[LIVE] #Egypte: les dernières heures de Moubarak?

Le 1 février 2011

Inspirée par l'exemple tunisien, la population égyptienne manifeste pour exiger le départ du président Hosni Moubarrak. Dans leur liste de griefs, la corruption et le népotisme du régime.

Mardi 25 janvier 2011, le peuple égyptien battait le pavé au Caire et exigeait le départ du président Hosni Moubarak.

L’équipe d’OWNI se mobilise pour vous tenir informé de l’évolution de la situation. Voici ce que nous préparons sur cette propagation de la révolte en Afrique du Nord dans le cadre de notre dossier :

Vous disposez d’informations ? N’hésitez pas à nous contacter.

Ce liveblogging est désormais clôt compte tenu que les événements semblent se prolonger de manière indécise. Nous continuons de couvrir les événements de près grâce à Damien Spleeters accompagné de François Hien qui sont sur place au Caire. Nous vous invitons à lire le compte rendu de leur première journée sur le terrain en cliquant ici.

[02h20] Barack Obama : « We hear your voices »

Le discours de Barack Obama a été des plus concis et efficace. Le président américain se dit opposé aux violences et a reconnu le professionnalisme de l’armée égyptienne qui a permis aux protestations de se dérouler sans incident jusqu’à présent.

Obama a rappelé l’attachement du peuple américain aux valeurs démocratiques et a insisté sur la nécessité de développer la liberté d’expression et d’accès à l’information en Egypte. Cet aspect est selon lui primordial et il encourage le maintient des actions en cours.

Le président des États-Unis a indiqué s’être entretenu par téléphone avec Moubarak qui a reconnu que le status quo ne fonctionnerait pas et que le temps du changement était venu.

Obama a souligné que c’était au peuple égyptien de prendre son destin en main et a insisté auprès de Moubarak sur l’importance d’une transition pacifique qui réponde aux attentes de la population :

It is my belief that an orderly transition must be meaningful, it must be peaceful and it must begin now. Furthermore the process must include a broad spectrum of egyptian voices and opposition parties. It should lead to elections that are free and fair. And it should result in a government that is not only grounded in democratic principles but is also responsive to the aspirations of the egyptian people

Il a affirmé vouloir continuer à tendre la main au peuple égyptien et lui porter toute l’assistance nécessaire pour la future reconstruction du pays. Il a tenu également à saluer « la passion et la dignité » des égyptiens qui ont été une « inspiration pour tous les peuples à travers le monde, y compris aux Etats-Unis ».
Enfin, Barak Obama clôt son discours en s’adressant à la jeunesse égyptienne, qu’il promet avoir entendue:

We hear your voices. You will determine your own destiny, and seize the promise of a better future

Nous clôturons pour ce soir ce live-blogging sur ce discours de soutien au peuple égyptien de Barak Obama qui appelle déjà à la construction de l’ère post-Moubarak. Mais la nuit risque d’être longue pour les manifestants qui demandent toujours la démission immédiate de l’ancien général…

[00h00] Réactions aux discours de Moubarak

La centaine de millier d’égyptiens encore sur la place Tahrir ne sont pas convaincus par les “propositions” du président. Quelques secondes seulement après la fin du discours, Al-Jazeera montrait les images d’une foule hors d’elle, sifflant et brandissant des chaussures dans les airs.

Tahrir square CC Al-Jazeera

Des appels à la reconduction des manifestations ont d’ores et déjà été lancés, selon BBC News. Mais du côté du parti présidentiel (Parti Démocratique National), un grand rassemblement de soutien à Moubarak serait en préparation demain au Caire ainsi qu’à Ismaïlia selon la chaîne télévisée Al Arabiya.

A l’étranger, un représentant du congrès américain a également fait remarquer sur Al-Jazeera que Moubarak n’a aucunement fait allusion à la coupure d‘internet continuant de nier “une des libertés individuelle les plus fondamentales”.

Toujours selon la BBC, la diplomatie américaine considérerait qu’un départ de Moubarak en Septembre n’était pas « suffisant ».

La suite des événement est donc pour le moment très indécise : malgré les faibles – voire l’absence de – propositions de Moubarak, les difficultés liées à la poursuite du mouvement (fermeture des banques, pharmacies, pénuries alimentaires, cartes téléphoniques prépayées), pourraient dissuader une partie des opposants à continuer de manifester.

La maison blanche a fait savoir qu’elle tiendrait une conférence de presse dans les heures qui suivent. Les déclarations de la diplomatie américaine pourraient faire pencher la balance.

[22h35] Hosni Moubarak veut aller au bout de son mandat

Dans un discours télévisé très attendu, le président égyptien Moubarak a annoncé qu’il ne se présentera pas aux prochaines élections, mais qu’il fera honneur à ses responsabilités jusqu’à la fin de son mandat.

Le discours avait commencé par une stigmatisation des manifestations qui ont eu lieu depuis 7 jours. Le chef de l’état  a ainsi tenu à dénoncer des manifestants “manipulés et contrôlés par des forces politiques” tout en justifiant sa politique sécuritaire. Selon lui, il est l’heure de choisir entre « le chaos et la stabilité ».

Moubarak a néanmoins tenu à montrer son soutien à une modernisation de la constitution notamment en ce qui concerne le mandat présidentiel, et a achevé son discours en affirmant : « l’Histoire me jugera ». La foule de la place Tahrir risque bien de s’en charger aussi d’ici là.

[17h20] « Ce qui compte, c’est de pousser le coup jusqu’au bout »

En contact téléphonique avec OWNI, Iman, professeur de français au Caire nous livre son témoignage sur la manifestation de Tahrir Square.

Où êtes-vous, Iman ?

Je me trouve à 30 mètres de Tahrir, à l’écart pour téléphoner. Nous sommes arrivés avec mes amis vers 11h30 seulement car il y avait beaucoup de points de contrôles à passer. L’armée fouille tout le monde et confisque les armes.

Y-a-t-il eu des arrestations ?

Oui, j’ai vu une dame se faire arrêter parce qu’elle avait un couteau. Quand on lui a demandé pourquoi, elle a dit qu’elle avait peur que la police l’embête. Mais la manifestation est très bien organisée. Quand on a parlé d’un million de personnes, j’ai eu peur que ce soit le bordel ! Mais ce n’est pas du tout le cas, vraiment.

Quelle est l’ambiance ?

Les gens ont mis de la musique à leur balcons, de la musique égyptienne populaire, celle qui rappelle le 6 Avril. Entre les chansons, les gens chantent «Moubarak, dehors » mais il y a aussi des slogans sont très positifs. Les gens demandent l’égalité, des avancées sociales.

Dans la rue, je vois de tout, des femmes voilées, d’autres non, des hommes barbus, des jeunes, des plus vieux, des chrétiens, des musulmans. C’est toute l’Egypte qui est dans la rue, pas seulement une partie.
Dans la foule, il y a des jeunes qui apportent de l’eau et des sandwiches à ceux qui en ont besoin. C’est les jeunes qui ont tout organisé, ils sont très forts.

Comment communiquez-vous ?

Seul le téléphone est fiable. Même les SMS ne fonctionnent plus ! Je pense qu’ils sont bloqués. D’ailleurs, il faut que je vous dise que les trois opérateurs téléphoniques ont envoyé un message à tous les égyptiens pour demander aux gens de faire attention aux propriétés privés, ainsi qu’aux biens publics, de s’organiser pour protéger tout cela.

Avez-vous des échos de ce que disent les médias étrangers ?

Non car internet est coupé, et la télévision ne marche pas bien à part la télévision nationale. Mais c’est pas important : ce qui compte, c’est de pousser le coup jusqu’au bout.

[16h40] « Pour l’amour de votre héritage et le futur de votre pays : reconnectez votre peuple ! »

Dans une lettre ouverte adressé au ministre des communications et des technologies de l’information égyptien, un ancien expert des technologies de la Maison Blanche demande à Tarek Kamel de « re-connecter son peuple » :

A worried mother who has not heard from her son or daughter cannot send an email or check Facebook for a status update. A witness to violence or abuse cannot seek help, document responsibility, or warn others via Twitter or blog. Life-saving information is inaccessible. Healthy, civil debate about the future of Egypt is squelched. And in the absence of trustworthy news, first-hand reports, and real-time pictures, rumor and fear flourish. In those ways, the total Internet cut-off undermines the government’s own interest in restoring calm and order.

Lire la lettre sur le Huffington Post.

[15h25] La bibliothèque d’Alexandrie est protégée par des jeunes de la ville

A l’image de ce qui se passe dans de nombreux quartiers du Caire pour protéger les habitants et leurs biens, The Guardian signale qu’une milice composée de jeunes alexandrins a pris en charge la sécurité de la bibliothèque d’Alexandrie ainsi que d’autres sites de valeur contre les pillages.

Sur le site de la bibliothèque, on peut lire un mot de remerciement de la part Ismail Serageldin, le directeur de la bibliothèque qui salue la jeunesse égyptienne.

[14h45] Témoignage d’un ressortissant français à Alexandrie

À Alexandrie, où des milliers de personnes manifestaient ce matin, le couvre-feu est assez strict, selon un français contacté par OWNI. L’armée a lourdement insisté hier après la prière pour que la foule se disperse. Elle a instauré des postes de contrôle un peu partout dans la ville et il est impossible de changer de bloc entre 16h (heure de la dernière prière) et 10h.

Mais la population commence à s’organiser. Ils ont pris en charge la gestion de la nourriture et des déchets.

Notre contact rapporte que des avocats se réunissent pour réfléchir à un nouveau régime dans l’intention de changer le système centralisé et népotique plutôt que l’homme Mubarak.

[13h40] Témoignage d’un activiste au Caire

L’équipe d’OWNI, avec l’aide de Damien Spleeters, a pu contacter Ramy Raoof, un activiste défendeur des droits de l’homme.

Le Million Man March est-il un succès ?

Je pense qu’on est proche du million, je ne peux pas voir parce que je suis au milieu de la place, je ne peux pas voir les bords.

Une française qui habite à 30km du Caire ajoute : « Mon mari n’avait pas encore manifesté, mais aujourd’hui, il est parti pour le centre du Caire »

Quel est l’état d’esprit à Tahrir Square ?

Les gens sont heureux, ils sont plein d’espoir. Ils sont certains que Moubarak va être défait bientôt.

Quel est le rôle de l’armée ?

L’armée est autour de nous, ils fouillent les civils. Nous avons de bonnes relations avec l’armée pour le moment.

Craignez-vous une intervention de la police ?

Non, non je n’ai pas peur du tout.

Utilisez-vous les modem 56K ?

Non, pas d’accès Internet, pas d’accès du tout.

Et les réseaux téléphones fonctionnent?

oui, mais il y a des rumeurs qui disent qu’ils vont les couper aussi

(ndrl : ce qui semble se confirmer pour le moment. Les personnes présentes à Tahrir Square actuellement que nous avons appelées sont injoignables pour le moment. Mais il peut s’agir d’une simple congestion du réseau)

La manifestation va-t-elle se diriger vers le palais présidentiel ?

Peut-être, je ne suis pas sûr. Les gens vont commencer à bouger quand le couvre-feu commence.

Pourquoi après le couvre-feu ?

Pour violer le couvre feu !

[Mardi 1er Février - 11h30] Million Man March

Selon al-jazeera, des centaines de milliers de personnes sont en train de se rassembler sur la place Tahrir au Caire. L’armée, très présente, effectue des fouilles corporelles afin de confisquer tout ce qui pourrait faire office d’arme. La police serait pour le moment absente du centre ville du Caire.

Des manifestants sont restés toute la nuit sur Tahrir Square. Certains ont même planté des tentes.

[23h45] Google et Twitter lancent un service de tweets par téléphone

Relayée à grand bruit par Twitter et Google, une application permet aux égyptiens privés de connexion d’utiliser un simple téléphone pour envoyer des messages via Twitter dans le monde entier. Les numéros à utiliser sont +16504194196, +390662207294 ou +97316199855.
Les messages sont envoyés automatiquement sur Twitter accompagnés du hashtag #egypt. Ils sont lisibles par tous sur le compte @speak2tweet mais également par téléphone au même numéro.
C’est l’occasion pour Google de faire la pub d’une entreprise acquise la semaine dernière, Saynow, qui propose des messages enregistrés par téléphone.
Le service, développé en un week-end selon ses créateurs, veut permettre aux égyptiens de “rester connectés en ces temps difficiles”

[20h55] L’armée n’usera pas de la force contre les manifestants

Al-Jazeera vient de confirmer une rumeur qui courrait depuis quelques minutes : l’armée égyptienne ne s’opposera pas aux manifestations. Dans un communiqué officiel de l’armée, cité par Al-Jazeera, on peut y lire :

La présence de l’armée dans les rues est pour votre bien, pour assurer votre sécurité et votre bien être. Les forces armées n’utiliseront pas la force contre notre grand peuple (…) Votre armée – qui est consciente de la légitimité de vos revendications – est prête à assumer sa responsabilité dans la protection de la nation et de ses citoyens et affirme que la liberté d’expression pacifique est garantie à tous

Voilà une nouvelle qui devrait enthousiasmer les manifestants à la veille de ce qui pourrait être le point de rupture de cette crise. Demain devrait en effet se tenir 2 grandes manifestations de plus d’un million de personnes au Caire et à Alexandrie.

[16h50] Une application facebook pour piéger les activistes ?

The Lede, blog du New York Times rapporte qu’une application facebook censée lister les manifestants disparus serait en fait un traquenard échafaudé par les services d’Etat égyptiens pour obtenir des informations sur les manifestants. C’est @sandmonkey qui tweete l’alerte, mais l’information reste à vérifier.

[13h20] 6 journalistes de Al-Jazeera arrêtés

Al-Jazeera vient d’annoncer en live que 6 de ses journalistes viennent d’être arrêtés par la police égyptienne du Caire et leur caméras saisies. Ces arrestations font suite à l’interdiction faite à Al-Jazeera par les autorités égyptiennes d’émettre en Egypte.

Al Jazeera précise que d’autres journalistes sont toujours dans les rues, parmi la foule et qu’ils continueront à couvrir les événements autant que possible.

[update 14h55] Les journalistes de Al-Jazeera ont été libérés. La chaine arabe précise que les caméras sont toujours en possession des autorités égyptiennes et qu’une autre de ses journaliste a échappé aux autorités venues l’interpeller dans son hôtel.

[12h49] Les conséquences économique commencent à se faire ressentir

La persistance des manifestations en Egypte commencent à menacer très sérieusement l’économie égyptienne.

Aujourd’hui, l’agence de notation Moody’s a annoncé la dégradation de la note de la dette égyptienne de BA1 à BA2, et a modifier ses perspectives de « stable » à « négative ».

Bloomberg signale aussi que le risque de “bank run” est fort car les investisseurs étrangers ont retiré en masse leur argent d’Egypte.

Pour éviter une panique bancaire, les banques égyptiennes sont fermées jusqu’à nouvel ordre, ce qui deviendra rapidement un grave problème pour la population égyptienne qui a besoin de liquidités pour payer la nourriture et autres produits de première nécessité.

La banque centrale égyptienne a fait savoir qu’elle disposait de 36 milliards de livres égyptiennes en réserve, soit un montant largement suffisant à court terme, mais qui pourrait être juste en cas de prolongement durable de la crise.

Rappelons par ailleurs que la bourse du Caire est toujours suspendue à ce jour après la chute de -16% de la semaine dernière. La crainte d’une éventuelle fermeture du canal de Suez provoque également une hausse du prix du baril de pétrole et d’autres matières premières.

[Lundi 31 Janvier - 11h55] La frontière entre Gaza et l’Egypte est fermée

L’AFP signale que la frontière de Rafa a été abandonnée par les douaniers égyptiens, conséquence de quoi le Hamas a décidé de fermer la frontière pour éviter que les palestiniens fuient en Egypte.

En temps normal, environ 400 à 500 personnes passent cette frontière. Cette fermeture a donc évidemment provoqué des craintes de pénurie pétrolière et alimentaire parmi la population, même si le Hamas se veut rassurant.

[00:25] Sans la police: organisation et veille des civils

@novinha56 , jeune maman française vivant à 35 km au sud-ouest du Caire, témoigne sur les événements. Depuis le début, son quartier est resté plutôt calme, mais les habitants barricadent leurs maisons et laissent les lumières allumées, pour montrer leur présence. Ce qu’ils craignent le plus à présent, ce sont les pillages, des plus pauvres et des prisonniers évadés de la prison Wadi Natroun, à 100 km au nord du Caire, qui tenteraient de s’armer.

L’organisation de milices civiles permet aux habitants de la ville de ne pas trop appréhender la nuit, et la journée, les jeunes du quartier font la circulations aux carrefours. Tout le monde reste plus ou moins calme mais des rumeurs peuvent circuler, “alors pour être sûrs des choses, les gens se téléphonent beaucoup”.

Pour s’informer, ils suivent les chaines d’informations (Aljazeera International, BBC World, le journal de France 2 et quelques chaînes arabes.

Pendant que les uns veillent sur leur quartier, les autres continuent de manifester : “la détermination ne faiblit pas !”

[22:35] Le Premier ministre britannique s’aligne sur la position des États-Unis

Le Premier ministre britannique a rejoint la position des États-Unis, qui avait appelé plus tôt aujourd’hui, par la voix de la secrétaire d’État Hillary Clinton, le président égyptien Moubarak à permettre rapidement “une transition en bon ordre” (orderly transition), indique Reuters. David Cameron s’est entretenu ce dimanche par téléphone avec Barack Obama à ce sujet. Hier, il avait communiqué conjointement avec la France et l’Allemagne.

[22:00] Certains pays font évacuer leurs ressortissants

Alors que la situation reste aussi tendue, les États-Unis, Israël, la Turquie, certains pays arabes dont l’Irak ont envoyé des avions ou proposé de le faire afin d’évacuer leurs ressortissants, rapporte le Guardian et AP. Les États-Unis commenceraient ce mouvement ce lundi. De nombreux autres pays appellent leurs ressortissants à quitter l’Égypte, comme la Suisse, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne. De même, certaines grandes firmes, comme le géant du pétrole BP, envisagent de faire évacuer les familles de leurs employés.

[20:05] Vidéos Amateurs de la situation en Egypte

Les égyptiens rassemblés “ne comptent pas bouger, tant que Moubarak n’aura pas bougé” !

Au sein des villes, la confusion règne :

[19h52] Selon l’agence Reuters, la police serait déjà en train de se déployer dans les villes (Le ministre avait pourtant évoqué la date de lundi). La police avait été remplacée par l’armée depuis Vendredi.

[19h07] Selon Al-Jazeera, le ministère de l’Intérieur a annoncé un redéploiement des forces de police dans tout le pays pour demain, à l’exception de la place Tahrir.

[18h36] El Baradei représentant du contre pouvoir

Mohammed El Baradei a rejoint ce soir les manifestants place Tahrir:

Je vous demande de patienter, le changement arrive. [...] Nous sommes sur la bonne voie [...], notre force est dans notre nombre [...] Ce que nous avons commencé ne peut être arrêté.

Les Frères musulmans et de nombreux opposants ont demandé au prix Nobel de la paix de négocier avec Hosni Moubarak pour que la situation évolue dans l’optique de constituer un gouvernement d’union nationale. Un peu plus tôt dans la journée, il était intervenu sur CNN, conseillant au président égyptien de:

quitter [le pouvoir] dans la dignité avant que la situation ne soit devenue complètement incontrôlable. [...] Ce qui se passe est le résultat de trente ans de dictature brutale. [...] Nous devons devenir une société libre et démocratique.

[17h30]:Reprise du Liveblogging > Résumé de la journée du dimanche 30 janvier

La situation au Caire:

Les manifestants continuent depuis le début de la matinée à réclamer le départ d’Hosni Moubarak. La situation reste très confuse, les informations remontant du terrain faisant état tant de scènes de fraternisation entre soldats et manifestants que de tirs de l’armée à balle réelle (selon la journaliste du Monde sur place).

Il y a quelques heures, au moment où commençait officiellement le couvre-feu, des avions de chasse et des hélicoptères de l’armée ont survolé la place Tahrir, épicentre du mouvement, à très basse altitude. Cette tentative d’intimidation semble contre-productive tant les slogans clamés par la foule ont redoublé d’intensité, continuant à réclamer le départ du président Moubarak.

Une vidéo amateur mise en ligne sur le compte YouTube de la chaîne Al-Jazeera montre ses jets survolant la capitale Egyptienne :

Il semble donc que la nomination au cours de la journée d’hier de Omar Suleiman au poste de vice-président et de Omar Shafiq à celui de premier ministre ait eu pour objet de structurer la réponse du gouvernement aux manifestations. Si la police s’est retirée des rues, laissant la place aux pillards, l’armée reste positionnée autour des bâtiments officiels (télévision, ministères), sans intervention coordonnée pour le moment.

D’immenses rassemblements ont également cours à Alexandrie et à Suez.

Le chaos s’installe:

Dans les principales villes du pays, les habitants se réunissent et  s’arment pour défendre commerces et habitations. Dans la matinée, une prison du Caire a été le théâtre d’affrontements entre surveillants et prisonniers, certains profitant de la situation pour s’échapper.
Selon la BBC et le Monde, les scènes de pillage se multiplient, notamment à Alexandrie où des membres de la police auraient été vus participant aux pillages.

Côté politique, les Frères musulmans, principal mouvement d’opposition, restent prudents en appelant à la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Le prix Nobel de la paix Mohammed El Baradei, qui vient de rejoindre les manifestants place Tahrir, a rappelé sur CNN la nécessité du départ de Moubarak afin de mettre en place un tel gouvernement dont l’objectif serait d’organiser des élections libres.

Réactions internationales:


Hillary Clinton est intervenue sur ABC pour commenter la révolte en Egypte. Selon la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, il est impératif que le président égyptien permette rapidement “une transition en bon ordre” (orderly transition), afin d’éviter que le pays ne sombre dans la guerre civile.

Nous souhaitons la mise en place de réformes et d’un processus de dialogue national afin que de répondre aux attentes légitimes du peuple égyptien

Le gouvernement français reste pour sa part très prudent. Aux côtés d’Angela Merkel et de David Cameron, Nicolas Sarkozy a exhorté hier le président égyptien “à éviter à tout prix l’usage de la violence contre des civils sans armes”. Pourtant, la secrétaire d’Etat à la Jeunesse Jeannette Bougrab a été rappelée à l’ordre pour avoir appelé au départ d’Hosni Moubarak.

Plusieurs pays conseillent à leurs ressortissants de ne pas se rendre en Egypte.

Al-Jazeera interdite:

La principale source d’images de la révolte égyptienne a été interdite d’émettre par les autorités égyptiennes. La chaîne vient de mettre en ligne quelques témoignages de leurs correspondants sur place faisant état de leur difficulté à travailler depuis aujourd’hui. Pour autant, la chaîne qatarie continue sa couverture des évènements.

[20h05] Résumé de la journée du samedi 29

100 000 personnes, malgré le couvre-feu : les manifestants n’ont pas déserté les rues du Caire. Après une journée d’intenses manifestations, ils étaient encore plus nombreux aujourd’hui à battre le pavé de la capitale égyptienne. Le discours d’Hosni Moubarak et le limogeage du gouvernement n’auront pas apaisé la colère de la rue, où l’on a appelé au départ du président pendant toute la journée de samedi.

L’armée égyptienne apparaît au fil des heures comme la clé de l’évolution de la situation. Acclamée hier par les manifestants, elle a joué aujourd’hui un rôle plutôt passif, refusant de prendre part aux manifestations. Sur des images diffusées par Al-Jazeera, on a tout de même vu certains militaires prendre fait et cause pour les manifestants. Interrogée par France24, la spécialiste du Moyen-Orient Sophie Pommier considère que “s’ils prenaient le pouvoir, les militaires ne feraient pas mieux qu’Hosni Moubarak”.

Après une journée d’hier qui a fait plusieurs dizaines de morts et plusieurs centaines de blessés, la situation restait extrêmement tendue, des coups de feu se faisant entendre un peu partout dans la capitale, notamment dans le quartier diplomatique. Le musée du Caire, situé à quelques encablures du siège du parti au pouvoir pillé et incendié la nuit dernière, a lui aussi été victime de pillages, malgré la protection des manifestants et de l’armée.

Hosni Moubarak a joué son va-tout dans la journée en procédant à deux nominations, avec pour objectif de désamorcer les revendications des manifestants. Il a ainsi nommé Omar Suleiman, un des hommes forts du régime au poste de vice-président. Ancien chef des services de renseigments, apprécié par le peuple égyptien et âgé de 74 ans, il était vu par beaucoup comme un des successeurs probables de Moubarak. Libération lui avait consacré un portrait, en mars 2009. Certains ont vu dans cette nomination une façon de préparer le départ du président, la Constitution égyptienne prévoyant qu’en cas de vacance du pouvoir, c’est au vice-président que revient la direction du pays.

Quelques dizaines de minutes après cette nomination, le leader égyptien désignait Ahmed Chafiq, ancien ministre de l’aviation, au poste de premier ministre, chargé de former un nouveau gouvernement. Une première sous l’ère Moubarak, signe d’une situation de plus en plus intenable pour le président égyptien.

Sur le fronts des télécommunications, si plusieurs opérateurs mobiles ont recommencer à émettre dans la journée, après avoir stoppé leurs services sur ordre du gouvernement égyptien hier, l’accès à Internet restait quasiment impossible sur l’ensemble du territoire.

L’une des figures de proue de l’opposition à Moubarak, le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei, a appelé dans la journée à la démission du président. De son côté, le NDP, le parti au pouvoir, a dénoncé par la voix de son porte parole “les gangs” et les “criminels” qui avait transformé une “noble cause en une action criminelle”, alors que rien ne permettait, samedi en début de soirée, de dire si le bilan des pertes humaines et des pillages avait été plus élevé que la veille. Certains éléments semblent indiquer que des groupes d’hommes armés et organisés participent au pillage. Les habitants du Caire commencent à s’organiser afin d’empêcher les pillages.

Du côté des réactions internationales, le président israélien Benyamin Nétanyahou a expressément demandé à ses ministres et représentants de ne pas commenter la situation égyptienne. Les familles des diplomates israéliens ont été rapatriées à Tel-Aviv, samedi en milieu d’après-midi. La présidence française est pour sa part restée muette, alors que le ministère des Affaires Etrangères déconseillait “tout voyage en Egypte qui n’aurait pas un caractère d’urgence”. Michèle Alliot-Marie a exprimé, vendredi, “sa vive préoccupation face aux manifestations qui secouent l’Égypte depuis quelques jours” et “appelé à la retenue”. La déstabilisation d’un allié de longue date des occidentaux et des israéliens dans la poudrière du moyen-orient plonge beaucoup de chancelleries dans l’embarras, et les appels – gênés – au calme se sont multipliés vendredi et samedi.

[00h40] Nous clôturons le live-blogging pour ce soir mais vous tiendrons informés de l’évolution de la situation.

[00h35] Obama réagit au discours de Moubarak

Après s’être entretenu avec Hosni Moubarak pendant 30 minutes, Barack Obama s’est rapidement exprimé depuis la Maison-Blanche. “L’Egypte est un partenaire important des Etats-Unis, qui nous a aidé à résoudre beaucoup de problèmes dans la région”, a-t-il tenu à rappeler d’emblée, sans remettre en question le discours du président contesté. S’il a insisté sur la “nécessité de réformes”, il a également appelé à un “dialogue constructif” entre le gouvernement et les Egyptiens, invoquant la “responsabilité” de Moubarak.

[23h31] Dans les rues du Caire, d’après les journalistes d’Al-Jazeera, dès la fin de l’allocution du président, les manifestants appellent déjà à la démission du président Moubarak.

[23h31] Le président Moubarak annonce qu’il a demandé la démission de l’actuel gouvernement : “Je nommerai demain un nouveau gouvernement pour prendre à bras le corps nos priorités” / “Et je prendrai toutes les mesures pour assurer la sécurité de notre peuple”.

[23h27] Il a affirmé qu’il comptait mener des réformes au plus vite : “Je vais prendre des mesures rapides pour combattre la pauvreté, le chômage et la corruption” / “Les réformes doivent être accélérées pour alléger les souffrances du peuple, amener de meilleurs soins, de meilleurs logements aux jeunes” / “Nous continuerons à réformer, vers plus de démocratie, plus de libertés” / “Nous réduirons le chômage, développerons le logement, nous serons aux côtés des pauvres”.

[23h25] Il garde malgré tout une position ferme face à ce qu’il considère comme de dangereux débordements : “J’ai toujours dit que la souveraineté appartenait au peuple, tant que c’est dans le cadre du respect de la loi et de la constitution” / “La ligne qui sépare la liberté du chaos est mince”, tout en faisant des références claire à la situation en Tunisie : “Nous devons faire attention aux exemples, autour de nous, qui conduisent au chaos, sans garantir la liberté et la démocratie”.

[23h20] Dans son allocution, le président Moubarak tente d’apaiser les esprits et la rue. “Nous respectons le droit de manifester pacifiquement, mais ces manifestations ont dégénéré en émeutes” / “J’ai toujours dit que la souveraineté appartenait au peuple, tant que c’est dans le cadre du respect de la loi et de la constitution” / “Il est de mon devoir de défendre la stabilité et la sécurité de l’Egypte”.

[23h17] Reprise du live-blogging pour l’allocution en direct du président Hosni Moubarak

[21h35] Fin du live-blogging. Nous vous tiendrons bien évidemment informés de l’évolution de la situation tout au long du week-end, ainsi que des billets d’analyse et de fond dans les jours qui viennent. Bon week-end à tous !

[21h21] Les médias syriens ont pris quelques libertés avec les évènements en Tunisie et en Egypte, rapporte le blogueur syrien Maurice Aek, cité par Global Voices. Pour ces médias d’état, les égyptiens seraient descendus dans les rues pour réclamer le départ de l’ambassadeur israélien, et auraient passé sous silence la vraie raison de la fuite de Ben Ali.

[21h04] Internet coupé en Egypte? Ce n’est pas ça qui va empêcher les Anonymous de mettre un bâton de plus dans les roues du gouvernement égyptien. En effet, les activistes ont eu recours à une technologie à laquelle ils ne sont plus vraiment habitués, en envoyant des milliers de copies des dernière révélations de Wikileaks concernant l’Egypte… par fax !

[21h00] Un fonctionnaire de l’administration Obama a annoncé à l’Associated Press que les Etats-Unis allaient reconsidérer leur aide annuelle de 1,5 milliards de dollars à l’Egypte.

[20h56] Le bâtiment du NDP, le parti au pouvoir, en feu depuis quelques heures, serait en proie à des pillages, selon Nile TV.

[20h51] Selon l’agence Reuters, citant des sources médicales, les manifestations en Egypte ont fait 410 blessés vendredi.

[20h22] Selon un journaliste de The Atlantic, cité par le site de la Sunlight Foundation, l’Egypte dépenserait beaucoup d’argent en lobbies à Washington. Cela profiterait essentiellement… à l’industrie de l’armement américaine : contre émoluments du gouvernement américain, l’Egypte achète des armes à prix réduits auprès de fabricants américains, avec un soutien appuyé des lobbyistes à Washington.

[20h15] Selon le journaliste américain Jeremy Scahill, le briefing de la Maison-Blanche sur la situation en Egypte a été reporté, de même que celui du Département d’Etat, qui attendrait que le président égyptien Hosni Moubarak se prononce.

[20h12] Le couvre-feu qui s’appliquait dans tout le pays n’est maintenu que dans les trois principales villes du pays : Le Caire, Alexandrie et Suez, selon Al-Arabiya.

[20h05] Alors que la situation au Caire semble se calmer dans les rues égyptiennes, prenez le temps de jeter un oeil à cette superbe série de photos prises dans les rues égyptiennes.

[19h55] Une photo exceptionnelle, repérée sur Twitter, qui montre des forces anti-émeute tirer au canon à eau sur des manifestants en train de prier face aux forces de l’ordre, au milieu d’un pont du Caire.

Via Olly Wainwright.

[19h52] Une manifestation en soutien à l’Egypte place du Châtelet

Depuis 18h30, quelques dizaines de manifestants se sont réunis sur près de Châtelet, à Paris, en soutien au peuple égyptien. Dreamer_ML était sur place, et a posté sur Twitter une photo de la manifestation, où selon lui, des tunisiens et des algériens sont venus montrer leur soutien. D’autres sources mentionnent la présence de militants du NPA. Une autre photo est disponible ici.

[19h45] LeMonde.fr a mis en ligne une carte interactive des manifestations égyptiennes.

[19h44] La ministre des Affaires Etrangères, Michèle Alliot-Marie “appelle à la retenue et au dialogue” (AFP).

[19h43] Patrick Philip Meier, sur le site iRevolution, a listé quelques uns des liens essentiels pour suivre les développements des manifestations en Egypte.

[19h40] Alors que ses tanks ont investi les rues de plusieurs villes égyptiennes, plusieurs généraux de l’armée égyptiennes sont… aux Etats-Unis, nous apprend CNN.  Ils doivent y rencontrer des généraux américains, dans le cadre d’une réunion du Comité de Coopération Militaire entre les Etats-Unis et l’Egypte.

[19h11] Le président Obama a réuni autour de lui ses proches conseillers afin de suivre la situation en Egypte, nous apprend Associated Press, sur le site du Guardian. Selon Al-Jazeera, on lui aurait remis un rapport de 40 pages sur la situation égyptienne.

[19h10] A Suez, l’armée est également acclamée par les manifestants, selon Al-Jazeera.

[19h00] L’opérateur téléphonique Vodafone a fait savoir, via l’AFP, qu’il avait reçu des directives directement de l’état égyptien pour interrompre son service.

[18h55] Un journaliste d’Al-Jazeera évoque “plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers de manifestants” dans les rues du Caire aujourd’hui.

[18h48] A gauche, les images retransmises en direct par Al-Jazeera. A droite, les images de la télévision officielle. Selon les journalistes d’Al-Jazeera, les deux caméras ne seraient distantes que de quelques centaines de mètres, mais pointent sur des parties très différentes du Caire.

[18h46] Une image des tanks égyptiens, salués par les manifestants. (Al-Jazeera)

[18h36] L’armée a investi les rues de Suez, selon AL-Jazeera, alors que les journalistes de la chaîne ont remarqué que la police a déserté les rues du Caire. Selon ces mêmes journalistes, certains de leurs collègues ont été “mis en congés” pour une durée indéterminée, suspectés de sympathie pour les manifestations.

[18h28] L’Egypte est quasiment privée de son accès à Internet. A l’exception du réseau TOR, qui voit le trafic littéralement exploser.

Pour plus d’informations.

[18h25]  Hillary Clinton : “les violences ne feront pas reculer les revendications”

Hillary Clinton s’est exprimée il y a quelques minutes en direct sur Al-Jazeera, et s’est voulue apaisante.

Elle s’est déclarée « profondément inquiète de la violence à l’encontre des manifestants. » Elle a également appelé « le gouvernement égyptien a contenir les forces de sécurité » et « les manifestants à éviter la violence et s’exprimer pacifiquement ».

« Les USA supportent les droits de l’homme en Egypte et appellent le gouvernement à revenir sur les décisions sans précédents prises pour couper le pays de ses télécommunications » a-t-elle précisé.

« Il y a des revendications profondes dans la société égyptienne, et le gouvernement doit comprendre que les violences ne feront pas reculer ses revendications. »

Clinton a rappelé l’amitié de longue date qui unit les deux pays :

« L’Egypte est depuis longtemps un partenaire des États-Unis sur de très nombreux sujets clés, et nous croyons que le gouvernement égyptien doit s’engager immédiatement avec le peuple à implémenter les réformes politiques, sociales et économiques.

Nous voulons nous associer avec le peuple égyptien et leur gouvernment pour répondre à ses aspirations d’une société démocratique qui respecte les droits de l’homme. »

[17h58] Une galerie Flickr contient quelques superbes photos des manifestations de cet après-midi, disponibles en Creative Commons, prises par Ramy Raoof.

[17h52] Des coups de feu et des explosions se font clairement entendre, captés par les caméras d’Al-Jazeera. Le feu fait toujours rage dans le bâtiment du NDP, et menace de se propager au musée qui se situe à quelques dizaines de mètres, sans intervention des pompiers pour le moment. Les manifestants et les policiers se sont arrêtés pour la dernière prière de la journée.

[17h41] Quelques images amateurs des manifestations en Egypte ont réussi à sortir du pays. Ces images frappantes montre l’affrontement entre police et manifestants sur un pont du Caire.

[17h30] FDN, un des fournisseurs d’accès à Internet français historiques, vient de mettre en place un compte d’accès RTC, qui permet à tous les égyptiens possédant une ligne téléphonique capable de joindre la France de disposer d’un accès à Internet, contournant la coupure que subit actuellement le pays. Le numéro à composer : +33 1 72 89 01 50 (login : toto ; mot de passe : toto).

[17h22] Une épaisse fumée noire se dégage des alentours d’un bâtiment du NDP, le parti au pouvoir. Des cocktails molotov pourraient avoir été lancés sur le bâtiment. Les journalistes d’Al-Jazeera soulignent le caractère extrêmement symbolique de cet incendie.

[17h21] A Suez, des manifestants s’en prennent à un camion militaire et à ses occupants. (Al-Jazeera)

[17h17] Les manifestants font brûler un camion de police sur un pont, qu’ils avaient d’abord tenté de renverser dans le fleuve, au Caire (Al-Jazeera).

[17h06] Selon Al-Jazeera, le président Hosni Moubarak serait sur le point de faire une déclaration à la à la télévision égyptienne.

[16h55] La police à la porte d’Al-Jazeera. D’après le journaliste d’Al-Jazeera English qui commente les événements, les forces de sécurité auraient frappé à la porte de la chaîne pour interrompre la retransmission.

[16h45] Chaos général

Alors que les forces militaires auraient fait leur entrée au Caire (visiblement du côté des manifestants), la situation devient confuse. Alors que le gouvernement égyptien a imposé un couvre-feu à partir de 18h, Al-Jazeera montre des images de policiers jetant des pierres puis s’arrêtant pour laisser les manifestants prier spontanément devant eux.

Par ailleurs, le correspondant d’Al-Jazeera a confirmé que les forces de sécurité avaient investi l’immeuble de la chaîne, peut-être pour interrompre le signal de la télévision.

[16h] Des tirs à balles réelles contre les manifestants? Sur cette vidéo de l’agence Associated Press, on peut voir un homme tomber à terre, visiblement touché par un tir des forces de l’ordre:

[15h30] Couper Internet, “un acte de guerre”

La disparition de 3500 routes BGP serait à l’origine de l’inaccessibilité du réseau égyptien, indique le blog de Renesys, spécialiste du routage sur Internet. La manipulation, explique Benjamin Bayart, président du FAI français FDN depuis 1997, est assez simple:

Une ligne de commande tapée dans un routeur ou une rupture d’alimentation électrique dans un data center a certainement suffi pour éteindre physiquement le réseau Internet dans ce pays.

Concrètement, il n’existe plus de routes permettant d’accéder aux sites égyptiens, depuis l’étranger ou à l’intérieur même du pays. En France, explique encore le président de FDN, la manoeuvre semble irréaliste, dans la mesure où elle nécessiterait, en plus d’une décision judiciaire, l’aval de milliers d’intermédiaires sur le réseau, opérateurs comme hébergeurs Internet.

L’opération, ajoute Benjamin Bayart, est assimilable à un “acte de guerre”:

Dans les conflits, on commence par couper les moyens de communication. Couper Internet, c’est comme faire sauter les ponts ou les voies ferrées. Ce qui se passe en Egypte est donc d’une violence extrême.

[15h15] Les radios amateur, amies ou ennemies?

Sur un autre EtherPad, on peut constater que les radios amateur (“HAM radios”) sont envisageés comme un moyen efficace pour communiquer entre les manifestants, même si des précautions restent d’usage:

Certaines sources affirment que la plupart des radios amateur en Egypte sont des amateurs qui ont reçu une formation radio dans l’armée et susceptibles d’être loyaux envers le régime. Il vaut mieux rester prudent et éviter de divulguer les fréquences utilisées avant que l’armée ne change de camp.

[15h] “Comment l’Egypte a coupé Internet”

Quelques heures après l’annonce du blackout sur l’Internet égyptien, les premiers éléments d’analyse affleurent. Sur Lemonde.fr, Damien Leloup explique que l’Etat a demandé aux fournisseurs d’accès à Internet de couper non seulement “l’accès aux protocoles DNS (Domain name server, qui aiguille les ordinateurs vers les adresses des sites)”, mais également d’intervenir au niveau du BGP (Border Gateway Protocol, qui renseigne les adresses IP utilisées par les FAI). Par le passé, le Pakistan a par exemple eu recours à ce type de filtrage pour censurer momentanément YouTube.

[14h45] Qui WikiLeaks vise-t-il? Andy Greenberg, journaliste à Forbes célèbre pour avoir été le premier à interviewer longuement Julian Assange, se demande quelle est la cible de la mini-fuite orchestrée par WikiLeaks autour des mémos provenant de l’ambassade du Caire. Internet étant inaccessible depuis l’Egypte, il se demande si l’initiative ne vise pas à mettre les Etats-Unis – une fois de plus – face à leurs responsabilités.

[14h] “Rock The Casbah”

Sur un EtherPad dédié, les Anonymous suggèrent aux Egyptiens d’éviter d’utiliser le web (plutôt malmené ces dernières heures) pour communiquer entre eux. Ils vont même plus loin, et en appellent à des méthodes d’agit-prop:

Un document a été préparé en vue des manifestations de vendredi. C’est un flyer qui peut être copié et distribué facilement. Il contient tous les conseils pour que ce rendez-vous soit un succès. Si vous ne l’avez pas, demandez à des personne de confiance de les imprimer. Ce processus prend du temps, donc anticipez.

Et plus loin:

Ne vous appuyez pas sur les communications en ligne aujourd’hui. Faites attention aux rumeurs. Communiquez avec autant de personnes que possible, et faites vous une seconde opinion systématiquement. P.S: Cela doit figurer sur le document, mais quelqu’un a posé la question: les coursiers à vélo sont plus rapides si Internet ne fonctionne plus (dans le trafic du Caire, ils vont plus vite que la police.

Et de finir sur cette note:

[13h50] Un mémo divulgué par WikiLeaks souligne l’impact d’Internet en Egypte

Un cable diplomatique publié en 2009 souligne l’importance prise par Internet, et plus particulièrement par les 160 000 blogueurs égyptiens, dans l’espace médiatique et politique du pays. Selon le représentant américain en Egypte, “les blogs ont significativement élargi le nombre de sujets dont les Egyptiens peuvent discuter publiquement”, et “écrivent de plus en plus pour défendre leurs projets politiques”. “Les discussions sur les blogs à propos de problèmes sensibles, comme le harcèlement sexuel, les tensions sectaires et la question militaire représentent des changement très important, qui a influencé la société et les médias”, précise le document. Ce mouvement venu d’Internet aurait amené les médias traditionnels à traiter de sujet auparavant tabous, comme la sexualité ou l’avortement, toujours selon le télégramme.

Ce dernier fait également état de la tolérance toute relative des autorités égyptiennes, qui n’hésitent pas à arrêter des blogueurs trop critiques envers Moubarak, tout en laissant aux internautes une certaine marge de manoeuvre pour “critiquer le gouvernement”.

En revanche, les américains se montrent sceptiques quant à la capacité de ce mouvement à réellement fédérer : “le rôle des blogueurs comme force de cohésion des activistes a largement disparu, à cause d’un climat politique plus restrictif, des mesures du gouvernement égyptien et des tensions entre blogueurs”. De même, le cable souligne le faible rôle joué par les blogueurs dans les récents exemples de “cyber-activisme de masse”, qui ont été davantage organisés via Facebook.

[13h00] 4 journalistes français arrêtés au Caire. L’information vient du ministère des affaires étrangères lors d’une conférence de presse.

[11h57] WikiLeaks publie une salve de documents sur l’Egypte

Wikileaks vient de publier environ 70 télégrammes diplomatiques provenant principalement de l’ambassade des États-Unis au Caire, mais également de Tel Aviv, Paris, Tripoli et d’autres. Tous ces câbles concernent en premier chef l’Égypte.

La publication de ces documents intervient dans le cadre de la publication au compte goutte de plus de 250.000 télégrammes diplomatiques depuis novembre 2010, dont seulement ~1% sont disponibles publiquement aujourd’hui. En accélérant la publication de ces documents, Wikileaks alourdit la pression sur les épaules du gouvernement égyptien.

L’équipe d’OWNI est mobilisée pour analyser les documents dévoilés.

[Vendredi 28 Janvier - 9h50] L’Égypte coupe les connexions internationales

Plusieurs sources confirment que le réseau égyptien a été coupé vers minuit heure locale. Comme ce site l’indique, la coupure concernerait à la fois les connexions internet et téléphoniques, à l’exception de quelques entreprises et de la bourse égyptienne. C’est une situation inédite et inquiétante alors que les appels à manifestation ont été reconduits aujourd’hui.

[Jeudi 27 Janvier - 11h22] La bourse égyptienne est suspendue

Perdant près de 6,25% dès les 15 premières minutes de cotation ce matin, la bourse du Caire a décidé de suspendre les transactions. Hier, l’indice de référence égyptien, le EGX 30 avait déjà perdu 6,1%.

Quelques minutes après la reprise des cotations vers 11h30 (heure locale) l’indice perdait toujours 10,3% (consulter le cours ici) soit le plus bas niveau de l’indice depuis 2008.

[18h15] “Les Egyptiens peuvent-ils se révolter?”

Al-Jazeera, en pointe lorsqu’il s’agissait d’évoquer la révolte tunisienne, se fend d’un long article très détaillé, avec cette question aussi simple dans son énonciation qu’elle est complexe dans sa réponse: “Les Egyptiens peuvent-ils se révolter?”

Alaa Bayoumi commence ainsi par démythifier l’idée d’une Egypte résiliente “parce qu’elle serait une société agricole et que les fermiers ont besoin de stabilité et de patience pour exploiter leurs terres”. Or, l’Egypte est devenue une économie de services, “créant une nouvelle élite économique, dominée par les propriétaires de compagnies publiques récemment privatisées”. Cette évolution a accentué le fossé entre les classes les plus pauvres et les dirigeants. Corrélé à l’émergence d’une “nouvelle génération, des millions de jeunes cyniques sur l’avenir du monde et de leur pays”, le cocktail pourrait s’avérer explosif.

[18h10] RSF s’inquiète du filtrage et des violences contre les journalistes. Dans un communiqué, Reporters Sans Frontières dénonce la censure d’Internet et le traitement infligé à la presse sur place. En rappelant que l’Egypte fait partie de la liste ds “ennemis d’Internet”, l’organisation rappelle que les réseaux de télécommunications ont été bloqués en amont des manifestations. Par ailleurs, elle déplore les interpellations, les molestations voire les agressions contre les journalistes, qu’ils soient égyptiens ou étrangers. Pour appuyer son propos, RSF fait d’ailleurs la recension des incidents. [18h05] YouTube met en avant des vidéos de manifestations. On y voit des mouvements de foule sur une avenue du Caire ainsi que des manifestants lancer des projectiles sur les forces de l’ordre

[18h] L’influence des Etats-Unis en Egypte

Mother Jones revient de manière pédagogique sur les événements égyptiens et tente de délimiter le cadre des enjeux. Le site du magazine américain explique notamment les différences avec la Tunisie, et les raisons pour lesquelles il faut être pondéré dans les analogies. “Le régime tunisien a été un allié clé dans la lutte contre Al-Qaida. Mais les liens entre les Etats-Unis et Ben Ali ne sont que peu de choses si on les compare aux relations américano-égyptiennes”, peut-on lire. Shadi Hamid, de la Brookings (un think tank plutôt modéré) va même plus loin:

Après l’Irak, l’Afghanistan et Israël, l’Egypte est le plus grand récipiendaire de l’aide américaine. Sur le seul plan militaire, elle reçoit 1,3 milliard de dollars. En d’autres termes, si l’armée décide de tirer sur une foule non armée, elle fera feu avec des balles fournies par les Etats-Unis.

[17h45] Le Département d’Etat américain joue la carte Internet. Un an après le fameux discours d’Hillary Clinton sur la “liberté d’Internet”, un des conseillers de cette dernière, Alec Ross, a bien retenu la leçon. Sur Twitter, il agite l’argument qui plaît tant à Washington pour appeler au calme:

Il est crucial que les internautes soient assurés de leur liberté d’expression. La liberté du web (#netfreedom, NDLR) est tout aussi importante que le droit d’entrer dans un parc public. Les citoyens doivent pouvoir critiquer leur gouvernement sans craindre de représeailles.

[17h30] Les moyens de contourner la censure du web

Sur les canaux IRC, plusieurs initiatives ont été lancées pour court-circuiter l’appareil de contrôle d’Internet établi par le régime. On peut y voir un véritable manuel d’agit-prop numérique:
  • Rédiger et distribuer des tutoriels pour définir des alternatives à Twitter à des fins de communication
  • Distribuer des VPN et des proxies – ainsi que les instructions pour les utiliser – en Egypte
  • Sauvegarder et archiver des vidéos YouTube ainsi que celles d’autres sites pour se prémunir contre tout effacement, et monter des sites miroir
  • Etablir des contacts avec des équipes radio pour établir un canal parallèle au web
  • Traduire les tweets arabes en anglais et inversement pour s’assurer que l’information reste exacte

[17h15] La naissance des icônes. Alors que les photos circulent abondamment sur les réseaux sociaux, le cliché ci-dessous se démarque. Partagé des milliers de fois, il a été posté sur Reddit, et montre un jeune manifestant seul face aux forces de sécurité, un cliché forcément évocateur (lire à ce sujet notre billet sur “la naissance d’une iconographie révolutionnaire au Maghreb”)

[17h] Le témoignage audio d’un journaliste du Guardian

Jack Shenker, reporter pour le Guardian, a été arrêté au Caire la nuit dernière. Alors qu’à une heure du matin, il venait de terminer de couvrir les évènements, le journaliste au téléphone avec sa rédaction a été chargé par les policiers, et ce malgré son statut de journaliste anglais. “Fuck you and fuck Britain”, lui a-t-on rétorqué. Avec une douzaine d’autres, il a été embarqué avant de se rendre compte qu’il avait conservé son dictaphone.

Clip audio : Le lecteur Adobe Flash (version 9 ou plus) est nécessaire pour la lecture de ce clip audio. Téléchargez la dernière version ici. Vous devez aussi avoir JavaScript activé dans votre navigateur.

[16h35] 500 arrestations. Selon Al-Arabiya, pas moins de 500 personnes auraient été arrêtées à la suite des manifestations de ce mardi. [15h30] En ligne, le guide des manifestants. Pour les égyptiens qui souhaitent rejoindre les manifestations, une liste de 14 commandements a été publiée sur Internet. Celle-ci conseille notamment de “porter des vêtements et chaussures dans lesquels ils seraient à l’aise”, “garder leur téléphone dans leurs poches” ou “ne pas oublier une bouteille d’eau”. En cas d’arrestation, le site conseille également de garder son calme et d’appeler un ami et de quitter rapidement la zone si les forces armées emploient des gaz lacrymogènes.

[15h15] De nouveaux heurts avec la police

Comme le relève le fil Storify des Observateurs de France24, des manifestants en sont venus aux mains avec les forces de l’ordre devant le syndicat de la presse au Caire. D’après la correspondante d’Al-Jazeera, huit journalistes auraient été arrêtés. [15h] Les autorités interdisent les rassemblements. Alors que d’autres manifestations sont prévues pour la journée de vendredi, le gouvernement égyptien a d’ores et déjà fait savoir que celles-ci seraient illégales. Par le biais de l’agence officielle MENA, le ministre de l’Intérieur a fait connaître la position de l’Etat: Aucun mouvement de provocation, aucun rassemblement, aucune manifestation ne seront autorisés, et des procédures légales seront immédiatement prises à l’encontre des participants, qui seront livrés aux autorités compétentes.

[14h] Questions autour de Facebook.

Alors que les rumeurs de filtrage de Facebook enflent un peu partout, il n’est pas inutile de rappeler que les autorités égyptiennes ont su utiliser l’outil à leur avantage par le passé. En 2009, après une vague de protestation en ligne, plusieurs centaines d’activistes avaient milité sur le réseau social pour une candidature présidentielle de Gamal Moubarak, faisant le jeu du régime. [13h45] Le filtrage du réseau, et les moyens de le contourner. Sur son blog, Christopher Kullenberg, chercheur à l’université de Göteborg, en Suède, évoque la connectivité égyptienne. Si le réseau égyptien fonctionne globalement bien, les restrictions se concentrent sur des plateformes très ciblées tels que Twitter, dostor.org (site d’information) ou encore le site de streaming vidéo bambuser. Twitter a d’ailleurs officiellement confirmé que son service (ainsi que ses applications tierces) sont bloqués sur le territoire égyptien. En revanche, Tor semble fonctionner normalement (à condition de bien configurer Firefox).

[13h15] Les manifestants essaient-ils de convaincre les forces de l’ordre de les rejoindre?

Particulièrement actifs, les canaux IRC recèlent souvent des informations intéressantes. En témoigne ce tract, distribué par les manifestants aux forces de l’ordre pour tenter de les rallier à leur cause: Voici la traduction du premier paragraphe:

Aujourd’hui est un jour historique pour notre pays. Vos compatriotes, hommes, femmes et enfants, se sont levés et ont réclamé leurs droits, ceux auxquels tout être humain a droit. Nous avons été oppressés pendant de longues années, par ces dirigeants corrompus qui ne servent que leurs intérêts personnels. Plutôt que de vous tenir aux côtés de ceux qui vous ont volé vos opportunités, vous devez marcher aux côtés de vos compatriotes.

[13h] “Ce que veulent les Egyptiens”

Sur Twitter, Lara Streakian, correspondante d’ABC au Moyen-Orient, évoque les revendications des manifestants entendues dans la rue: le démantèlement du Parlement, la démission de Moubarak, et “plus poétiquement, du pain, la liberté et la justice sociale”.

[12h] Au nom du fils? Non

Comme le révélait un mémo de l’ambassade du Caire publié par WikiLeaks, l’hypothèse d’une succession familiale au sein du clan Moubarak serait loin de susciter l’enthousiasme: “La possibilité que Gamal succède à son père reste très impopulaire parmi la population – un sentiment souvent relayé par les éditorialistes dans la presse indépendante et d’opposition. Gamal a nié toute visée présidentielle, mais nombreux sont ceux qui pensent que ses actions parlent pour lui”. Dans un autre mémo, on apprend que Moubarak père ne veut pas abandonner le pouvoir, préférant “mourir à son bureau” que de le laisser vacant. [11h30] “En Egypte, la classe moyenne vit essentiellement de l’Etat.” Interrogé dans Libération mardi, le chercheur Gilles Kepel estime que “leur inquiétude [des autres régimes] est visible dans toute la région”, même si la rentre pétrolière dont profitent les élites de L’Egypte ou de la Syrie pourraient freiner les ardeurs démocratiques de la population:

Partout, les jeunes ne parlent que de ça, multipliant les blagues du genre “l’avion qui emmenait Ben Ali fuyant la Tunisie s’arrête à Charm el-Cheikh, en Egypte, pour prendre un nouveau passager.

[11h] Les autorités égyptiennes avaient-elle anticipé la révolte? Selon plusieurs sites financiers, les douanes égyptiennes auraient bloqué l’expédition de 59 colis contenant des lingots d’or quelques jours avant les premières manifestations. A destination d’Amsterdam, les soutes étaient ainsi lestées de plusieurs millions d’euros.

Tenu depuis plus de 30 ans par un Hosni Moubarak dont la côte de popularité s’effrite au fil des ans (autant que sa santé), l’Egypte est-elle en train de s’inspirer de l’exemple tunisien pour contester le pouvoir en place? Sur les 80 millions d’habitants que compte le pays, 40% vit en dessous du seuil de pauvreté. Général sans uniforme, le successeur de Sadate a réussi à étouffer toute velléité d’opposition, se faisant réélire très confortablement pendant trois décennies. Pourtant, depuis quelques mois, certaines voix dissidentes essaient de précipiter l’érosion de celui qui fût pendant longtemps l’un des plus puissants leaders arabes. Ainsi, Mohamed ElBaradei, l’ancien président l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), lauréat du Prix Nobel de la paix, est présenté comme “une menace” pour Moubarak. Après l’annonce des manifestations du 25 janvier, il a annoncé son retour en Egypte, et plaidé pour des élections “libres et transparentes”. Déjà, en janvier 2010, “l’effet ElBaradei” s’était manifesté: il avait copieusement critique une “dictature dépourvue de légitimité politique et entièrement captée par la famille Moubarak”. En Egypte comme en Tunisie, c’est le népotisme et la corruption qui poussent les foules dans la rue.

Résumé de la journée du 25 janvier

Entre 20.000 et 50.000 manifestants ont défilé au Caire et à Alexandrie. Il y aurait entre deux et quatre morts parmi les manifestants, et une victime du côté des forces de l’ordre, touchée par une pierre au Caire. Rassemblés sur Tahrir Square, ils ont ensuite encerclé le Parlement tandis que la police assurait un périmètre de sécurité autour de la zone. De nombreux observateurs signalent par ailleurs que le réseau internet égyptien semble rencontrer plusieurs problèmes. Twitter a été bloqué hier soir en fin d’après-midi, et des manifestants rapportent que la police aurait coupé des antennes GSM pour les empêcher de poster des comptes-rendus ou des photos de la situation via leur téléphone mobile. Selon certaines sources, les deux fils de Moubarak auraient quitté le pays pour se réfugier à Londres. Officiellement, le pouvoir affiche sa détermination à ne pas céder: le ministre de l’Intérieur, Habib al-Adly, à déclaré au journal “officiel” Al-Ahram que les appels à la révolte n’“auront pas d’impact” et il a publiquement fait savoir que les “forces de sécurité étaient en mesure de circonscrire le mouvement”. A lire ailleurs : Sur Reflets.info : liveblogging par Bluetouff de la journée du 25 Janvier. Sur Global Voices : les manifestations du 25 Janvier en vidéo Sur Facebook : La page officielle du mouvement : We are all Khaled Said __ Photos Flickr CC Sarah Carr ; Mohamed Gaber
Extrait
Inspirée par l’exemple tunisien, la population égyptienne manifeste pour exiger le départ du président Hosni Moubarrak. Dans leur liste de griefs, la corruption et le népotisme du régime.


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