Pour un gouvernement 2.0

Le 11 mars 2010

Passionné d'Internet depuis plus de 25 ans, ingénieur de formation, fondateur et président d'Almatropie, Serge Soudoplatoff rejoint Owni. Il expose dans ce billet les avancées de certains pays en matière d'open data. Un train que la France n'a pas encore pris malheureusement.

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En finir avec les relations verticales

Passionné d’Internet depuis plus de vingt-cinq ans, ingénieur de formation, fondateur et président d’Almatropie, entre autres, Serge Soudoplatoff rejoint Owni. Il expose dans ce billet les avancées de certains pays en matière d’open data. Un train que la France n’a malheureusement pas encore pris .

Nous sommes au mois de mars 2010. O’Reilly vient de terminer sa conférence en ligne sur le gouvernement 2.0. Premier constat : les pays qui y participent, parce qu’ils ont quelque chose à raconter, sont les États-Unis, le Canada, l’Australie, l’Angleterre, et Israël. Je sais, la France, pays des droits de l’homme, hélas, n’y était pas présente.

Que signifie un gouvernement 2.0 ? C’est un cheminement qui passe d’abord par l’open data. En bref, le gouvernement s’engage à fournir publiquement toutes les informations qu’il détient. Je viens de croiser à Melbourne Chris Moore, qui est DSI de la ville d’Edmonton, et qui a mis en place un tel système de catalogue open data. Ne croyons pas que c’est facile, il s’est heurté à toute sorte de méfiance, de rejets. Mais il a persévéré, et a réussi. On y trouve des informations géo-localisées, comme les parkings, les bus, les écoles, etc. Mais ce n’est pas suffisant, Chris a décidé d’ouvrir les API de ce catalogue aux développeurs.

Dans la même idée, la ville de San Francisco vient d’annoncer l’ouverture de ses API 311. 311 est, aux États-Unis, l’équivalent du 911 mais quand il n’y a pas d’urgence. Le 911 est utilisé pour signaler qu’un immeuble brule, le 311 pour dire qu’il y a un simple problème ; c’est très bien expliqué ici. Suite à un document créé par Harvard en 2008, une initiative a été lancée, l’open311, qui consiste à créer un ensemble d’API autour des services municipaux (au passage, ce site est un wiki, outil très intéressant dans des phases de conception). Parmi les usages intéressants de cette initiative, signalons fixmystreet en Angleterre, un système de déclaration de problèmes urbains en Hollande, ou bien do it yourself democray aux États-Unis, qui est une application iPhone !

Tout repose sur la même idée (que j’espère bien promouvoir à la DUI) : le rôle du gouvernement est d’encapsuler ses données et d’ouvrir des API, pas seulement de faire un portail où sont sélectionnées des applications « labellisées », mode de relation avec les citoyens qui reste encore trop hiérarchique, supérieur, entre des « sachants » d’un côté et le brave peuple de l’autre.

Mettre les citoyens et le gouvernement en mode collaboratif

Mais ce n’est qu’un début : le pas suivant consiste à mettre les citoyens et le gouvernement en mode collaboratif, en s’appuyant sur les outils de l’Internet. Je ne saurais que trop vous conseiller de lire l’excellent rapport publié par le gouvernement australien, qui est généralement cité comme ce qui se fait de mieux en gouvernance 2.0 : ” Getting on with Government 2.0“. Ce rapport, publié en décembre 2009 sous licence Creative Commons, est adressé à deux ministres : Lindsay Tanner, ministre des Finances et de la Dérégulation, et Joseph Ludwig, membre du Parlement et ministre d’État. La première page est éloquente : l’Australie veut faire de son gouvernement le meilleur au monde !

Je ne peux m’empêcher de vous délivrer l’un des paragraphes de cette première page :

Information collected by or for the public sector is a national resource which should be managed for public purposes. That means that we should reverse the current presumption that it is secret unless there are good reasons for release and presume instead that it should be freely available for anyone to use and transform unless there are compelling privacy, confidentially or security considerations which require otherwise.

La mise en œuvre de ce projet passera par trois piliers :

> Changer la culture et la gouvernance de l’administration

> Utiliser tous les outils collaboratifs issus de l’Internet

> Ouvrir les accès à toutes les données publiques

    Voici une belle initiative, à l’opposé des fameuses lois en I chères à JMP.

    Ne pourrions-nous pas nous en inspirer ?


    > Billet initialement publié sur Almatropie

    > Illustration par Todd Barnard

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