Ce que #MEUPORG nous enseigne

Le 29 mars 2010

Sire, les réseaux sociaux s'étendent sur Internet. C'est une émeute ? Non sire, c'est une révolution. Les médias, tout comme Louis XVI, ne prennent pas la mesure de l'ampleur du changement, comme en témoigne l'attitude de Télématin et de France 2 après le fail sur l'addiction aux jeux vidéos.

Le cas de MEUPORG est riche d’enseignements. Il ne donne pas simplement une idée de la façon dont les jeux vidéo sont maltraités. Il donne aussi une idée de la façon dont les gameurs s’organisent aujourd’hui et de la façon que peut avoir un média de réagir à une crise en ligne.

Le début de l’histoire est banal.
1-Un journaliste a une minute pour traiter d’un sujet, et en une  minute, il ne peut que mal le traiter.
2-Il s’appuie sur un court article d’un autre média – Libération – et le copié-collé n’aide pas à penser.
3-Il trébuche sur un sigle.
4-William Leymergie l’interrompt malicieusement.
5-Il persiste dans son erreur et reprend l’idée d’une

Des éléments de la culture populaire ont toujours été attaqués par les média qui se font alors porte-parole de l’élite. Mais le 21ième siècle a quelque chose de différent. Les opinions ne sont plus cantonnées dans les bistrots et les ateliers. Le réseau est un des lieux où elles se forment, se transmettent et se diffusent.

Nous sommes maintenant entrés dans une économie du commentaire. On peut s’en réjouir ou le déplorer, mais il faut prendre le fait en compte. Contrairement au siècle précédent, le net offre un lieu où les opinions peuvent se former presque immédiatement. Parmi les téléspectateurs, certains ont l’ordinateur sur les genoux ou le smartphone à portée de main. Ils sont en recherche d’interactivité et chercheront sur le réseau des espaces où exprimer ce qu’ils ont à dire.

Naissance d’un mème

Une première vidéo est postée sur Youtube ; elle est sobrement appelée France 2 – Télématin – MMORPG. Poussée entre autre par Korben, elle est amplement vue et commentée.

À partir de la première vidéo sur YouTube, il se produit ici quelque chose : le mèmeW MEUPORG nait.  Il est décliné en images, en site, en T-shirts, en fan pages Facebook. La vidéo “originale” est éditée et remixée.

Les média n’ont pas encore pris suffisamment en compte force de ce mouvement. France Télévisions est restée muette sur Twitter. Le journaliste Nathanaël de Rincquesen n’a pas non plus pris la mesure du fait que son nom est maintenant attaché à MEUPORG et que la maison brûle jusque dans le forum de l’émission Télématin et sa fan page sur Facebook est également campée par des commentaires ironiques.

On peut bien entendu faire le pari qu’il s’agit d’un de ces feux de paille dont les mondes numériques sont coutumiers. Mais le mouvement est bien plus profond. Ce n’est pas une émeute, c’est le signe d’une révolution. Pour ceux qui ne voudraient pas prendre au sérieux la LOL Machine, peut-être est-ce-que l’apparition d’un groupe comme l’Union pour un MEUPORG Populaire (UMP) donnera à penser.

Les gameurs ne sont pas des adolescents retranchés dans leurs chambres, coupés du bruit du monde. Ce sont pour la plupart de jeunes adultes, au fait de ce qui se passe dans leur société. Et ils ont un moyen de se faire entendre.

Coté médias

Coté média, on a l’impression d’assister à la description de Mc Luhan : l’onde de choc Internet a frappé les média avec tant de force qu’ils sont comme anesthésiés. : France 2 se montre incapable de mettre en place des mesures pour contenir et gérer la crise. Pourtant, il n’y a aucun doute : les crises de ce genre vont se multiplier et vont augmenter en intensité. Elles ne concernent pas seulement les média. En ce moment, Nestlé fait l’objet d’une attaque de ce type sur Facebook : les lieux en ligne sont aussi des lieux de contestation, et pas seulement des lieux où rassembler des audiences passives. Certains se retrouvent avec les loups alors qu’ils pensaient tondre des moutons. Faut il le préciser ? Internet sera un des lieux de manifestation du malaise qui sourd dans nos sociétés.

Télématin  fait en moyenne 1,4 millions de téléspectateurs. Cela veut dire que la seule vidéo initiale génère 14% de leur audience quotidienne. On peut bien entendu se dire qu’il s’agit de chiffres générés sur plusieurs jours, alors que les 1,4 millions de téléspectateurs sont réalisés quotidiennement. Mais, une telle augmentation de l’attention serait bienvenue si elle était associée a une image positive de l’émission ou de la chaîne. Malheureusement, c’est bien plutôt à une destruction de l’image du journaliste, de l’émission, de la chaîne et des média mainstream à laquelle on assiste aujourd’hui.

On serait en droit d’attendre que les community managers de la chaîne interviennent et aident à sortir de la crise.C’est dans ces moments que ce nouveau métier prend toute sa valeurs, et, d’évidence, certains manquent l’occasion de monter ce à quoi ils peuvent être utiles.

Billet initialement publié sur Psy et geek ;-)

Photo CC Flickr Matt Hamm

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés