Internet est une rue

Le 5 avril 2009

A force de le répéter IRL, il est temps de synthétiser cela ici. Autant pour les Marc L*** que pour les Frédéric L*** et compagnie… Aux parents : - Laisseriez-vous des enfants en bas-ages seuls dans une rue, à n’importe quelle heure, se promener et ouvrir n’importe quelle porte sans leur avoir dit de ne pas parler [...]

A force de le répéter IRL, il est temps de synthétiser cela ici. Autant pour les Marc L*** que pour les Frédéric L*** et compagnie…

Aux parents :

- Laisseriez-vous des enfants en bas-ages seuls dans une rue, à n’importe quelle heure, se promener et ouvrir n’importe quelle porte sans leur avoir dit de ne pas parler à des inconnus trop avenants, sans leur avoir donné quelques conseils, sans les tenir au départ par la main, sans leur ordonner de ne pas révéler leur identité à tout bout de champs ? Non ! Vous les éduquez donc, vous leur transmettez un savoir élémentaire.

Parents, Internet n’est pas bon ou mauvais, comme une rue n’est pas “bonne ou mauvaise”. Internet est ce que l’on y fait. Le web est riche des rencontres et découvertes que vous y ferez. Mais ne pas tout y révéler est une évidence qui mériterait plus d’attention et moins de paranoïa. Interdiriez-vous à votre enfant de sortir de chez lui ?

Cela me rappelle une anecdote lue il y a un an ou deux chez Pierre (ou Philippe) Bilger. Il évoquait un ami qui lui disait “mes enfants je leur interdits de passer plus d’une heure par jour sur le net” et précisant que cet ami n’avait, a forciori, rien compris. Et ces enfants pas beaucoup de chance…

Je rajouterai que passer des heures sur les skyblogs et msn n’est pas seulement négatifs. Ces digitals natives ne regardent déjà plus le JT de TF1 avec la candeur qui était la notre au même age. Cette distance critique face au médias et à l’information est une vertu, qui mériterait que l’on s’y penche et que l’éducation nationale cesse d’ignorer… Par absence de formation des formateurs et de vision du politique ?

Aux annonceurs et aux communicants :

- Mettez-vous au beau milieu d’une artère très passante. Levez la main et hurlez ce que vous voulez exprimer. Nul ne prêtera attention à vos propos. Pire, les passants se détourneront de vous, quoi qu’ait pu être juste, passionnant ou important votre message.

A l’inverse, tendez l’oreille lors d’une discussion entre un groupe de personnes s’étant arrêtées un instant pour palabrer. Mieux encore, interrogez un expert ou un spécialiste sur la façon dont vous pourriez glisser votre message à ce groupe de discussion et inscrivez vous DANS la discussion (dans les usages). Vous trouverez des oreilles attentives, obtiendrez une écoute bien plus qualitative. Et gardez en tête une chose : un mail ne peut pas être une pub. Un mail est un échange privé. A l’inverse une publication on-line tient du domaine public. C’est là que vous pouvez pousser des portes. Celles des commerces et des lieux de vie de la communauté, pas celle des maisons et appartements privés…

A ceux qui vont chercher à investir les média sociaux :

- Ouvririez-vous une épicerie sans être formé à ce métier ? Seriez-vous boucher ou poissonnier par opportunité si vous ne savez pas découper une pièce de viande ou préparer un poisson ? Ouvririez-vous une pharmacie sans investir dans une formation ou, à minima, dans des ressources formées et compétentes ?

L’enjeu des médias sociaux, qui plus est au service des institutions publiques, est d’abord un enjeu de formation, de transmission des savoirs, d’accompagnement, d’animation et donc, in fine, de lien social. Ce lien ne se fait pas sans effort, sans remise en cause de vos certitudes, sans rythme insufflé, sans donner avant d’espérer recevoir.

C’est le cœur de notre activité professionnelle donc je me permets d’insister lourdement : ouvrir un blog, adosser sa présence on-line à un réseau social, “devenir un média social”, tout cela ne peut se faire sans grands efforts de formation ou encore d’acceptation des règles et usages de l’univers que vous prétendez investir.

Une rue, une vitrine dans cette rue, un lieu d’accueil du public, ne peuvent être battis ni en plein désert ni entre deux voies et sans connaissance de la langue et des mœurs de ceux que vous espérer accueillir. Tout ceci nécessite des compétences, de l’humilité et des efforts considérables. Aller marcher en vile peut ne rien couter ; ce n’est pas pour autant que vous sortez à poil dans la rue !

(…)

Cette note mérite que nous la poursuivions ensemble. Oubliez qu’il y a écrit “commentaires” et imaginez qu’il y ait écrit “discussion”. Animer cette discussion est le principal enjeu des marques de médias et des institutions qui investiront la toile. C’est aussi celui de l’individu qui compte s’y forger une réputation (et la réputation sera “tout” demain).

L’internet qui vient, interopérable, urbain, rural, nomade, de service et de proximité est affaire de blogs, de liens et de réseaux sociaux. Aucun de ces 3 points n’est “animé” et ne vit de fait, de lui-même. Le supplément d’âme garant de votre réussite (et de celle de vos enfants, clients ou administrations) dépend de la façon dont vous vous y préparerez.

Quand je vous dis que les “digital native” ont de l’or dans les mains usages [1-2]…

(image d’après Tréo7)

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés