Fête le vous-même !
Sur le modèle des Maker Faire, ces grands rassemblements dédiés au do it yourself, version moderne du bricolage de nos grands-parents, Owni organise ce samedi le premier Open Bidouille Camp, en partenariat avec la Cantine et Small Bang. Au menu, des ateliers pour mettre la main à la pâte et une conférence sur les enjeux politique, économique et sociaux de la fabrication personnelle.
C’est chouette les Maker Faire, pourquoi il n’y en a pas en France ?
Si ça nous botte, just do it !
Oui, mais à la française !
Voici en résumé la substantifique moelle des échanges qui nous ont conduit d’une discussion autour d’une bière avec des passionnés de bidouille/hacking/making/Do it yourself (DIY), à un événement bien réel : le premier Open Bidouille Camp, qui accueille le public ce samedi de 11 heures à 18 heures à Mains d’Å’uvres à Saint-Ouen (93).
Co-organisé par Silicon Xperience/La Cantine et Smallbang, il proposera au grand public de se (re)lancer dans les joies du bricolage créatif, à travers une série d’ateliers. Et le tout est gratuit, avec le soutien de nos sponsors Etsy, la Fonderie, Kiss Kiss Bank Bank, des donateurs de notre collecte sur la plate-forme de crowdfunding, qui a permis à Digitalarti de rejoindre les sponsors, sans oublier nos partenaires médias DailyMotion, le Mouv’ et l’Atelier des médias.
L’objectif et l’enjeu était clair, dès le début : faire un événement grand public, à l’image des Maker Faire, ces grands rassemblements à succès dédiés à la bidouille, nés aux États-Unis en 2006 et qui ont depuis essaimé. Dans ce sens, l’Open Bidouille Camp (OBC) espère apporter un élément de réponse aux questions que nous avions soulevées dans un article : “Le DIY se boboïse”. Nous y faisions le constat que les possibles ouverts par le numérique, tant sur les moyens à disposition que sur les capacités d’entraide et de partage propres à Internet, n’atteignent pas forcément les publics qui en ont le plus besoin. Qui dans les quartiers populaires sait ce qu’est un fab lab ? Pratique Arduino ? Partage ses plans d’impression 3D sur Thingiverse ?
“Oh je fais une étagère DIY”
L’utilisation du terme DIY est emblématique : ceux qui bidouillent, réparent, récupèrent, créent par nécessité ne disent pas “oh je fais une étagère DIY”. Ils font tout court, ils bricolent éventuellement, sans avoir un regard réflexif sur leurs pratiques.
Nous avons dans un premier temps pensé squatter la Fête de l’Humanité, en escomptant capter un peu de l’immense foule qu’elle draine. Et puis le clin d’Å“il à Marx nous amusait : les fab labs et autres hackerspaces ne permettent-ils pas de se réapproprier les outils de production ? Faute d’accord – non motivé – des organisateurs, nous avons dû trouver un nouveau lieu qui respectât l’état d’esprit initial. Fuyant Paris et ses bobos (à l’exception de l’équipe organisatrice, qui ne peut échapper à elle-même), nous avons investi Mains d’Å’uvres, un lieu bien connu des habitués de l’éducation populaire.
Le meilleur moyen d’inciter les gens à pratiquer, c’est de leur proposer de se lancer à travers des ateliers. En tout, une vingtaine d’associations ou collectifs ont accepté de poser leurs outils et logiciels, issus du monde du hacking, des fab labs, de la récupération, de l’informatique et même de la cuisine. Et, oui vous mettrez la main à la pâte aussi au sens propre du terme. Voici un échantillon des stands, et pour un descriptif plus complet et exhaustif, visitez le Tumblr de l’événement qui se remplit progressivement :
- la programmation, c’est compliqué ? Découvrez-là à travers des robots dansants LEGO Mindstorm, même les enfants peuvent s’y mettre.
- contre l’obsolescence programmée, cultivez l’art de la récup’ avec la Débrouille compagnie.
- la voiture, c’est pô pratique et ça pollue, le Velib, c’est fatigant à Ménilmontant, alors vive le vélo électrique. Antoine Sachs, de la chronique sans carbone, est un adepte du biclou à batterie. Peut-être repartirez-vous avec le vôtre ?
Papa hacke le capitalisme
Parce que cette bidouille en mutation est un extraordinaire terrain de réflexion politique, économique et sociale, nous avons glissé entre deux ateliers un temps pour débattre de ces enjeux. Un terrain potentiellement révolutionnaire, à l’image de la position d’Adrian Bowyer, le créateur de la RepRap, une imprimante 3D grand public autoréplicante (elle peut fabriquer ses propres pièces) :
Je peux imaginer un collectif de dix familles qui vont ensemble dans un village utiliser leur imprimante 3D domestique durant une semaine pour imprimer les dessins de la voiture d’une des familles, téléchargés d’un site open-source. D’un coup, il n’y a plus d’industrie de la voiture. »
Moins extrêmes, certains s’insèrent davantage dans l’économie “classique”, en la mâtinant plus ou moins des valeurs de partage et d’ouverture. Quand ce n’est pas les entreprises traditionnelles qui viennent à ce nouvel écosystème.
Trois invités seront présents pour remettre ces enjeux en perspective et répondre aux questions du public. Fondatrice du blog Ecoloinfo, Anne-Sophie Novel vient de publier Vive la co-révolution, avec Stéphane Riot. Enseignant-chercheur à la Sorbonne, Mathieu O’Neil est rédacteur en chef du Journal of Peer Production, une revue en ligne traitant des nouveaux modes de production collaboratifs. Spécialiste du hacking, le chercheur suédois Johan Soderberg a publié entre autres une thèse, “Du Free software à l’open hardware : théorie critique sur les frontières du hacking”, et “Hacker le capitalisme – Le mouvement de l’open source et du logiciel libre”.
Et comme toute cette effervescence manuelle et intellectuelle demande de l’énergie, nous avons prévu quelques caisses de Club-Mate, la boisson énergisante favorite des hackers, et des gâteaux faits maison bien sûr !
Soutenez l’Open Bidouille Camp en participant à notre collecte Kiss Kiss Bank Bank !
Illustrations [CC-by-nc-sa] de Loguy Batonboys /-) S.A.V par Cédric Audinot et photos par Ophelia Noor ~~~~=:)
Un évènement organisé par Owni (Sabine Blanc, Andréa Fradin, Ophelia Noor), Silicon Xperience-La Cantine (Hélène Girard, Nirina Thibault), Smallbang (Eva Moari, Pierre Cattan).
Laisser un commentaire