'architecture globale de WeFightCensorship - Cliquez pour agrandir.

C’est ce système complexe que les hackers ont été conviés ce samedi à passer à l’épreuve du feu. Et la bête semble bien robuste. Dès juin, la communauté avait été invitée à lui faire passer un premier crash-test, qui avait permis de colmater quelques belles brèches. L’ensemble tient maintenant bien la route, se réjouit fo0, membre du cluster Telecomix qui s’est illustré pendant les révolutions arabes en aidant les internautes à communiquer, et de façon sécurisée :

Le système est plus stable, même s’il n’est pas encore prêt à être mis en production demain, il ne présente pas vraiment de grosses failles, rien qui ne mette en danger la sécurité des gens. Cette séance permet à Linagora de se projeter à long terme. Nous avons juste eu un problème d’upload de fichier, il était trop lourd et le système a buggué.

Nous avons aussi pu réfléchir à quelques idées en cas de scénario d’attaque. Il faudrait par exemple essayer de faire passer un fichier infecté à travers toute la chaine de process, un virus qui passe l’anti-virus.

Wiliam Bonnet, directeur technique de Linagora qui a développé l'application We Fight Censorship, à La Cantine, Paris, juillet 2012 - cc Ophelia Noor

Car l’enjeu majeur est surtout de savoir réagir en cas de problèmes, qui ne manqueront pas de surgir. William Bonnet est aussi satisfait de cette journée qui a permis de renforcer les liens avec les hackers :

La journée s’est très bien passée, nous avons pu échanger des informations avec les testeurs.

L’expérience illustre une nouvelle fois la relation fructueuse que les ONG ont commencé à nouer avec cette communauté encore trop souvent mal vue, à tort. WeFightCensorship est d’ailleurs un bébé hacker, a rappelé Grégoire Pouget :

Il y a un avant et un après WikiLeaks, on les a soutenus d’ailleurs au début, avant que l’organisation ne connaissent des problèmes en ne prenant pas assez de précautions, ils avaient divulgués des noms. Nous nous en sommes inspirés, avec le côté ONG : le contrôle est plus important, l’idée n’est pas de produire des contenus bruts. Nous ne publierons rien sans l’accord de l’auteur pour ne pas aggraver la situation.

Sensibiliser encore plus les journalistes

Les hackers forment les journalistes

Les hackers forment les journalistes

La semaine dernière, hackers et journalistes avaient rendez-vous. L'objectif : apprendre à sécuriser ses connexions à ...

Le rapprochement entamé depuis 2010 avec cette communauté est logique, pour peu que l’on connaisse ses fondamentaux : non, ce n’est pas le piratage de carte bleue, mais la libre circulation de l’information. Et sa marotte pour la sécurité s’avère bien précieuse.

Parmi les collaborations notables, les J_Hack, des échanges entre journalistes, activistes et hackers. Cet hiver, une journée d’ateliers avait été monté pour apprendre aux journalistes à sécuriser leur connexion.

Des journalistes qui ont bien le réflexe de prendre un gilet pare-balles mais pas forcément une clé PGP pour chiffrer leurs communications, a regretté Lucie Morillon, alors que le contexte se dégrade :

WeFightCensorship servira aussi d’espace dédié à la sécurité, avec une boite à outils. Notre grande inquiétude, c’est la banalisation de la surveillance. Les SpyFiles de WikiLeaks ont montré l’étendu de ce marché.

Portrait de Lucie Morillon, chargée des nouveaux médias à RSF en juin 2012 à Paris - cc Ophelia Noor

D’ici son lancement début octobre, WeFightCensorship va encore peaufiner sa carapace, en profitant des retours d’expérience. “Ce hackaton n’est qu’une étape dans la vie du système”, poursuit William Bonnet. Les menaces évoluent, et les abris aussi : quand il s’agit de sécurité, c’est le hackaton continu. Le directeur technique conclut :

C’est à la fois une grande responsabilité et une grande fierté.

L’application à tester est accessible à ces deux adresses :

  1. http://miroir-prim-pub-01.wefightce… pour la partie publication
  2. http://miroir-contrib-01.wefightcen… pour la partie contribution

Texte Sabine Blanc
Photos Ophelia Noor pour Owni

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Richard Stallman, précieux radoteur http://owni.fr/2012/06/29/richard-stallman-precieux-radoteur/ http://owni.fr/2012/06/29/richard-stallman-precieux-radoteur/#comments Fri, 29 Jun 2012 12:32:28 +0000 Sabine Blanc et Ophelia Noor http://owni.fr/?p=114848

Richard Stallman à La Mutinerie Coworking à Paris, le 28 juin 2012 - (cc) Ophelia Noor

La Mutinerie, ses flamboyantes tentures rouges et son coffre de pirate en guise de table : l’espace parisien de co-working était tout désigné pour accueillir la conférence de Richard Stallman, hacker mythique qui a initié le mouvement du logiciel libre, sur le thème ”Logiciels libres et droits de l’Homme”. Une initiative des ONG la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et Reporters sans frontières (RSF), de leurs amis du cluster de hackers Telecomix, de Silicon Maniacs, avec le soutien de l’agence de communication LIMITE.

Drones d’intérêt général

Drones d’intérêt général

Des drones fabriqués en Bretagne pour équiper les opposants syriens, les aider à communiquer entre eux et témoigner des ...

En mode automatique, Richard Matthew Stallman, rms pour les intimes, a délivré son laïus habituel, devant un public acquis. Le même depuis presque trente ans, lorsqu’il claqua la porte du laboratoire d’intelligence artificielle du MIT en 1983 pour développer GNU, un OS dont le code est ouvert, en réaction à la logique propriétaire de plus en plus prégnante, gros sous oblige. Un retour à la nature originelle des logiciels puisque, on l’oublie souvent, les programmes ont d’abord été libres par défaut. Dans la foulée, la Free Software Foundation (FSF) est créée pour soutenir le projet.

(deliver Guru (clone SPEECH_FROM_30_YEARS_AGO)

Plus qu’un paramètre technique, l’ouverture du code est pour Richard Stallman une véritable philosophie. Il la résume en trois petits mots qui nous sont familiers, rappelé en ouverture, dans un français impeccable :

Liberté, égalité, fraternité.

Un triptyque d’où découlent quatre obligations, “quatre nouveaux droits de l’homme”, dans une société où l’informatique joue un rôle central : liberté d’utiliser le logiciel, de l’étudier, de le modifier et de le redistribuer. Mais aussi une quadruple obligation que doit respecter un programme pour pouvoir prétendre à une des licences labellisées “libre”.

Conférence de Richard Stallman sur les logiciels libres et les droits de l

Stallman est bien sûr agaçant par son côté sectaire, son intransigeance, qui consiste à démonter méthodiquement les outils que la plupart des gens utilisent au quotidien, en ignorant (faisant semblant de ?) que l’utilisateur lambda se contrefiche de savoir que Microsoft a mis des portes dérobées (backdoors) pour modifier Windows, ce “malware universel”,  ou qu’il ne peut pas tripatouiller le code, tant que ses besoins sont satisfaits. Lassant encore quand il file, as usual, la petite claque à Linux, l’OS libre à succès développé par Linus Torvalds et la grosse baffe à l’open source, avatar marketé parfois moins pointilleux sur les licences, qui a commis le crime de mettre en avant l’efficience des outils libres plutôt que l’éthique.

Richard Stallman joue d’ailleurs de cette étiquette en tonnant à moult reprises “parlez plus fort, je n’entends pas” (il est sourd comme un pot), ou en endossant le costume de Saint iGNUcius :

Saint iGNUcius, de l’Eglise d’Emacs
Je bénis ton ordinateur
Nous adorons le seul vrai éditeur d’Emacs
Tu dois prononcer la confession de foi :
Il n’y a aucun autre système que Gnu et Linux est un de ses noyaux

Richard Stallman, transformation en Saint iGNUcius avec la robe et l

Si l’homme occidental moderne fait furieusement penser au Discours de la servitude volontaire, de la Boétie, c’est somme toute son problème. En revanche, quand la liberté de communiquer, voire des vies, sont en danger, l’argument du “contrôle du logiciel sur l’utilisateur” pèse d’un poids nouveau. Et malheureusement, la surveillance du réseau s’accroit, comme l’a rappelé Antoine Bernard, le directeur général de la FIDH :

En Colombie, le président Uribe s’est livré à de l’espionnage sous couvert d’une procédure anti-terroriste. Des défenseurs des droits de l’homme, des magistrats, des policiers, ont été poursuivis jusqu’en Europe, leurs communications ont été interceptées.

Lui-même s’est fait tacler par rms pour utiliser Skype. Le bien pratique logiciel est troué comme une passoire et il a servi à espionner les opposants syriens grâce à un mouchard. Et ce n’est qu’un exemple.

Dès lors, il était logique de “connecter le monde du libre et des droits de l’homme”. La FIDH a “intégré l’enjeu depuis 2000″, les logiciels libres ont été installés, “non sans peine” car il est difficile de tourner le dos au “confort fallacieux de certains logiciels”, pour reprendre les termes de Nicolas Diaz, le webmaster de la FIDH. RSF, qui défend également des blogueurs et netcitoyens, souhaite aussi “engager plus la communauté du libre”.

“Bull éclatez”

Impossible de ne pas évoquer le cas d’Amesys, cette filiale de l’entreprise française Bull qui a vendu des systèmes de surveillance à des dictatures. La dualité de la technologie a bon dos, quand il s’agit de faire du chiffre d’affaires. La FIDH et la LDH ont déjà eu la satisfaction de voir que leur plainte déposée cet automne visant la société pour complicité d’actes de torture en Libye a permis l’ouverture d’une information judiciaire.

Gnu contre le taureau, Richard Stallman était symboliquement entré dans l’arène au printemps lors d’un séjour en Tunisie, le temps d’un happening, prouvant que le vieil oncle radoteur est aussi un gardien sacrément vigilant :

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni

Owni a publié en ebook sur Amsesys, Au pays de Candy, enquête sur les marchands d’armes de surveillance numérique

Nos confrères des Inrockuptibles ont demandé à Richard Stallman de conseiller François Hollande. Dommage que les équipes du cabinet de la nouvelle ministre de la Culture Aurélie Filippetti soient déjà constituées, avec un certain tropisme hadopiesque.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Les hackers forment les journalistes http://owni.fr/2012/03/04/hackers-forment-journalistes/ http://owni.fr/2012/03/04/hackers-forment-journalistes/#comments Sun, 04 Mar 2012 18:37:23 +0000 Ophelia Noor et Pierre Alonso http://owni.fr/?p=100592

Okhin (TELECOMIX) pendant son atelier "Comment protéger ses communication en ligne ?" - (cc) Ophelia Noor/Owni

Comprendre le fonctionnement du réseau.  Sécuriser son ordinateur. Chiffrer ses communications et ses données sensibles. Adapter sa solution de sécurité au contexte. Hackers, défenseurs de la liberté de la presse et journalistes avaient rendez-vous samedi dernier à la Cantine autour de quatre ateliers.

Telecomix, un collectif d’hacktivistes très actif en Syrie notamment, Reflets.info, site d’information qui associe journalistes et hackers, et Reporters sans Frontières ont présenté quelques clés pour mieux protéger ses sources à l’heure où la surveillance change de moyens et d’échelle.

Dernière triste illustration en date : la mort de la journaliste américaine Marie Colvin et du jeune photojournaliste français Rémi Ochlik, tués en Syrie le 22 février dans des bombardement à Homs. Selon l’Electronic Frontier Foundation, ils auraient été trahis par leur téléphone satellitaire, qui a permis de connaître leur position.

Un réseau ouvert

Kitetoa, journaliste à Reflets.info, a présenté le fonctionnement du réseau, avant d’expliquer comment interviennent les technologies de surveillance, technologies que Reflets.info s’est fait une spécialité de surveiller. Protéger efficacement ses données personnelles, un enjeu de taille, passe par la compréhension de la nature d’Internet. Un réseau ouvert, issu d’une réflexion demandée par des militaires américains à des “universitaires aux cheveux longs et aux idées larges”. En somme, les machines communiquent entre elles et s’échangent des informations. Usant d’une métaphore, Kitetoa explique :

Imaginez que vous êtes au comptoir dans un bar. Vous demandez à quelqu’un à l’autre extrémité une bière. Pour ce faire, l’information doit transiter par toutes les personnes entre lui et vous. Idem au retour pour obtenir votre bière. Si les gens sont polis, la bière vous parviendra intacte. Sinon, ils peuvent aussi cracher dedans.

Le réseau peut être observé à plusieurs endroits à l’aide du Deep Packet Inspection, une technique qui permet d’explorer les paquets de données en profondeur, donc les données qui transitent. Une technologie duale utilisée tant pour mesurer la qualité du trafic qu’à des fins de filtrage et de censure. Lorsque Orange propose à ses clients un outil pour recevoir de la publicité ultra-ciblée, il fait du DPI sur la box du client. Pour Kitetoa, un tel outil revient “à se mettre volontairement sous surveillance”. Le filtrage peut aussi être à l’échelle d’une nation, comme en Libye avec l’aide de l’entreprise française Amesys, ou en Syrie grâce à QOSMOS et BlueCoat notamment.

La constat est grave mais des solutions existent. L’utilisation d’un réseau privé virtuel (un VPN) permet de court-circuiter quelques dispositifs de surveillance. Le VPN est un tunnel fermé qu’il est plus difficile de pénétrer, surtout lorsque les VPN sont de confiance.

Continuum de sécurité

Comprendre le fonctionnement du réseau et de ses failles est un premier pas vers une meilleure protection de ses données personnelles. Une autre partie se joue hors ligne, sur son ordinateur. Stéphane Koch, expert en sécurité informatique et intervenant auprès de RSF, décrit une chaine de sécurisation. Le chiffrement des données stockées sur son disque dur, en utilisant le logiciel TrueCrypt, est une étape, mais pas une fin en soi. Le continuum passe par le choix d’un mot de passe solide, le verrouillage systématique de sa session lorsqu’on s’éloigne de son poste de travail, l’effacement définitif des données supprimées…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Chiffrement

Okhin, hacker du collectif Telecomix, a présenté les solutions de chiffrement, quelles que soient les activités en ligne : navigation, discussions instantanées, envois d’emails. Pour chaque catégorie existent des solutions gratuites et sûres. Le pack TOR comprend tous les outils pour protéger sa navigation en ligne et contourner la censure éventuelle. Les conversations en temps réel peuvent aussi être chiffrées en utilisant l’extension Off The Reccord (OTR) sur certains programmes, dont Pidgin ou Adium.

Le logiciel de chiffrement GPG permet à la fois d’authentifier la provenance des emails et de chiffrer leur contenu. Chaque interlocuteur possède une clé publique et une clé privée correspondante. La première permet de chiffrer le message, la seconde de déchiffrer les messages reçus. Le client de messagerie Thunderbird, utilisé avec EnigMail, offre la possibilité d’utiliser le GPG.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Anonymat ou chiffrement

Les responsables Internet à Reporters sans Frontières, Grégoire Pouget et Lucie Morillon, travaillent quotidiennement avec des sources potentiellement en danger, en Iran, en Biélorussie ou ailleurs. L’arbitrage entre chiffrement et anonymat est une question récurrente. Quand chiffrer devient suspect, il vaut mieux utiliser des stratégies d’anonymisation, comme des boites au lettre virtuelles mortes estiment-ils. La solution de sécurité doit être adaptée au contexte.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Erratum : Dans son interview, Okhin évoque l’arrestation de personnes en contact régulier via Skype avec RSF. Il ne s’agit pas de RSF mais de la Fédération international des droits humains (FIDH).

A (re) lire : Petit manuel de contre-espionnage informatique.
A consulter également, les podcasts de l’évènement pour chaque atelier et la table ronde, sur le site de Silicon Maniacs, co-organisateur de cette journée de formation.
Photos par Ophelia Noor pour Owni /-)
Vidéos à l’iPhone par Ophelia Noor et Pierre Alonso

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http://owni.fr/2012/03/04/hackers-forment-journalistes/feed/ 30
RSF : “Toujours plus de filtrage, de contrôle et de surveillance d’Internet” http://owni.fr/2010/06/24/rsf-toujours-plus-de-filtrage-de-controle-et-de-surveillance-internet/ http://owni.fr/2010/06/24/rsf-toujours-plus-de-filtrage-de-controle-et-de-surveillance-internet/#comments Thu, 24 Jun 2010 10:54:20 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=20051 Reporters sans Frontières (RSF) lancera demain un “abri anti-censure”, destiné à apprendre aux journalistes et blogueurs “à contourner la censure, sécuriser leurs communications, et conserver leur anonymat en ligne“. Nous les avons interrogé sur ce projet. Et plus généralement sur l’état de la liberté d’expression en ligne en France, et dans le monde.

En quoi consiste l’abri anti-censure ?

Il s’agit d’abord d’un lieu physique hébergé dans les locaux de RSF (1). Y sont mis à disposition trois postes de travail pour les journalistes et blogueurs qui veulent apprendre à protéger leurs communications et conserver leur anonymat. On leur donne accès aux logiciels libres les plus connus, mais aussi à une solution adaptée de VPN gratuit proposée par RSF. Normalement ce VPN, édité par Xero-bank, est payant. Mais dans le cadre de ce partenariat, ils ont accepté de le fournir gratuitement pour les personnes – journalistes, blogueurs, défenseurs des droits de l’homme – considérés comme vulnérables.

Cela fait dix dans qu’on s’intéresse à la question de la liberté d’expression en ligne. Dans de nombreux pays, quand les médias sont sous la coupe du gouvernement, seuls les blogs diffusent des informations indépendantes et objectives. Et il y a une recrudescence de la surveillance d’Internet pour repérer les dissidents et prendre des mesures contre eux. Donc on a pensé que c’était le bon moment pour fournir des outils à ceux qui en ont besoin.

Comment cet accès VPN sera t-il accessible ?

Il sera accessible sur les trois postes, mais on va aussi fournir des clés USB “tout en un” pour que les gens puissent y avoir accès quand ils rentrent dans leur pays. On va également identifier les journalistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’homme qui, sur place, dans leur pays, ont besoin de protection, afin de leur faire donner accès à ce service. Cela devrait concerner plusieurs centaines de personnes. Ensuite, on va ouvrir un site Internet qui donnera accès à ce service, mais proposera également une solution d’hébergement pour les contenus censurés. Par exemple des photos ou vidéos censurées qui mettent en cause les autorités, et sont importants pour le droit à l’information. Car leurs auteurs ne savent pas forcément où les héberger.

C’est ce que compte également proposer l’IMMI. Quel est votre regard sur cette initiative ?

C’est une très bonne initiative, et on a appellé le gouvernement islandais à respecter au maximum les engagements pris par le Parlement. Et il est intéressant de voir ce genre de démarches alors que la tendance générale s’inscrit dans l’opposé. Partout dans le monde, les gouvernement vont vers toujours plus de de filtrage, de contrôle et de surveillance d’Internet, les législations vers des lois liberticides. Pour l’IMMI, ils ont travaillé de manière étroite avec WikiLeaks, qui montre à quel point il est crucial d’avoir une protection des sources.

A propos d’anonymat, que pensez-vous de la proposition de loi de Jean-Louis Masson ?

C’est une proposition de loi complètement absurde. et qui démontre une méconnaissance d’Internet en général et des blogs en particulier. Beaucoup de bloggeurs ne s’exprimeraient pas de la même façon si leur nom était connu. On pense à maître Eolas, mais aussi par exemple à des malades du sida qui témoignent anonymement. Dans une émission, interrogé sur le cas d’un malade du sida, Jean-Louis Masson répondait “Pourquoi il veut témoigner ? Ça n’est pas ça qui va le faire guérir !”. Cela témoigne aussi d’une méfiance générale du gouvernement vis-à-vis des blogueurs. Alors qu’il est parfaitement possible, dans le cadre d’une action judiciaire, de remontrer via l’hébergeur à un blogueur qui a commis un acte illégal au regard de la loi française.

Comment voyez vous l’évolution de la liberté d’expression en France  ?

La France a le record européen en termes de mises en examen et de perquisitions. Ca n’est pas très glorieux. Il n’y a qu’a voir l’histoire d’Augustin Scalbert. Cette multitude de pressions et de mises en examen crée un contexte qui n’incite pas les sources à vouloir révéler des contenus sensibles et d’intérêt général. Et donc pas très proprice au journalisme d’investigation basé sur des sources fiables qui ont besoin d’un climat de confiance. D’ailleurs le 18 juin, on a lancé un appel pour la presse libre, pour appeller les journalistes et les citoyens à resister.

(1) L’abri est situé 47 rue vivienne, 75002 Paris. Il sera ouvert de 10h à 18h, du lundi au vendredi. Une réservation par mail est demandée  : abri@rsf.org.

Nos confrères de Mediapart ont interviewé Jean-François Julliard, le secrétaire général de RSF. Il revient sur l’évolution des missions de l’association, en particulier les changements qu’Internet a provoqués.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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http://owni.fr/2010/06/24/rsf-toujours-plus-de-filtrage-de-controle-et-de-surveillance-internet/feed/ 16
Lutter contre la Cyber-Censure http://owni.fr/2010/03/12/lutter-contre-la-cyber-censure/ http://owni.fr/2010/03/12/lutter-contre-la-cyber-censure/#comments Fri, 12 Mar 2010 15:18:56 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=9961

Ce vendredi 12 mars met en avant lors de la journée mondiale de lutte contre la cyber-censure, la bataille pour la liberté d’information. Depuis que le Net s’ouvre au monde, les pays les moins démocratiques ou ceux se prétendant démocratiques tendent à renforcer le contrôle sur l’information. Face à ces états censeurs, dictatoriaux ou fut un temps réellement démocratiques, il appert que la capacité de mobilisation des net-citoyens, des anarnautes, des tenants de la Netopie, s’accroît en faisant tomber les frontières des états.

Chaque citoyen soumis à la censure ou que les états veulent faire taire devient un relais d’informations permettant au monde entier d’être mis face aux dérives des régimes autoritaires, il n’est qu’à penser à la Révolution Twitter en Iran… Malheureusement, quelques rares pays, la Corée du Nord, la Birmanie, le Turkménistan voire Cuba coupent totalement l’accès au Web prétextant un manque de moyens techniques et un moindre développement des infrastructures. De fait, nous assistons à une explosion du marché noir des télécommunications, notamment à Cuba, en Chine ou en Corée du Nord…

censure

Le marché de la construction des prisons devrait aussi s’accroître puisque près de 120 blogueurs, internautes, cyberdissidents sont enchristés pour avoir eu la désobligeance de s’exprimer librement.

- Au Maroc, pays ami de la France, le délicieux Mohammed 6, pire encore que son père, mais n’ayant pas encore systématisé la surveillance du Web, maintient en détention un blogueur et un propriétaire de cybercafé pour avoir permis la publication ou publié des propos anti-Mohammed 6, notamment sur la répression d’une manif ayant mal tourné.

- Adnan Hadjizade et Emin Milli, blogueurs Azerbaïdjanais sont sous les verrous pour avoir tourné en dérision les autorités locales et les avoir ridiculisé dans une vidéo sur You Tube.

- Au Yémen, quatre journalistes sont actuellement derrière les barreaux pour des raisons similaires…

Et la liste pourrait être longue encore des exactions commises sous couvert politique. RSF publie donc ce rapport à l’occasion de cette journée de lutte et rallonge également la liste des pays ayant mis le Web sous surveillance : la Turquie et la Russie en font dorénavant partie.

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Si seuls les régimes autoritaires étaient initiateurs de cette surveillance du Web, les pays libres les rejoignent et les moyens de surveillance évoluent. Censure et intimidations, pressions étatiques et légales se démultiplient… 60 pays censurent « officiellement » le web en 2009, soit deux fois plus en qu’en 2008…

Filtrage, fichage, fermeture de blogs, de sites de dissidents, d’opposants aux régimes de ces 60 pays… les moyens techniques se mettent au service de la volonté de faire en sorte que le Web la ferme purement et simplement. Arrestation torture, intimidation des journalistes, des dissidents, des blogueurs, des entourages (notamment au Maroc), des familles…

RSF précise que « Les plus grandes prison du monde pour les net-citoyens sont la Chine, largement en tête avec 72 détenus, suivie du Viêt-nam et de l’Iran, qui ont lancé ces derniers mois des vagues brutales d’arrestation. »

Quand la démocratie censure…

Si l’on évoquait jusqu’alors les dictatures, monarchies absolues et autres régimes staliniens, ceux-ci ne sont pas les seuls à vouloir surveiller le Net. La Corée du Sud tente de mettre un terme à l’anonymat sur la toile, l’Australie est en train de se doter d’un système de filtrage total du Web.

Au niveau supranational, les discussions actuelles menées sous secret défense par 39 états ne vont guère aller dans le sens des anarnautes, des opposants. ACTA destinés à lutter contre la contrefaçon se négocie sans la moindre concertation avec les ONG, sans aucun rapprochement avec les acteurs du Web. La Communauté européenne à beau s’opposer à cette confidentialité par un vote très largement majoritaire, les passions ne s’apaisent pas face à un accord qui pourrait instaurer la surveillance du Web dans 39 pays dont on prétend qu’ils sont démocratiques. Ces mesures liberticides potentielles passeraient par un filtrage du Net sans qu’aucune décision de justice n’ait à être prise.

rsf

Les législations répressives sont de plus en plus systématiques : Jordanie, Irak, Kazakhstan, Australie, Grande-Bretagne, France… cette liste est longue et peut inquiéter… Voir accoler dans une même liste des états totalitaires et des démocraties ne laisse guère planer de doutes quant aux volontés de contrôle que tout état veut sur cet espace de liberté qu’est le Web.

Face à ces volontés sécuritaires, le rapport de RSF précise cependant que « En Finlande, le décret n°732/2009 fait de l’accès à Internet un droit fondamental pour tous les citoyens. En vertu de ce texte, chaque foyer devra bénéficier d’une connexion d’au moins 1 mégabit par seconde au 31 juillet 2010. D’ici 2015, elle devra être d’au moins 100 mégabit par seconde. De son côté, le Parlement islandais examine à l’heure actuelle une proposition de loi ambitieuse, “Icelandic Modern Media Initiative” (IMMI), destinée à protéger les libertés sur Internet, en garantissant la transparence et l’indépendance de l’information. Si elle est adoptée, l’Islande deviendrait un paradis cybernétique pour les blogueurs et les citoyens journalistes »

Les blogueurs s’associent…

Partout sur la planète Web, les associations de blogueurs se développent en cyber-mouvements de lutte, d’échanges de fichiers, de techniques permettant aux iraniens d’utiliser des proxies destinés aux dissidents chinois, etc. Idem dans les 60 pays de la liste RSF… la résistance sur le Web s’organise. Et la résistance, ça marche ! En Russie, le média le plus libre est le Net, en Italie, on n’en est pas loin malgré les tentatives de Berlusconi de faire taire les blogueurs opposants, en France non plus, nous n’en sommes pas très loin ! RSF précise aussi que « L’Arabic Network for Human Rights Information estime à 10 000 le nombre de blogs actifs, en arabe et en anglais, dans le pays. ». Les trônes dictatoriaux se fragiliseront… gageons le.

Cette journée de lutte contre la cyber-censure ne doit en aucun cas être une mobilisation d’une journée, elle doit être un combat de chaque jour où les démocrates, à défaut des démocraties, doivent soutenir les dissidents, les opposants enchristés pour avoir voulu défendre leurs libertés fondamentales, leur liberté d’expression.


Photo par Cayusa (CC-by-nc)

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#RSF et le web : histoires de « libertés » http://owni.fr/2010/01/02/rsf-et-le-web-histoires-de-%c2%ab-libertes-%c2%bb/ http://owni.fr/2010/01/02/rsf-et-le-web-histoires-de-%c2%ab-libertes-%c2%bb/#comments Sat, 02 Jan 2010 15:30:26 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=6629 prison-2-450x338

Dans le rapport annuel sur la liberté de la presse, le Web a désormais voix au chapitre des atteintes à la liberté, aux libertés individuelles. Le nombre de blogueurs enchristés est en constante augmentation. Cyberdissidents et internautes derrière les barreaux : le web est de plus en plus sous coupe réglée.

108 : nombre de dissidents en taule pour avoir osé s’exprimer dans un monde 2.0 ne connaissant pas le nom démocratie. Depuis 2002, Reporters Sans Frontières tient à jour la liste des internautes revendiquant une opinion allant à l’encontre des régimes sous lesquels ils vivent.

La liberté d’expression quasi-totale que l’on trouve sur le Net reste pour beaucoup une utopie, un impossible, du fait de la surveillance extrême mise en place par de nombreux états.

En 2009, 151 citoyens ont été victimes de censures gouvernementales, puis arrêtés. La criminalisation de la libre parole sur le Net est de plus en plus réelle. L’Iran, La chine, l’Egypte, la Birmanie, le Vietnam, l’Azerbaïdjan, le Maroc sont en tête de liste des régimes préférant utiliser le web à des fins d’épuration intellectuelle.

Exprimer une opinion divergente dans ces pays dont certains sont prétendument démocratiques, le Maroc par exemple, revient à prendre le risque majeur de finir au fond d’une geôle pour apprendre le sens du mot “obéissance”, de ce que signifie  “liberté”, liberté au sens dictatorial ou impérial. Ce qui souvent revient au même dans le cas de Mohammed VI, ami des démocraties occidentales et du commerce touristique. Déranger le calme de ce type de régime ou porter atteinte à l’image du dirigeant, potentat local omniscient et omnipotent, devient synonyme de discrimination. La contestation n’a pas lieu d’être. La liberté d’expression : n’en parlons pas.
» Kareem Amer, en taule en Egypte, nouveau procès en appel refusé.
» Zarganar : trente-quatre ans à passer dans les geôles Birmanes.
» Hu Jia et Liu Xiaobo, Wu Yilong: blogueurs : en prison en Chine.
» Nguyen Trung et Dieu Cay : emprisonnés par le régime Vietnamien.
» Adnan Hadjizade et Emin Milli, deux ans de prison en Azerbaïdjan pour avoir émis quelques caricatures de la caste politique au pouvoir.
» El Bachir Hazzan : prison depuis décembre dernier au Maroc.

Et la liste est longue encore des prétendus dissidents. Les Iraniens défendant la démocratie sont, eux, assassinés. Omidreza Mirsayafi tenait un blog sur la musique traditionnelle persane… mais de temps en temps, des satires émaillaient son blog. Condamné à mort pour avoir voulu s’exprimer librement.

De plus en plus de pays censurent le web ; outre ceux déjà cités, il convient d’ajouter  la Tunisie, la Thaïlande, l’Arabie saoudite et l’Ouzbékistan. L’internet turkmène, encore une grande démocratie, reste sous le contrôle de l’État, la Corée du Sud allongeant la liste…

Le web 2.0 devient de plus en plus souvent une taule 2.0, ou deux poings à zéro dans la tronche des blogueurs. Voir l’évolution des pays démocratiques comme la Corée du Sud maintenant à tort en détention un Coréen ayant critiqué sur son blog la situation économique et politique catastrophique de son pays donne une idée des combats qu’il nous reste à mener pour que cette sphère de libertés phénoménales ne deviennent pas un monde de mises en taule potentielles.

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