La cathédrale et le bazar en politique

Le 29 mars 2010

« La cathédrale et le bazar », d'Éric S. Raymond, explique les méthodes de production du logiciel libre et de l'Open Source. Que donnent les principes fondamentaux de cette œuvre appliqués à l'organisation politique ? Une piste de réflexion pour faire de la politique "autrement".

Image CC Flickr AlphachimpStudio

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La cathédrale et le bazar est un texte original de Éric S. Raymond expliquant les méthodes de production du logiciel libre et de l’Open Source. La réflexion qui suit est une production librement inspirée par cette Å“uvre dont l’objectif est de reprendre les principes fondamentaux et de les traduire en termes de principes d’organisation politique.

« Faire passer la politique du système propriétaire à celui du logiciel libre » n’est pas simplement une formule pour attirer la sympathie des « geeks ». Les cathédrales sont ces partis politiques vides où le silence, les dogmes et la hiérarchie règnent en maitres. Les bazars, foules grouillantes aux approches et rituels multiples, sont ces citoyens engagés, organisés en réseau ayant l’outrecuidance de se ré-approprier la politique.

À l’organisation du blocage par la hiérarchie il faut opposer une organisation de la réactivité par l’horizontalité.

Le pire ennemi de la politique est l’immobilisme. Les partis politiques sont comme de vieilles pierres qui résistent au temps mais dont l’évolution s’est arrêtée. Une organisation horizontale libère les contributeurs de la validation systématique des prises de positions et propositions programmatiques, accélérant ainsi le rythme de production et de diffusion.

Les sujets d’actualité sont multiples et touchent souvent des sujets complexes : il est impossible pour un ou deux représentants de couvrir tous les domaines. L’horizontalité permet à chacun selon ses spécialités de prendre position ou de produire un ensemble de propositions de manière intelligente.

Dans l’organisation bazar, si l’horizontalité peut créer la cacophonie lors de prises de positions contradictoires des membres d’un même mouvement, cela peut également amplifier l’effet médiatique et le nombre d’idées forces exprimées étant donnée leur multitude.

Aux murs infranchissables des partis politiques il faut opposer l’ouverture aux citoyens et aux idées.

La diversité des idées et des personnes ne doit pas être perçue comme un frein, c’est trop souvent le cas dans les partis politiques où l’uniformisation est le but recherché. Au contraire, la diversité est le moteur de la construction car il incite à l’échange et contribue à l’enrichissement de chacun.

Les idées préexistantes qui marchent doivent être utilisées et adaptées si nécessaire. Il ne s’agit pas de réinventer la roue. Avoir des bonnes idées est aussi important que de reconnaître les bonnes idées.

Les partis politiques n’évoluent pas car le doute n’est pas autorisé. En effet, la vocation électoraliste interdit toute remise en question de l’action menée afin d’en maximiser la force d’influence. Pourtant, les solutions les plus innovantes arrivent bien souvent par la remise en question des approches.

À l’autorité des chefs il faut opposer la bienveillance des pairs.

Encourager les citoyens à s’engager, cela signifie laisser le libre choix des contributions. Quand la contrainte est plus légère, on travaille mieux et plus longtemps. La gratification des pairs encourage à persévérer et améliorer la qualité des contributions.

Déléguer un maximum pour impliquer un maximum de personnes. Plus les énergies sont nombreuses à se déployer utilement, plus l’Å“uvre commune progresse.

Le nombre est un atout. Plus les contributeurs sont nombreux, plus les problèmes sont rapidement détectés et la diversité des approches permet de les résoudre plus facilement. « Étant donné un ensemble de re-lecteurs et de co-producteurs suffisamment grand, chaque problème sera rapidement isolé, et sa solution semblera évidente à quelqu’un. »« Loi de Linus » (quelque peu modifiée)

À la rigidité des appareils il faut opposer la souplesse d’une organisation intelligente.

La structure organisationnelle doit être suffisamment bien pensée pour intégrer la participation de chacun. Des statuts de qualité doivent à la fois être simples, afin que chacun puisse se les approprier, concis et répondant aux besoins d’horizontalité et de coopération.

Billet initialement publié sur le blog d’Antonin Moulart

Dans la même veine, lisez le Cluetrain manifesto appliqué à la politique

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