“Prison Valley” : un nouveau journalisme est déjà là

Le 22 avril 2010

"Slow Journalism", format long, entretiens fouillés, narration riche, multimédia et interactive, enquête courageuse, captivante et informative: "Prison Valley", le nouveau webdocumentaire d'Arte et d'Upian, disponible aujourd'hui sur le Net, offre des pistes prometteuses pour le journalisme de demain.

Le nouveau webdocumentaire d’Arte et d’Upian, disponible aujourd’hui sur le Net, offre des pistes prometteuses pour le journalisme de demain, celui qu’il faut aider, défendre et promouvoir.

Non traditionnelle dans sa narration, son design et son interactivité, cette enquête sur l’industrie de la prison dans un coin perdu du Colorado tient du documentaire, du journalisme et du grand reportage. 

“C’est autant un roadmovie participatif qu’un webdocumentaire ou un projet audiovisuel”, résume Joël Ronez, responsable du pôle web d’Arte France.

Le fond:

Deux anciens de Libération, David Dufresne et Philippe Brault (photographe), ont passé un an à enquêter auprès des acteurs des 13 prisons d’un petit comté, où 16% de la population est incarcérée. Description terrible de “SuperMax”, l’Alcatraz des Rocheuses, où sont enfermés, sous privation sensorielle, les prisonniers jugés les plus dangereux des Etats-Unis.

Le format web:

La version web de ce carnet de route n’est pas une déclinaison de la version TV avec des bonus, mais est traitée comme un média à part entière, doté de sa propre identité éditoriale, combinant séquences linéaires et nouveaux usages du Net (liens hypertextes, partage, interactivité), permettant de donner à l’internaute une part centrale.

Elle comprend une heure de récit et une heure de contenus additionnels, dont nombre de codes graphiques viennent des jeux vidéos.

Le webdocu est disponible en français, anglais et allemand.

“C’est la prise en compte d’un mode de consommation de l’information différent et non linéaire: l’information ne se lit plus ou ne se regarde plus comme avant” (David Dufresne)


Le partage et l’interactivité:

Des modules du programmes sont partagés via les réseaux sociaux et par email. Une demi-douzaine de forums différents sont organisés et modérés, jusquà fin juin, par les auteurs sur des thèmes évoqués : la privation sensorielle, la privatisation des prisons, etc…

Autre nouveauté: la possibilité pour les internautes d’échanger avec des protagonistes du film est offerte chaque jeudi à heure fixe. Reste à voir les réactions des Américains de Prison Valley.

Un blog est créé pour l’occasion. Comme un compte Twitter , une page Facebook, et une appli iPhone en anglais, gratuite.

Les auteurs et les producteurs espèrent que Prison Valley s’enrichira au fil du temps des commentaires et des débats qu’il va susciter. Arte compte sur 400.000 visites de son site et un million de vidéos vues.



Le format TV? du “reverse broadcasting!”

C’est un produit dérivé du format web! Diffusion d’un documentaire de 59 mn le 12 juin sur Arte France.


Le format livre:

Un ouvrage imprimé tiré de cette expérience sera publié en septembre.


Combien ça coûte, comment c’est financé ?

Budget web : 230.000 €, dont 70 K€ financé par Arte, 70 K€ par le studio multimédia parisien Upianet 90 K€ par le Centre National du Cinéma (CNC).

Le 59 mn TV a été acheté 100 K€ acheté par Arte, qui espère céder les droits à des chaînes étrangères.

Autres partenaires: Libération, Yahoo! et France Inter qui diffuseront en des séquences.

A noter que ce webdocu serait aussi formidable à consommer sur l’iPad !


La rémunération des journalistes :

Autour de 30.000 € chacun, pour près d’un an et demi de travail.

A venir: des droits d’auteurs TV et livre.

Le matériel :

Un Canon EOS 5D et une caméra légère Panasonic. Des milliers de photos ont été prises et utilisées.

“Grâce au web, on a de l’espace, on prends du temps, et on obtient plus d’informations” (David Dufresne). “Dans 5 ans, ce type de production sera courant et plus facile à financer, grâce notamment à des accord à l’international” (Joël Ronez).

“Le webdocumentaire c’est raconter des histoires et faire passer de l’émotion sur un écran d’ordinateur”, explique Alexandre Brachet, le patron d’Upian, qui termine aussi la refonte graphique du site de France Inter. “C’est un travail long, qui demande du recul et un point de vue d’auteur, racontés avec tous les nouveaux outils du web. Il faut savoit faire des sites, raconter une histoire et inventer des process”.

Upian et Arte avaient signé, fin 2008,le webdocumentaire Gaza Sderot donnant la parole aux communautés palestiniennes et israéliennes de part et d’autre de la frontière, quelques jours avant l’offensive sur Gaza. Il avait aussi donné lieu à une version TV et à un livre.

> Article initialement publié sur AFP Mediawatch

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