Parlement en open source

Le 11 avril 2012

Ce mardi à Paris, en partenariat avec OWNI, la culture de l'open source est entrée au Parlement. À l'Assemblée nationale se déroulait en France le premier GouvCamp. Un projet citoyen qui vise à fabriquer le droit en mutualisant toutes les compétences de la société civile.

De la salle Lamartine de l’Assemblée Nationale, s’échappe un parfum de démocratie directe. Ce mardi 10 avril, les sièges disposés en cercles concentriques n’accueillent pas les parlementaires, qui occupent habituellement la salle de débat, mais des citoyens. Français, belges, suisses, tunisiens, syriens et même une délégation québécoise ont répondu présent pour ce GouvCamp à la française. Grande manifestation citoyenne – et francophone- le GouvCamp avait pour but de définir et d’améliorer le projet Parlement et Citoyens qui souhaite associer de façon directe le peuple à l’élaboration de la loi.

Dans ce but, une plateforme web open source a été élaborée. Elle permet «aux élus de collaborer avec les parties prenantes». L’objectif est de donner «de la visibilité aux propositions de lois déposées devant le parlement tout en leur assurant le soutien de la société civile».

Si l’initiative reste encore à un stade embryonnaire en Europe, dans l’hexagone le projet avance à grand pas. En quelques mois seulement, l’équipe de Démocratie Ouverte, qui porte le projet francophone, a réussi à sensibiliser les élus du Parlement au concept de “Gouvernement Ouvert” et organisé un barcamp avec  une centaine de participants politiques, citoyens, développeurs, chercheurs…

Un pari ambitieux pour ces citoyens, jeunes pour la plupart et possédant une culture et des pratiques numériques avancées qui espèrent obtenir le même résultat que nos voisins d’outre-Atlantique. Le concept d’OpenGov est déjà sur les rails au Canada mais également aux Etats-Unis sous l’impulsion de l’administration Obama, pionnière en la matière.

La France, elle, fait figure de retardataire dans ce domaine. Le processus législatif y est parfois long et la mise en place d’un tel système suppose un bouleversement du paysage politique français ainsi qu’une refonte des pratiques parlementaires.

C’est pour répondre à ces problématiques méthodologiques mais également logistiques qu’acteurs et curieux se sont rassemblés hier. Au programme, débats et coups de projecteur sur les projet amis comme PropX, MeetingVoxe ou Voxe.org dont nous vous parlions il y a quelques semaines.

Débattues en ateliers avant d’être partagées, les propositions de définition, de financement et de choix techniques ont fait l’objet d’une notation par l’ensemble des participants à l’aide d’un système de cartons de couleur. Tous se sont accordés pour approuver Cyrille Béraud, Président de la Fédération québécoise des communautés et industries du libre, lorsqu’il déclarait :

Il ne peut y avoir de gouvernement ouvert sans une appropriation collective des logiciels libres.

En revanche, la question de l’attraction des citoyens vers la plateforme puis de les “fidéliser” a soulevé plusieurs réactions chez les participants dont beaucoup ont estimé qu’il ne s’agissait pas “de considérer le citoyen comme un client” et de réduire le projet à un objet marketing.

De la même manière, la réflexion sur le financement divise les participants. Si certains défendent le devoir pour les pouvoirs publics de mettre la main au portefeuille, d’autres ont fait valoir la nécessité d’indépendance qui devait entourer, de manière permanente, le processus vers un gouvernement ouvert.

À l’heure actuelle, le chiffrage du projet est difficile car les sources de financement n’ont pas encore été clairement définies. Cependant, à titre d’exemple, un membre de la délégation québécoise faisait remarquer que son pays s’était doté du matériel informatique approprié en reprenant les bases posées par les Américains pour un coût total de 75 000 dollars. Une contrainte budgétaire qui n’en est pas une quand on sait qu’un candidat à l’élection présidentielle française peut dépenser avant le premier tour jusqu’à 16,8 millions d’euros…

La suite du GouvCamp, devrait avoir lieu le 16 mai prochain et sera diffusée en streaming ou ” web-diffusion en direct” comme le disent nos cousins québécois. D’ici là, les militants citoyens de l’OpenGov espèrent une convergence avec la Francophonie au moment du sommet de Kinshasa en octobre, et l’arrivée de bras supplémentaires comme nous le confiait Cyril Lage, l’un des organisateurs :

Le projet est debout depuis seulement quelques mois. Tout est à construire [mais] venez, il y a du boulot pour tout le monde.


Illustration par armel.lecoz (cc) et – avec autorisation  -  emergent007 (@Emergent007)

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