[sondage] Les Français, les jeunes et le travail

Le 17 décembre 2010

En partenariat avec l'Ifop, OWNI vous propose son premier sondage augmenté autour de la thématique du chômage des jeunes. Cette application vous permet de répondre aux questions, de comparer vos résultats et de les partager.

En août dernier, OWNI se payait l’Ifop en critiquant vertement un sondage autour de la politique anti-Rom de Sarkozy (Ifop a déconné, le 6 août 2010). Suite à cet article, Yves-Marie Cann, directeur d’études au Département Opinion et Stratégies d’entreprise de l’Ifop, a répondu aux questions d’OWNI sur les problèmes de mesures d’opinion.

Au fil des échanges, un lien s’est créé entre l’Ifop et OWNI. Nous les avions critiqués sévèrement – il était normal qu’ils nous mettent au défi de faire mieux. Défi relevé, puisque nous présentons aujourd’hui le concept de “sondage augmenté”, réalisé avec l’Ifop.


L’Ifop nous a offert trois questions dans un sondage omnibus, sur le thème de notre choix, avec comme seule contrainte de réaliser une interface de consultation des résultats. Vous pouvez filtrer les résultats au plus précis (un avertissement vous prévient lorsque l’échantillon considéré devient trop petit pour avoir une validité statistique). Par ailleurs, les utilisateurs peuvent participer à l’étude et donner leur avis. On peut ainsi comparer les résultats des internautes avec ceux des sondés.

Face à l’opportunité offerte par l’Ifop, nous avons choisi de traiter un aspect de l’un des plus gros défis de nos sociétés : l’accès des jeunes à l’emploi. Nous avons voulu savoir comment les Français appréhendaient le problème et quelles solutions ils proposaient.

Minimisation politique

Quel est le taux de chômage des 15-24 ans ? En posant la question sans proposer de choix multiples, nous voulions savoir comment les Français percevaient le problème. Le taux officiel était, en 2009, de 22.8% selon l’OCDE et de 23.6% selon l’INSEE. La sondés, en moyenne, l’ont évalué à 21.1%. Pas mal. On pourrait penser que, le sondage étant auto-administré, les utilisateurs ont vérifié le taux officiel sur Wikipédia, mais les chiffres sont suffisamment variables pour que l’on puisse considérer que quasiment personne ne l’a fait.

Les résultats deviennent intéressants quand on s’intéresse à l’âge et aux opinions des sondés. Chez les plus de 35 ans, l’estimation est de 20%, contre 23% chez les plus jeunes.

Chez les sympathisants UMP, la minimisation est encore plus forte. Ils estiment le chômage des jeunes à 19%, contre 23% pour les sympathisants du Front de Gauche. Rien d’exceptionnel, si ce n’est une nouvelle preuve de la sélection que l’on fait, chacun, de n’écouter que les informations qui renforcent nos opinions.

Une autre question concernait les solutions à mettre en œuvre pour lutter contre le chômage des jeunes. Les sondés avaient le choix entre huit solutions, toutes déjà proposées dans un précédent sondage Ifop, en juin 2009. On voit là que les réponses restent stables. Les personnes interrogées placent encore la formation professionnelle en tête des solutions à mettre en œuvre, suivie d’une meilleure orientation des élèves et des étudiants. Seul le service civique obligatoire dégringole. 28% des sondés le plébiscitaient en 2009, ils ne sont plus que 17% aujourd’hui.

« yapa 2 job pour lè jen »

Enfin, nous avons demandés aux sondés quelles étaient, selon eux, les causes du chômage des jeunes. Au-delà de ce jeune de 21 ans déclarant que « yapa 2 job pour lè jen » (faut pas s’étonner de pas en trouver si t’écris comme ça, coco), les 950 réponses montrent une compréhension homogène du problème à travers les classes d’âge.

Jeunes et moins jeunes s’entendent sur le diagnostic : manque de formation, pas assez d’emplois en France et des entreprises frileuses quand il s’agit de donner sa chance à un candidat sans expérience.
Très peu de sondés rejettent la faute sur les chômeurs eux-mêmes (1 sur 20, à peu près). Ceux-ci sont également répartis à travers les âges. Les deux citations ci-dessous ont été écrites par un jeune de 24 ans et un vieux de 70 ans. Qui a dit quoi ?

Celui qui cherche, trouve du travail.

C’est des faignants.

Ces réactions mettent surtout en avant le niveau des sondés en économie. Une bonne partie d’entre eux explique le chômage des jeunes par une surabondance de vieux. « Le marché se renouvelle trop lentement » explique un sondé de 21 ans. Pour eux, le travail est une quantité fixe qui se partage entre tous les actifs. Pourtant, rien n’est moins vrai que ce qui ressemble à une évidence de bon sens. Comme le soulignent les éconoclaste:

Les pays qui connaissent les taux de chômage les plus faibles sont aussi ceux pour lesquels la croissance de la population active a été la plus élevée.

Retrouvez l’ensemble de notre dossier sur la jeunesse et découvrez notre sondage autour de l’emploi des jeunes :

Illustration CC FlickR par julien `

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