Comment la CIA et le FBI utilisent les réseaux sociaux

Le 19 août 2010

Des documents que s'est procurés l'EFF prouvent que la CIA et le FBI utilisent couramment Internet pour se procurer des informations stratégiques, et s'intéressent de près à certains projets destinés à y collecter toujours plus d'informations.

Alors que les récentes controverses sur les paramètres de confidentialité de Facebook se calment peu à peu, il est facile d’oublier que beaucoup d’informations personnelles sont disponibles partout ailleurs sur Internet. Mais le gouvernement américain, lui, s’en souvient très bien.

Les réseaux sociaux, les nouveaux informateurs

L’Electronic Frontier Fundation (EFF) s’est récemment procuré des documents de la CIA et du FBI, mettant en évidence la capacité du gouvernement américain à parcourir non seulement les réseaux sociaux, mais aussi à fouiller dans tous les recoins d’Internet. Ces documents ont été obtenus dans le cadre d’une procédure lancée en vertu du Freedom of Information Act (FOIA) dans laquelle l’EFF, avec l’aide de la Samuelson Clinic [Une organisation spécialisée dans le droit de la technologie, NdT], a recherché des informations concernant les procédures et les méthodes des agences gouvernementales qui font de la veille ou réalisent de véritables enquêtes sur les réseaux sociaux.

Prouvant la capacité du gouvernement à recueillir en ligne des informations d’importance, plusieurs documents (pdf) de la CIA abordent la question d’un programme mené par cette agence, l’Open Source Center. Ce centre, mis en place en 2005, a collecté des informations disponibles publiquement sur Internet, notamment sur les blogs, les chats et les réseaux sociaux, en plus de scruter les programmes radio et de télévision.

Le site de l’Open Source Center, opensource.gov, se présente lui-même comme le “premier fournisseur de renseignements stratégiques open source. Ce centre est accessible à près de 15 000 fonctionnaires au niveau local, étatique et fédéral et offre toute une gamme de produits et services, allant de rapports et d’analyses sur des informations publiques datant du milieu des années 90, jusqu’à des rapports et des clips vidéo en passant par des traductions, des media maps ou encore des analyses de sujets plus sensibles.

Scruter le net à la recherche des terroristes

Dans un autre document (pdf), les emails du FBI révèlent l’intérêt de cette agence pour le Dark Web Project. Ce programme de l’université de l’Arizona, a pour vocation decollecter et d’analyser systématiquement tous les contenus générés par les terroristes sur le web. Des informations contenues dans ce document indiquent également que le projet Dark Web est particulièrement efficace pour rechercher dans les forums Internet et trouver des sites cachés dans “les recoins d’Internet“.

En plus d’être capable de rechercher du contenu sur Internet, le projet Dark Web a développé un outil appelé Writeprint, qui prétend aider à identifier les créateurs de contenus anonymes en ligne. Les emails du FBI révèlent aussi le projet de transposer les outils du Dark Web Projet pour le compte des “analyses opérationnelles et de l’exploitation de données” du FBI, “y compris sur les forums sur Internet“.

Alors que l’EFF et la Samuelson Clinic continuent de rechercher des informations concernant les modalités d’application de la loi utilisées sur Internet, nous espérons en apprendre plus sur la manière dont le gouvernement utilise ces informations et plus spécifiquement combien de temps il prévoit de les garder.

En revanche, il est clair que pendant ce temps, les enquêteurs du gouvernement collectent bon nombre d’informations à travers Internet en général et au-delà de l’application de la loi stricto sensu. C’est aussi un bon rappel que si les réseaux sociaux et les autres sites Internet ont des paramètres de confidentialité, Internet n’en a pas.

Nous vous tiendrons au courant de la prochaine diffusions de documents ici.

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Billet initialement publié sur l’Electronic Frontier Fundation, une organisation de défense des droits sur Internet, sous le titre “Government uses social networking site for more than investigation“.

Traduction / adaptation : Martin Untersinger.

Crédit photo CC Flickr : Dunechaser, Leo Reynolds.

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