Découvrez “Young World” par No Surrender

Le 26 juillet 2011

“Medicine Babies” de No Surrender, produit Constaza Francavilla et Radioclit est à consommer sans modération, à la plage, en soirée et live si possible.

Lorsque “Medicine Babies” arrive entre nos mains, il est difficile de décider quel titre sera un hit. Chaque morceau de cet opus est excellent et a un potentiel certain. Comment l’équipe a-t-elle construit un album qui s’écoute à la maison aussi bien qu’en club ?

A la première écoute : de l’éléctro. Puis arrive “Got to get it” dont la tendance “dirty” et “south” est surprenante mais irrévocablement stimulante. “Medicine Babies” est produit pour une grande partie par Constanza Francavilla (Massive Attack) et une autre par l’équipe Européenne Radioclit (M.I.A, Santigold) et il ne fait aucun doute, nous ne sommes pas seuls à être subjugués par le trio.

Cet album est d’un éclectisme savoureux, extrêmement bien équilibré. Il est actuellement “in” et fera sans doute sens dans 10 ans. Un album intemporel d’une qualité rarissime dont la performance live est aussi léchée que la version album. C’est un plaisir de pouvoir vous offrir aujourd’hui un de leur titre car c’est leur notoriété ira en grandissant. No Surrender, c’est l’histoire de trois “vocalists” que nous avons eu l’honneur de rencontrer lors de leur première date parisienne au Social Club. Nous sommes frappés par la créativité et l’intelligence stratégique du groupe.

Poètes dans l’âme

Jamal, aka Seraphim, a été élevé aux Antilles, à St Thomas dans les îles Vierges. C’est alors l’âge d’or du hip-hop, ses idoles sont Public Ennemy, Big Dady Kane….

C’était une musique très inspirante pour nous, jeunes et blacks et ça faisait beaucoup de sens pour notre génération. La musique était aussi une grande partie de la culture caribéenne où j’ai grandi. Et j’ai toujours été dans la musique.

Il commence à sérieusement s’y mettre quand il arrive au lycée et s’installe définitivement à New York – où il est né – à 18 ans. Il rencontre Gnomad à l’université et enregistre alors son tout premier son avec lui, 10 ans avant No Surrender. À la fin des années 80, début des années 90, le hip-hop devient plus superficiel et Seraphim regrette la perte d’intention du hip-hop qui s’éloigne de sa fonction originelle. Le hip-hop ne donne plus l’espoir qu’il donnait avant.

“Les gens ont trop vite oublié qu’avant le hip-hop, les Afro-américains n’avaient pas de place dans la culture américaine. Bref, le hip-hop a dérivé et c’est là que j’ai commencé à me diriger vers des scènes plus “poétiques”, underground. J’ai alors commencé à fréquenter des artistes d’univers très différents. Certains avaient un parcours classique, d’autres rock, des comédiens… mais le hip-hop c’était tout de même une ligne directrice commune entre toutes ces personnes. C’est là que j’ai développé une nouvelle façon de chanter et ça ne m’a plus jamais quitté.”

Gnomad, lui, ne voulait pas prendre les leçons de musique auxquelles sa mère l’avait inscrit. Il a donc toujours écrit des poèmes.

“Dans le Queens où j’ai grandi, c’était soit tu joues au basket, soit tu freestyle ou tu fais les deux. Je n’aimais pas le basket donc j’ai fait du freestyle. Avant d’arriver a l’université, j’étais déjà en train de me promener à longueur de journée avec une boombox en train de freestyler tout le temps. Je n’allais pas en classe, je passais ma vie à freestyler puis j’ai commencé à fréquenter les scènes ouvertes de New York. Puis, j’ai passé un semestre à Londres. J’ai rencontré des amis avec qui j’ai fait de la musique tout l’été et je ne voulais plus rentrer. Mais j’ai été obligé et en revenant j’ai arrêté l’école. J’ai alors commencé à traîner et à rencontrer pleins de musiciens. Jordan McClean, un des premiers avec qui j’ai travaillé, a fini avec Antibalas et Fela Kuti. Au début pour moi, c’était donc plutôt du free-jazz et slam.”

Eddie Steeples a grandi au Texas dans un environnement très religieux. Il se cachait pour regarder MTV ou écouter des radios plus funky. Ce manque l’a surement mené à être plus curieux et plus avide de sons qu’un autre. Il a commencé par écrire des poèmes religieux :

J’avais peur de Dieu et j’ai donc commencé à écrire pour lui. Une fois que je me suis sorti de toute cette confusion, je me suis dirigé plus vers des sujets sociaux, politiques. J’ai rencontre Gnomad à New York, devant l’endroit où il aimait rapper/slammer et j’adorais ce qu’il faisait, disait. On a commencé à parler et il m’a encouragé à venir tchatcher.

No Surrender

Seraphim explique en riant :

J’avais déjà travaillé avec Gnomad à plusieurs reprises. J’avais fait le tour de ce que je voulais expérimenter et je me voyais bien lancer une sorte de nouveau ‘Public Ennemy’. ça ne s’est finalement pas vraiment goupillé comme ça mais j’aimais beaucoup ce que Gnomad faisait et je lui ai donc parlé de ce projet. J’ai alors acheté un sampler de seconde main que je ne savais pas utiliser. Donc on a plutôt commencé à faire de la musique abstraite !

“Medicine Babies” est leur 4ème album officiel. Après le dernier EP, ils ont fait une petite pause et ont commencé à écouter beaucoup de musique electro, française notamment. De là vient leur envie de faire de la musique moins underground, qui touchait plus de gens. S’en suit une période où “Mezzanine” de Massive Attack les obsède, ce qu’ils ont pris pour un chemin à suivre.

J’étais a une fête chez Santigold, il y a quelques années, avec les gars de Radioclit et j’y ai rencontré Freack Nasty qui est un Heavybass DJ. Il se trouve qu’il était ami avec Costanza Francavilla qui a produit la moitié de “Medicine Babies”. Elle avait un parcours similaire au mien et nous étions d’accord sur beaucoup de choses. Je savais dans quelle direction je voulais aller mais ne savais pas vraiment comment y aller et il était temps de prendre du recul par rapport au hip-hop. Le hip-hop d’aujourd’hui ne ressemble en rien à ce que je voulais faire. Nous voulions construire un album qui voulait dire quelque chose, un album qui voudra toujours dire quelque chose dans 5 ans.

C’est en effet surprenant que vous parliez tant de votre background hip-hop quand pour nous, cet album n’est pas hip-hop.

Seraphim : En effet, pour moi, ce n’est pas du tout un album hip-hop. À mes yeux, c’est en fait un album d’amour. Ce sont nos racines mais ce n’est pas la couleur de l’album.

Alors pourquoi avoir choisi “Give it Up” comme premier single, qui ne représente donc pas vraiment la couleur générale de l’album ?

Et bien, on ne voulait pas totalement réfuter nos racines et puis il y a tout de même deux ou trois titres qui ont cette tendance. Aussi, généralement, le hip-hop est construit avec des samples, pas le nôtre. En grandissant, on commence à vouloir faire sa propre musique. J’ai eu besoin de faire quelque chose de plus “challenging”, quelque chose qui nous ressemble plus.

Chaque titre de cet album peut être un tube mais l’album est très cohérent dans son ensemble. Est-ce que c’est intentionnel ou c’est un peu du hasard ?

S : Un peu des deux. J’ai toujours été en club, depuis que j’ai 16 ans, dance music et club music ont toujours fait partie de ma vie et je pense qu’au moment où notre groupe est devenu un peu trop black militant, ce n’était pas vraiment en phase avec la réalité. Nous sommes des êtres humains comme les autres, on fait des bêtises, on sort. On voulait faire un album humain, qui puisse atteindre un maximum de personnes, donc une partie de notre stratégie a été de réfléchir comment nous pouvions faire passer notre message sans pour autant inonder les gens avec trop d’informations.

G: Je pense aussi que, comme tu le disais Seraphim, nous avons beaucoup joué et il arrive un moment où on ne peut plus seulement se préoccuper de ce que toi tu veux faire mais aussi de ceux qui t’écoutent et la manière dont ils veulent l’entendre. Donc on a vraiment abordé cet album par le live, pour que les gens puissent danser et s’amuser sans pour autant tomber dans l’absurdité.

Comment avez-vous choisi de vous entourer professionnellement ?

S : Je pense que nous sommes dans une période très excitante au niveau du business. Les majors sont toujours très puissantes car elles ont les moyens financiers mais l’accès aux publics n’est plus quelque chose qui leur est réservé. Tout le monde a désormais accès à une base de fans et à un système de distribution. Par contre, la concurrence est monumentale car faire de la musique est plus facile. Je connais pas mal de gens qui, le temps qu’on passe ici à discuter, auraient déjà produits 4 ou 5 beats a l’étage. Donc la compétition est rude. Il y a tellement de musiques qui sortent chaque jour. Tu peux écrire quelques mots et trouver un musicien très facilement qui les mettra en musique. Aussi, un artiste peux connaitre un succès grandiose et disparaitre aussi vite.

Ayant conscience de tout ça, on a monté une équipe très indépendante, flexible, adaptable, très DIY sauf qu’on sait qu’on ne peut pas être DIY dans le sens strict du terme. DIY, ça ne veut rien dire. Les gens disent qu’ils le sont pourtant, ils ont des publicistes, des éditeurs, des agents…

C’est facile de sortir sa musique et c’est aussi facile de se perdre dans le tout. Ce qui importe pour nous, c’est de travailler avec des gens intelligents, qui comprennent la nouvelle industrie. Des gens qui comprennent qu’il va falloir donner un peu de notre musique par exemple.

La plupart des gens sont perturbés à cette idée mais la compréhension de ce genre de mécanismes est essentielle. C’est aussi très important d’avoir des gens passionnés par ta musique et qui savent comment la travailler.

Comment pensez-vous faire des bénéfices ?

Licensing, synch et Live. Ce sont des usages auxquels on pense pendant la production. Certains artistes, jeunes, disent que tout ce qui compte c’est la musique mais je n’ai jamais vu un musicien qui ne veuille pas être entendu, un acteur qui ne veuille pas être vu, un peintre qui ne veuille pas être apprécié.

Nous sommes très conscient de ce qu’on a fait. On ne sort pas de nulle part et nos productions ont aussi un objectif commercial, c’est certain.

Être intelligent c’est comprendre que la synchronisation nous rapportera plus que la vente d’album, que tourner est un élément essentiel pour être vu et reconnu.

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