Les Anonymous sautent sur Téhéran

Le 6 mai 2011

Le 1er mai, les Anonymous lancent une nouvelle attaque contre les sites du gouvernement iranien. Les sites du Guide suprême, du Président et du Parlement sont régulièrement inaccessibles depuis.

Le peuple d’Iran attire l’admiration des Anonymous et du monde entier. Pour la journée des travailleurs, les Anonymous seront à ses côtés.

Le 23 avril, le compte Anonymousworldwar3 poste une vidéo sur YouTube annonçant une nouvelle opération des Anonymous, baptisée #OpIran. Les objectifs sont clairement définis dans le communiqué : “se battre pour la liberté d’expression, d’information et des idées en Iran.”

Les cibles ? Les sites liés au gouvernement, responsables des restrictions des libertés publiques. Dans un communiqué, les Anonymous dressent une liste des cibles prioritaires : d’abord le site du Guide suprême, Ali Khameneï, ensuite celui du président Mahmoud Ahmadinejad, puis celui des prisons, du Parlement, du ministère de la Justice etc.

Comme pour l’opération Payback de décembre dernier, les Anonymous lancent des attaques par déni de services (DDoS), en utilisant le programme LOIC (Low Orbit Ion Cannon). Et comme en décembre dernier, ils enregistrent de nombreux succès.

“Nous avons été contactés par des étudiants et des activistes iraniens mi-mars via les réseaux sociaux, a expliqué à OWNI l’un des auteurs de l’opération. C’est eux qui ont choisi la date du 1er mai et ont défini les sites à attaquer”. Un compte Twitter recense les succès et se félicite d’atteindre la plupart des objectifs. Quatre minutes après le lancement de l’opération, les Anonymous annoncent avoir rendu le site de l’agence de presse semi-officielle Fars News inaccessible :

Puis le site de la police et de l’agence de presse des basijs, la milice du régime, du Parlement, du gouvernement. À 14 heures, le site du Guide tombe à son tour.

Basijnews est tombé en une centaine de secondes, on était presque choqués. Par contre, rendons hommage aux opérateurs système iraniens, Fars News et Leader.ir nous ont donné plus de fil à retordre.

Les attaques ont continué dans la journée de lundi et jusqu’à mercredi. Plusieurs sites sont à nouveau en ligne, mais subissent ponctuellement de nouvelles attaques. “OpIran continuera tant que les Iraniens ne seront pas en sécurité et tant que leurs demandes ne seront pas satisfaites”, explique le membre des Anonymous que nous avons contacté.

Une cible élargie

Les actions des Anonymous suivent le rythme des protestations en Iran. En février, ils s’étaient soudainement réveillés. Alors que l’opposition iranienne n’avait plus manifesté depuis un an, de grands rassemblements étaient prévus pour le 14 février, soit le 25 Bahman du calendrier iranien.

Pour l’occasion, les Anonymous avaient lancé de nouvelles attaques, en se limitant aux sites strictement gouvernementaux. Cette fois, ils ont aussi attaqué les sites proches du gouvernement, y compris les médias. Un tweet en forme de justification renvoie vers une page de l’agence de presse semi-officielle Fars News :

L’article en lien avait été publié en juillet 2009, pendant la crise post-électorale, et demandait aux lecteurs de dénoncer les personnes entourées. Pour les Anonymous, un média n’a pas à avoir de telles pratiques. “D’habitude, nous n’attaquons pas les sites de média parce que la liberté d’expression est très importante pour nous. Mais ils ont dépassé les bornes en diffusant les photos de manifestants. Ils se sont eux-mêmes classés parmi les sites que nous attaquons.”

Sur certains sites piratés, les Anonymous adressent une dédicace spéciale à l’Iranian Cyber Army. En décembre 2009, l’ICA s’était illustrée en piratant Twitter, affirmant répliquer contre “l’interférence du site dans les affaires intérieures” iraniennes. En 2009, les manifestants avaient massivement utilisé le site de micro-blogging pour organiser le mouvement de protestation. Le gouvernement américain était intervenu pour que l’accès à Twitter soit assuré, en dépit de la censure du gouvernement iranien.

Les Anonymous se sont vengés. Sur les sites piratés, ils ont laissé un message “Special Fuck You” adressé à l’Iranian Cyber Army, ennemi déclaré, et le Ashiyane Digital Security Group, un groupe de hackers réputé proche du gouvernement iranien. Le message serait une initiative personnelle du pirate. Ce qui illustre parfaitement, selon l’un d’eux, la façon dont les Anonymous fonctionnent. “Certains font du zèle et règlent leurs comptes personnels tout en menant l’opération” regrette-t-il presque.


Crédits photo CC: by Anonymous / FlickR by-nc-sa Alatryste

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